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TLEMCEN - Surconsommation d'antibiotiques : la sonnette d'alarme

par Khaled Boumediene



« Il faut pénaliser les pharmaciens qui vendent des antibiotiques sans ordonnance médicale», a annoncé, lors d'une conférence de presse, Dr. Hamidou Mohammed Abdelkrim, président de l'association de formation médicale continue de la wilaya de Tlemcen «Al Razi», à l'occasion de la journée d'études ayant pour thème «La prescription des antibiotiques en médecine générale», organisée ce samedi par son association à la salle des thèses de la faculté de médecine de Tlemcen.         Il a demandé, en outre, aux pouvoirs publics de renforcer le contrôle de ces médicaments vendus au niveau des officines pharmaceutiques et de prendre, s'il le faut, des mesures sévères contre les pharmaciens faisant l'objet de contraventions dans ce domaine. «Le ministère de la Santé, de la Population et de la Réforme hospitalière, le conseil de l'ordre des médecins et le conseil des pharmaciens doivent prendre des mesures drastiques contre tous ceux qui favorisent l'automédication.

C'est-à-dire l'ensemble des médicaments vendus sans ordonnance», a-t-il ajouté, soulignant que les antibiotiques les plus consommés sont Bristopen 500 mg, Amoxicilline 500 mg, Clamoxyl 1 g et Augmentin 1 g. Le président de l'association «Al Razi» a également demandé aux médecins traitants d'éviter de prescrire à leurs patients des antibiotiques sans avoir effectué l'antibiogramme et de cibler ensuite ces produits antibiotiques, afin de réduire les problèmes de résistance, car selon lui, la prescription abusive entraîne des effets de résistance et réduit l'immunité. «Toute fièvre n'est pas d'origine infectieuse.

La plupart des infections sont virales. Il n'y a pas lieu de prescrire un antibiotique en cas de fièvre isolée. L'antibiotique n'a pas d'effet immédiat sur les symptômes fièvre et douleur qui nécessitent un traitement symptomatique.

Un antibiotique peut avoir des effets indésirables individuels de toxicité d'organe ou d'allergie. Les allergies vraies aux antibiotiques sont rares et peu documentées. Un antibiotique a toujours un impact sur l'écologie des flores commensales, flore microbienne du tube digestif, des voies respiratoires, de la muqueuse vaginale et de la peau. Le patient doit être informé de l'évolution naturelle de sa maladie, qu'il y ait ou non prescription d'un antibiotique», a rappelé le président de l'association «Al Razi». S'agissant de la prescription médicale des antibiotiques en médecine générale, Dr. Hamidou a indiqué: «La prescription doit reposer sur un diagnostic précis, avec un recours aux tests rapides d'orientation diagnostique si possible, sinon sur un traitement probabiliste en se référant à l'étiologie bactérienne la plus probable, les caractéristiques du patient, l'âge de l'enfant et personnes âgées, poids, fonction hépatique et rénale, clairance de la créatinine chez la personne âgée, fragilité, diabète, déficit immunitaire, grossesse et allaitement, le choix d'un antibiotique ayant le spectre le plus étroit possible, et une durée de traitement la plus courte possible afin d'éviter la sélection de souches résistantes». Et de marteler: «L'antibiotique, c'est pas automatique!». Il a cependant invité les médecins et pharmaciens à prendre en considération les problèmes de santé publique. Ainsi, l'association «Al Razi» veut limiter la consommation d'antibiotiques en Algérie, troisième consommateur de médicaments dans le monde, et sensibiliser les pharmaciens dont le rôle apparaît clairement primordial dans la pratique de l'automédication.

Selon Dr. Kalfat Refki, médecin-conseil au niveau de la CNAS de Tlemcen, et membre de l'association «Al Razi», les maux de tête, les douleurs et la fièvre représentent les problèmes de santé les plus fréquents pour le recours à l'automédication. Suivent les maux de gorge, les rhinites allergiques, le rhume et la toux, les maux d'estomac, la constipation ou la digestion difficile, et les problèmes de peau, les boutons de fièvre ou les plaies superficielles. «L'utilisation à bon escient de la carte Chifa, qui permet d'identifier l'assuré ainsi que ses ayants droit pour faire valoir leurs droits aux soins, médicaments et aux différentes prestations de la sécurité sociale, demeure un bon moyen pour la réduction des pratiques d'automédication», a expliqué dans ce cadre Dr. Kalfat Refki.

Durant cette journée sereine, qui a vu la participation d'un grand nombre de médecins membres de cette association et des laboratoires ASTELLAS, SANOFI, SAIDAL et GSK, de riches communications ont été présentées aux participants, l'on peut citer, l'histoire de l'antibiotique (Pr. Benabadji Bakir, service de microbiologie CHU Tlemcen), le bon usage des antibiotiques (Pr. Bentchouk, service des maladies infectieuses CHU Tlemcen), la prescription rationnelle des antibiotiques en pédiatrie (Pr. Smahi Chams Eddine, service de néonatologie EHS Tlemcen), les infections bactériennes en dermatologie (Pr. Boukerche Tarik dermatologue Oran), dépenses en matière d'antibiotiques (CNAS), la résistance bactérienne (Pr. Benabadji Bakir, service de microbiologie CHU Tlemcen), l'antibiothérapie en médecine générale (Dr. Hadjidj Redouane, président de la société algérienne de médecine générale Mostaganem), antibiothérapie probabiliste dans les infections respiratoires basses communautaires (Pr. Hadjadj Aoul Mourad, pneumo-phtisiologue, et Pr. Ziane Banattou, chef de service de pneumologie CHU Tlemcen).