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BENI-SAF: Des marins-pêcheurs exigent leur livret de marin

par Mohamed Bensafi



Il serait inconcevable d'évoquer Béni-Saf sans penser à la mer ou encore au poisson et, bien sûr, à la pêche. Cette activité génère des emplois incalculables, à tous les niveaux de la chaîne. Du petit mousse de 15 ans, qui fait ses premiers pas dans les travées de la mer, au vieux briscard de 60 ans, qui continue, avec la même volonté, à défier, tous les jours, la mer pour les rudiments de son gagne-pain, on trouve des métiers complémentaires à celles de la pêche. En dehors des marins titulaires d'un fascicule, qui sont recensés et inscrits, au moment de l'embarquement, toutes les autres activités, directes ou indirectes, ne sont ni recensées ni officiellement inscrites. Il est connu de tous, que le monde marin est un milieu impénétrable et l'exclusion est un coup dur. Et les textes sont clairs : tout marin appelé à embarquer sur un navire doit posséder un document qui lui permet de décliner son identité et son rôle à bord. Ce titre de voyage est, depuis 1983, appelé fascicule de navigation maritime et même livret de marin. Depuis 2006, il a pris une autre forme et une autre appellation : livret professionnel de pêche.

Jeudi dernier, bizarrement, plusieurs marins-pêcheurs, surtout des jeunes, de Béni-Saf ont laissé, pour la première fois, éclater leur colère pour dénoncer ce qu'ils qualifient «d'anormal». Tous revendiquent un livret professionnel de pêche. A chaque embarquement ou débarquement, le mouvement est enregistré sur le livret du marin-pêcheur. Bon nombre de ces protestataires parlent de leur livret «toutes les pages sont noires (comprendre consommées) et qu'il s'agit-là d'un renouvellement», pour d'autres, «d'une nouvelle inscription». Comme ce marin qui affirme avoir exercé près de 20 années comme ramendeur, sans qu'il n'ait jamais bénéficié d'un livret de marin pour prétendre à prendre la mer et peut-être gagner mieux. Un autre, de parler de livret vierge, comme pièce exigée dans le dossier «ce n'est pas à moi de fournir ça» ; son compagnon, de dossier déposé pour suivre une formation. Là, les textes interviennent encore.

Le dossier pour l'acquisition du livret professionnel de pêche passe, inévitablement, pour un cycle de formation. Et quand on sait que les responsables de ce secteur font, de la formation, leur cheval de bataille, les portes sont, grandement, ouvertes.

Et pour en savoir plus sur ce problème de fascicule, «Le Quotidien d'Oran» a tenté de contacter les services concernés. Le week-end faisant, le téléphone a sonné vainement. Enfin, on rappellera que l'Ecole de formation des techniques de la pêche et d'aquaculture (EFTPA) de Béni-Saf, a, dans le cadre de la formation relative aux «classes spéciales» touché, depuis 2001, pas moins de 2.720 stagiaires, tous types de formation confondus. Et beaucoup de diplômés de la pêche passent par les dispositifs, mis en place par l'Etat, comme l' ANSEJ, la CNAC..., pour créer leur propre entreprise.

Enfin, le métier de marin-pêcheur n'est plus, comme jadis, un métier transmis de père en fils. Aujourd'hui, c'est un métier qui, non seulement, est un métier comme tous les autres, mais aussi qui passionne beaucoup de gens, les jeunes surtout.