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Les mots et les médias

par Yazid Haddar

Il y a certains mots à force de les utiliser à tout-va perdent leur sens. Ainsi les mots sont dénudés de leur sens initial et perdent leur tonalité et leur représentation s'atrophie et se réduit dans l'imaginaire de la pensée humaine. Dans certains titres de presse nationale,les journalistes utilisent le mot «terrorisme», à la fois, pour designer le fanatisme religieux, les groupes extrémistes, les rebelles, et aussi, les accidents de la route, etc. Il est de même pour le mot «guerrier», utilisé pour qualifier les joueurs de l'équipe nationale de football, comme des combattants dans une guerre. Sans oublier le mot «martyre» qui est attribué, à la guise des religieux (Imam, journaliste, croyant, etc.).

Le terme de «terrorisme» désigne la politique de la terreur, avec l'emploi systématique de la violence pour atteindre un but politique, et celui des actes de violence qu'une organisation exécute pour impressionner une population et créer un climat d'insécurité. A écouter et à lire certains médias algériens, ce mot peut être associé à d'autres formes de mort ou de décès, c'est le cas des accidents de la route où le nombre de morts est alarment, cependant, ces morts ne peuvent en aucun cas être associés à un acte terroriste, car il s'agit du comportement humain insouciant et inconscient des dangers incombés aux autres et à soi-même. Le mot « terrorisme » n'aurait pas le même effet quand la confusion est toujours d'actualité. J'attire l'attention des lecteurs, aux images diffusées à profusion dans les médias audiovisuels, concernant les derniers évènements qui ont secoué le Moyen Orient, où nous voyons des partis du corps déchiqueté. Il est de la responsabilité de chacun de respecter l'éthique de diffusion des images, car ces images, qui ne sont pas triées, peuvent heurter les personnes sensibles, y compris les mineurs. La responsabilité n'est pas uniquement politique et médiatique, elle est également au niveau familial, car voir des images d'une telle atrocité en famille, c'est une contribution à la « banalisation du mal » ! Dans le même ordre d'idées, nous avons assisté à l'utilisation abusive, sans susciter des interrogations chez certains journalistes, du mot « des guerriers du désert » pour les joueurs de l'équipe national de football. Ce mot peut être dévié de son sens initial et forcement sera associé à la guerre « des croisades », surtout dans le contexte actuel, chez certaines personnes dépourvues d'un libre arbitre, cela pourrait renforcer les idées d'intolérance, en conséquence la violence, en cas d'échec.

Quelle serait l'image que nous offrons à nos enfants ? Les images violentes sont-elles nécessaires pour nourrir ou développer une conscience de soi ? Ces images et ces vocabulaires guerriers pourront-ils développer des valeurs immorales ? Etc. Ce sont l'ensemble de ces questionnements qui peuvent enrichir les débats sur l'importance de l'éthique et de ses enseignements pour chaque profession.