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Voter ou fauter? !

par Benaoumeur Khelfaoui *

«En vérité, Nous avons proposé le dépôt de la foi aux Cieux, à la Terre et aux montagnes, mais tous refusèrent d'en assumer la responsabilité et en furent effrayés, alors que l'homme, par comble d'ignorance et d'iniquité, s'en est chargé.»1

Que cherche le peuple, vénérés sages !? Voilà bien une citation à multiples visages - valant mille et un adages - qui peut en dire long de par ses labyrinthiques virages, quel qu'il soit, ce point cardinal, via duquel on aborderait son rivage. Tant il est vrai, que nous demeurerons d'inusables aventuriers des présages, à la quête donquichottienne d'impénétrables paysages?

Cheaâyeb Lekhdim, qu'on a cru assigner entre les mots et les rimes, et qu'on n'eut guère soigné de ses maux ou délivré de son abîme, et bien qu'il ne fasse partie d'un quelconque parti, en épiant la partie, dissout parmi une plèbe départie dans une foultitude mal partie, se tire les cheveux, sous lesquels s'électrocutent et s'entrechoquent, en vieux chevaux, ses misérables neurones ricochant entre les murs en ruine de Dar Sbitar, cette douloureuse loge faisant office de boite crânienne?Il veut déchiffrer, lui l'inlassable militant - fort de sa précieuse carte d'électeur ! - l'énigme d'un " sale " jeu qui tente d'avoir comme salle des jeux, son cher polygone étoilé qui devrait avoir comme " sel " du jeu, un minimum de respect pour les millions de martyrs dont le sang a continuellement irrigué Nedjma pour qu'elle double de luminosité?

Ainsi, et à chaque appel des sirènes, envoûté par le chant patriotique - quoique le disque soit presque rayé, pour une jeunesse débrayée vis-à-vis d'une indépendance chèrement payée - le prince charbon de Lalla Aïni, en exhibant son inestimable carte de " faute " - qui a sans cesse grossi, insoucieusement, le ventre d'une urne, habituée au vieux métier, en lui donnant des enfants illégitimes - devant ses mioches Omar et Aicha, domptés au perpétuel plat de T'chicha, il s'évertue à tue-tête, tel un heureux Pacha, à diviniser son imperturbable quête caractérisée par la trinité " isoloir-urne-liste ", un triple geste ! qui ne lui a même pas " offert " l'opportunité d'une exaltante réponse à ses multiples requêtes?

Lui, le Fils du Pauvre, se rappelle, comme si cela datait d'hier ! qu'" On " l'a toujours assuré, tambour " Min Ajlika ya Watani " bâtant, soulageant les têtes ! qu'il s'agit d'une grande fête, et qu'il a une dette à laquelle il faut qu'on le soumette, non sans maudire le " NIET " ! Cependant, il ne croyait jamais vivre le jour, où ses officielles institutions de toujours, allaient subir de nauséabonds affronts au grand jour, par ceux-là même, qui s'auto-intronisent sur son histoire tour-à-tour, et à qui incombait la délicate mission de prévention entre pétrin et four?

Il est vrai, et " tout à fait clair " (je ne vous fait pas chanter cet air, pour plaire !), qu'il demeure un cancre en matière d'exégèse politique, il se limite aux ablutions et encore sans pouvoir distinguer entre le devoir et la sunna, à savoir entrer au bureau de vote par le pieds droit ou gauche et y déposer l'enveloppe énigmatique dans l'urne en se servant de la main droite ou gauche? !? Néanmoins, il croit, dur comme fer, que partageant le même voilier, " on " a le devoir d'ajuster les voiles avec le vent favorable et il est plus que dangereux voire fatal de jouer à vouloir faire des trous d'aération dans la coque de l'Arche qui nous a toujours délivrés des déluges à répétition?

En empruntant, à partir de sa colline oubliée, les chemins qui montent jusqu'au somptueuse piste de décollage pour les moelleux fauteuils des " mains levées ", Cheâayeb Lekhdim a continuellement confirmé - tacitement - (phonétiquement parlant !) cette action de " fautes " vis-à-vis de son devenir législatif voire en hypothéquant la lueur salvatrice de la seconde république?Ne dit-il pas, naïvement, dans sa langue maternelle " Rani Rayeh N'fauté ! ". Ainsi, entre le verbe dialectal " N'voter " et son parallèle paradoxal " N'fauter ", se crée une troisième dimension diabolique (la main étrangère en est l'unique responsable !?). Face à cet ogre fantomatique, ni les instructions de l'appareil exécutif encore moins la carotte des partis " lièvreux " ou le bâton des commissions chargées de l'opération de la gestation tumultueuse de l'urne, n'ont le " pouvoir-vouloir " de déceler les anomalies des fausses couches voire des naissances prématurées? !

