Envoyer à un ami | Version à imprimer | Version en PDF

Une charte du service public en préparation

par Abdelkrim Zerzouri

Après avoir initié quelques actions frappées du sceau de l'urgence pour améliorer le service public, le ministre délégué auprès du Premier ministre en charge de ce lourd dossier, qui ne sort pas d'un autre dossier plus important encore, la réforme globale de l'Etat en l'occurrence, en vient à l'essentiel de la question, mettre sous la loupe la gestion des ressources humaines dans les administrations publiques. « Il est évident qu'au regard des objectifs et de la finalité de la réforme du service public, la réussite de toute politique ou action de cette réforme reste tributaire de l'implication pleine et entière de l'administration publique, en l'occurrence la Fonction publique, et à travers elle sa ressource humaine qui demeure l'élément déterminant dans la mise en œuvre de la réforme et dans la concrétisation de ses objectifs », a indiqué dans ce sens, hier à Alger, le ministre chargé de la Réforme du service public, Mohamed El-Ghazi, à l'ouverture d'une rencontre avec les chefs d'inspection de la Fonction publique. Relevant dans ce contexte que la Fonction publique « qui occupe une place particulière dans la vie du pays, constitue l'élément privilégié par lequel l'Etat est appelé à exprimer son rôle de service public et de puissance publique ». L'élément humain dans cette population active qui avoisine un effectif de près de deux millions d'agents dans la Fonction publique constitue l'enjeu de toute la stratégie à mettre en place pour évoluer vers un monde meilleur dans les services publics. « Une attention particulière doit être accordée à la gestion de la ressource humaine de la Fonction publique et à son évolution tant au plan qualitatif que quantitatif », soutiendra M. Mohamed El Ghazi tout en précisant que la gestion des ressources humaines dans les administrations « doit évoluer en accompagnement de ce mouvement visant l'amélioration du service public». Comment et par quel miracle changer le cours médiocre d'une administration publique dont les services sont décriés par les usagers ? Rien de concret n'a été avancé lors de cette rencontre. Cependant, pour le ministre en charge du secteur le constat établi est clair, la gestion des ressources humaines « ne peut rester à l'écart du processus de réforme engagé et de la recherche de la performance ». Cela devrait impliquer immanquablement « le besoin de valoriser les qualifications et les compétences au sein de l'administration publique ainsi qu'un meilleur ajustement des compétences et des qualifications aux emplois nécessaires au fonctionnement des services publics et de l'administration », en conviendra M. Mohamed El Ghazi. Autant dire que le ministre s'attaque là à un marasme qui dure depuis un demi siècle et qui a façonné des mentalités à la peau dure. L'administration publique a longtemps vécu sous le slogan « doucement le matin, pas trop vite le soir », et il faut à ce niveau secouer le cocotier pour arriver au résultat escompté. Un travail de longue haleine est attendu à ce niveau, et pas seulement sur le plan de la législation. Car, l'évaluation et l'audit de la gestion des effectifs de l'administration publique, qui « doit se traduire par une amélioration qualitative des moyens et des procédures d'intervention de ces services », comme l'a relevé le ministre, nécessite toute une refondation des mentalités. Ces actions devront trouver leur traduction dans le cadre du parachèvement du dispositif réglementaire relatif à la mise en œuvre des dispositions du statut général de la Fonction publique par l'élaboration des textes d'application de ce statut et qui sont actuellement en cours de finalisation, a souligné le ministre dans ce sillage laissant entendre qu'il faudrait agir à ce niveau pour recadrer les missions du service public. Revenant sur la rencontre avec les chefs d'inspection de la Fonction publique, le ministre a insisté sur la nécessité de « redoubler d'efforts pour relever le défi de la réforme du service public et de l'administration dont la réussite assure le renforcement de la confiance du citoyen en l'Etat, la restauration de son autorité et de sa crédibilité, garants du développement de notre pays et de sa croissance ». Par ailleurs, M. Mohamed El-Ghazi a révélé que le décret exécutif portant mise en place de L'Observatoire national du service public sera promulgué au plus tard en avril prochain permettant ainsi à cet organe d'être opérationnel. La mise en place de cet observatoire qui regroupera l'ensemble des partenaires du service public, notamment les administrations, les usagers du service public, la société civile, les experts et les personnalités ayant une compétence avérée dans le domaine, intervient en application des dispositions de l'instruction du Premier ministre intervenue le 20 octobre 2013 relative à la mise en œuvre de la réforme du service public. Dans le même cadre, une charte du service public sera élaborée avec objectif de préciser les droits et les obligations des agents du service public, ainsi que ceux des usagers. S'agissant des 43.000 postes vacants qui ont été recensés par la Fonction publique, M. El-Ghazi a indiqué que des instructions ont été données par le Premier ministre pour « combler ce déficit en donnant la priorité aux jeunes recrutés dans le cadre du pré-emploi à travers des concours internes ». Une occasion en or, si on sait la saisir, pour sélectionner des jeunes selon le seul critère de la compétence. L'amélioration du service public commence avec « la transparence et l'accessibilité pour les meilleurs» dans les postes en question.