L'épineux dossier du pain sera tranché le 19 juin prochain, à l'occasion de la remise de propositions que soumettra au ministère du Commerce la commission nationale chargée d'évaluer le prix de la baguette.

En effet, la commission nationale chargée d'évaluer le prix du pain soumettra ses propositions au ministère du Commerce le 19 juin prochain pour trancher sur ce dossier, a indiqué ce jeudi l'APS, citant le président de la Fédération nationale des boulangers Youcef Kalfat. Ce dernier a déclaré que depuis l'installation de la commission au mois de mars dernier, «cinq réunions ont été tenues au niveau du ministère du Commerce, au cours desquelles chaque partie a présenté des propositions de nature à contribuer à trouver une solution aux problèmes que rencontrent les boulangers sans avoir recours à l'augmentation du prix du pain». Cette commission, composée de représentants des ministères du Commerce, des Finances, de l'Agriculture, de la Fédération nationale des boulangers, de l'Office interprofessionnel des céréales et du groupe industriel ERIAD, avait entamé au début du mois de mars des visites à travers les boulangeries de plusieurs régions du pays pour évaluer le coût réel de la baguette de pain, «évaluation qui contribuera à répondre aux revendications des boulangers qui portent essentiellement sur une garantie d'une marge bénéficiaire qui ne soit pas inférieure à 20% au lieu d'une marge qui ne dépasse pas 3% actuellement», a expliqué le président de la Fédération nationale des boulangers M. Kalfat. Entre autres propositions, la commission a suggéré de n'utiliser pour la confection du pain, que de la farine à base de blé tendre dont le prix de vente s'élève à 1.500 DA le quintal, ou alors le soutien du prix du pain vendu au consommateur à travers la réévaluation du soutien des matières premières utilisées dans la confection du pain, notamment les charges d'électricité, le prix de la levure, de la farine, de la main-d'œuvre, etc.

L'augmentation du prix de la baguette soutenu par l'Etat et fixé à 7,50 DA pour le pain normal et 8,50 DA pour le pain amélioré, qui n'a pas changé depuis 1996, «n'a pas figuré dans les propositions», a encore affirmé M. Kalfat Youcef. Par ailleurs, le président de cette fédération, affiliée à l'Union générale des commerçants et artisans algériens (UGCAA), a annoncé la tenue du congrès national de la Fédération pour l'élection d'un nouveau président et le renouvellement des membres des bureaux de wilaya le 15 juin prochain. Début avril dernier, le ministère du Commerce avait annoncé que l'augmentation du prix du pain «n'était pas à l'ordre du jour pour le moment». Le prix de la baguette de pain «restera stable» avait également affirmé le directeur général de la Régulation et de l'organisation des activités au ministère du Commerce, précisant qu'un «plan pour accroître le revenu des boulangers est à l'étude». Ce même responsable avait également indiqué que décision a été prise de «dépêcher quatre équipes au niveau de quatre wilayas (Béchar, Oran, Alger et Constantine) avec des experts pour essayer d'avoir une méthode unique pour déterminer le coût de la baguette de pain, dès que nous aurons les résultats (?), le groupe interministériel va examiner la question et voir dans quelles mesures essayer d'augmenter la marge bénéficiaire ou le revenu des boulangers», avait-il expliqué, ajoutant que l'ensemble des produits de large consommation «ne devra pas connaître de hausse de prix», a-t-il assuré. Le bras de fer opposant la corporation des boulangers au ministère du Commerce prendra-il fin pour autant le 19 juin prochain? Rien n'est moins sûr, s'accordent à souligner des spécialistes de la question, tant le «fossé restant grand entre les parties en conflit». Devant cette sorte de «fait accompli», le département de Mustapha Benbada se trouve au pied du mur, se voyant contraint à solutionner le dossier avant le mois de ramadhan, prévu vers le 9 juillet. Depuis plusieurs années, certains boulangers ont imposé leur prix, au grand désarroi de la ménagère. Plus de 60 millions de baguettes de pain sont consommés chaque jour par les Algériens, sans parler du gaspillage de cette denrée alimentaire essentielle et ses retombées sur la facture alimentaire.