Tirailler par les uns et les autres, sous l'emprise de cette homonymie " n'voter / n'fauter " de main de fer enveloppée dans des gans de velours, il ne sait à quel Sidi-Flen se vouer !? Il a tellement été assommé par le lavage des linges sales, les déballages en pleine rue et dans les salles, qu'il est tenté de tendre l'oreille, de sa première tête, à des ex-tiers-présidentiel portants la nouvelle veste du boycott, ou celle de sa deuxième tête, à des charmeurs de l'à-plat-ventrisme au grand sourire qui lui promettent le statuquo bienfaiteur de l'inestimable " stabilité " (Bien-sûr qu'il a deux tête, ne dit-il pas : une tête me dit de faire ceci, et une autre tête me dit de faire cela?)? !

Compte tout fait, il faut bien qu'il aille voter même au risque de fauter ! Bien que ceux qui furent dans un récent passé les tenants du pouvoir (ex Chef du gouvernement, ex tiers présidentiel?) aient explicitement dénoncé la fraude ! Ils doivent en savoir quelque chose, non !? Ou est-ce là un simple ultime râle d'un " joueur " catapulté par la carte rouge du désaveu de la cour? (c'est vous qui le dites !). Ah oui, bien sûr que je me rappelle qu'il est tout aussi dit " Le jour des élections, partout dans le monde, il y en a qui font de la planche au lieu d'aller voter. On appelle ça le surfage universel. "2

Quelle autre alternative est à même de délivrer ce bagnard des geôles, qui traine en relais, le boulet du colonialisme, du terrorisme, du syndrome Khalifa Baba et les quarante " dignitaires " (on a longtemps cru - vu qu'on n'a pas été assez intelligent, car allaité par " Lahda " produit de la vache folle, et alité du fait de la consommation de sa viande congelée sous forme de " Kefta ", et encore si ce n'est pas l'ânovine ! - qu'il ne s'agissait que d'un simple conte digne des mille et une rumeurs blanches?). Ses représentants ne doivent-ils pas être enfantés par Lalla " urne " quel qu'en fut Sidi le père (individuel ou collectif !). Qui peut lui assurer que sa voix ne serait pas confisquée et accaparée sous une autre couleur que la sienne ! Et comme dit l'adage de notre terroir " Que peut faire un cadavre entre les mains d'un croque-mort "3 !? Il a au moins cette citation consolante " Pour les prochaines élections, il faudra faire le choix entre l'urne ou l'autre "4

Chemin faisant, les bulletins de " vote/faute " de Cheâayeb Lekhdim sont-ils à blâmer voire à culpabiliser !? Sont-ils les géniteurs des " faux " représentants !? Ces héros (liaison obligatoire !) zélés de " la main levée ! ", et thuriféraires stipendiés, qui peinent à supporter une si lourde charge rémunérée à plus de 20 fois le salaire des smicards malheureux héritiers légitimes du 24 février 1971...

En respectant le pacte tenu avec nos Chouhadas " BEN MHIDI, BENBOULAID, ZABANA, AMIROUCHE, SI ELHAOUES et les millions d'autres anonymes? ", et à la lumière de cette sagesse " La différence entre le politicien et l'homme d'état est la suivante : le premier pense à la prochaine élection, le second à la prochaine génération "5, ne faut-il pas qu'on dise, pacifiquement, Barakat médiocrité, Barakat risque main étrangère, Barakat sale jeu qui peut engloutir notre navire, Barakat censure des voix, Barakat manipulation des voix, Barakat déviation des voies?Il est Grand Temps de nous rappeler notre légendaire histoire d'antan !

Mais enfin, pour l'amour de Dieu et pour l'unique profit de cette mère Algérie que nous vénérons tous (tes) - nous n'avons pas d'autre pays de rechange - ! Qu'on installe même un Dey (à glorifier) mais qu'on laisse un régime parlementaire (à l'anglaise ou à l'espagnole !) bâtir le plus grand pays d'Afrique?Où le ciel nous réconfortera par ses bienfaisantes Barakates !

Slimane AMIRAT, tombé en Chahid devant le cercueil du Président BOUDIAF (Rabbi Yarhmou !) avait, à juste titre, dit " Si je devais choisir entre la démocratie et l'Algérie, je choisirai l'Algérie ! "6.

Ainsi, soit-il, dites Amen !

* Universitaire

Notes :

1- Coran, S 33, V 72

2- Philipe Geluck

3- Adage algérien

4- Citation de Damien Caillaud

5- James Freeman Clarke (1810-1888)

6- Moudjahid Slimane Amirat (1929-1992), ancien président du M.D.R.A décédé, alors qu'il se recueillait devant le cercueil du président défunt, Mohamed Boudiaf, pour un dernier hommage.