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200 tonnes de kif saisies en 2013

par Moncef Wafi

La lutte contre la contrebande, sous toutes ses variantes, s'est intensifiée, cette dernière année, sous l'impulsion d'une volonté politique de l'éradiquer complètement, sinon réduire ses effets directs sur l'Economie nationale. Le dossier du trafic du carburant a été le catalyseur d'une décision prise par le gouvernement de durcir l'arsenal juridique, dans sa «guerre» contre les contrebandiers, allant jusqu'à assimiler la contrebande à des actes terroristes. Ainsi, et comme pour matérialiser cette nouvelle offensive sécuritaire, contre ce phénomène, les chiffres avancés par la direction générale des Douanes (DGD), concernant la contrebande, en général.

A titre illustratif, 5.836 infractions ont été enregistrées par les Douanes, dans leur lutte contre la contrebande. En 2012, seulement 2.840 infractions ont été comptabilisées par les mêmes services. Cette hausse significative est expliquée comme étant le résultat d'une intensification efficiente des actions de lutte contre la contrebande. Le directeur central du Renseignement auprès de la DGD, Medjebar Bouanem a expliqué, à l'APS, que ces résultats sont le fruit du renforcement des interventions, effectuées sur le terrain, par les services opérationnels des Douanes et d'une collaboration avec les autres services, chargés de la lutte contre les crimes transfrontaliers.

Autres chiffres donnés, la valeur globale des marchandises saisies qui s'élève à 4,2 milliards de DA en 2013 contre 2,5 milliards de DA, en 2012, alors que les amendes encourues par les 4.309 personnes impliquées dans ce trafic sont de l'ordre de 37,9 milliards de DA, loin des 20,7 milliards de DA, en 2012. Les saisies de drogue, par les différents corps de sécurité, ont avoisiné les 200 tonnes, en 2013, dont 63,4 tonnes ont été réalisées par les services des Douanes, a indiqué Medjebar Bouanem. La totalité des stupéfiants saisis représentait du kif traité, en provenance du Maroc, premier producteur de cannabis au monde, selon le dernier rapport de l'Office des Nations unies contre la drogue et le crime. L'examen des chiffres des saisies, opérées, ces dernières années, fait ressortir une hausse considérable des quantités de stupéfiants qui tombent dans les filets des Douanes. En 2006, les saisies qui n'ont pas dépassé les 3 tonnes ont augmenté à 4 tonnes en 2009 et à 5 tonnes, en 2011. Le boom des saisies (30,2 tonnes) a été, cependant, enregistré à partir de 2012, avec la guerre du Mali. La déstructuration des groupes terroristes, au Sahel, qui servaient, avant la guerre au Mali, de convoyeurs de cargaisons de drogue, a astreint les narcotrafiquants, qui empruntaient, auparavant, les routes du désert sahélo-saharien, à modifier leur trajet, en passant par le nord du Sahara, explique M. Bouanem. Et d'ajouter que «les routes de la drogue ont changé depuis l'aggravation de la situation sécuritaire au Sahel. Les groupes terroristes ne sont plus en mesure d'assurer la sécurité de l'acheminement des cargaisons».

Parmi les autres produits les plus touchés par la contrebande, en Algérie, et outre le trafic du carburant, on retrouve les cigarettes avec 100.000 cartouches saisies en 2013, plus de 130.000 unités d'alcool, 86,7 tonnes de cuivre, 1.199 têtes de cheptel, 7,8 millions d'unités pyrotechniques, 23,6 kg de corail et 2,6 tonnes de nitrate de potassium. Une simple lecture de la nature des produits saisis suffit à souligner, tout le tort fait à l'Economie nationale et la tendance des contrebandiers à «exporter» du cuivre, du carburant ou encore du bétail contre l'«importation» de pétards, d'alcool ou encore du nitrate de potassium qui sert dans la fabrication de bombes. Concernant les véhicules, le bilan de la DGD fait état d'une saisie totale de 1.112 véhicules, dont 100 camions, impliqués dans des actes de contrebande, au cours de 352 affaires traitées. En 2013, toujours, les Douanes ont diffusé 12 alertes et avis de fraude contre des contrebandiers et 13 autres contre des trafiquants de drogue.

Dans sa lutte contre la contrebande, l'Etat a durci la loi pour se prémunir contre les nombreux tentacules de ce fléau et le Conseil des ministres, tenu fin septembre dernier, l'a rappelé, en examinant et approuvant un projet de loi, modifiant et complétant l'ordonnance 05-06 du 23 août 2005, relative à la lutte contre ce phénomène. Un nouveau texte de loi qui vient renforcer l'arsenal juridique, déjà existant, mis en place par le gouvernement, de le renforcer et le rendre, davantage, efficient, dans la protection de l'Economie nationale, en visant, notamment, la lutte contre le trafic de carburant devenu une véritable économie souterraine, ces dernières années, dans les régions frontalières.

Et pour affirmer la volonté de l'Etat à ouvrir un véritable front contre la contrebande et souligner sa dangerosité, ce projet de loi prévoit de mettre sur un même pied d'égalité pénale, les infractions relatives à la contrebande avec celles du port d'armes à feu ou de la contrebande d'armes ; c'est dire l'engagement du gouvernement à en finir avec ces barons de la contrebande qui ont bâti des fortunes colossales au détriment de l'Economie nationale et de la Santé publique. Ainsi, la contrebande est assimilée à une forme grave du crime organisé transnational qui est en relation avec le terrorisme et le trafic d'armes et de stupéfiants. Rappelons que le gouvernement Sellal avait annoncé, en mai dernier, un durcissement des sanctions prévues dans le code pénal, en réaction aux chiffres quasi quotidiens des saisies opérées par les différents services de sécurité, au niveau des frontières terrestres est et ouest. La lutte contre la contrebande est devenue, au fil de ces derniers mois, une priorité dans le programme du gouvernement, conduisant, ainsi, les pouvoirs publics à durcir les sanctions.