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Erudition en perdition !

par Slemnia Bendaoud *

Est-il acceptable que l'éminent Taleb devienne un simple meddah * et que le précieux sloughi soit tout juste un pauvre aboyeur ? L'érudition est-elle à ce point-là en perdition ? Pourquoi passer du stade de la grande sagesse à celui de cette mesquine bassesse ? Y a-t-il une quelconque maladresse ?

EXPLICATION

Vieilli et complètement émoussé, le Taleb rentre dans la peau d'un troubadour ! Très fatigué et fortement lessivé, le Sloughi devient inévitablement donc ce chien qui miraculeusement ou par la force des choses aboie !

Il n'y a tout de même rien de curieux à ceci et tout cela.

COMMENT CELA??

Pour expliquer le phénomène, prenons suffisamment de temps et le soin de nous poser d'abord le «pourquoi» de la chose avant même d'aller vers la nature du «comment» de sa réponse. Pourquoi donc vire-t-on si rapidement de ces métiers nobles et attributs honorables vers ces autres professions ou corvées futiles et bien misérables ? Au cœur de cette réponse à donner, il y a bien évidemment cet acte involontaire à pardonner et surtout cette autre fable -que beaucoup de monde ignore ou oublie et que les intéressés eux-mêmes (les hommes de la religion particulièrement) sciemment nient- qui donne du sens à notre vie, marquant à jamais un départ définitif : à la retraite pour les premiers et au repos forcé pour les seconds.

A l'origine des choses, il est question de cet âge avancé et de cette force physique et de persuasion des autres constamment émoussée et bien menacée : de disparition ou tout naturellement de totale extinction !

Tout être humain ne vit que son temps. Autant bien le faire pour s'arrêter à l'instant où la sagesse nous fuit et où la paresse qui nous caresse l'esprit ou les fesses et nous rend si abrutis ! L'homme comme l'animal. Le premier parmi ses pairs comme le dernier de sa classe ou de l'humanité. Et chacun des deux, tout indiqués, ou nommément désignés en prend connaissance à sa manière. Parfois dans le sens opposé l'un à l'autre. Bien souvent, c'est malheureusement l'animal qui réussit mieux sa reconversion? !

UNE CHOSE BIEN BIZARRE QUI REND SON MONDE SI HILARE? !

A tout Seigneur tout honneur. Commençons donc par ce théologien de grande valeur, en l'occurrence, le Taleb.

Apprendre le meilleur texte de tous les écrits, le Coran en l'occurrence et par excellence, déjà à un très jeune âge, est ce qu'il y a de plus merveilleux qui puisse arriver à l'être humain dans carrière professionnelle ou littéraire, à plus forte raison lorsque cela devient son unique passion ou seul métier dans la vie. Cette toute noble ambition constitue, à la fois, une vraie passion, une véritable fonction et une autre raison d'exister, et surtout de bien croire en l'au-delà et en l'autre monde qui nous attend à la sortie de celui bien bas !

A vrai dire, il est un sacré privilège que de figurer parmi le gotha de ces noms nantis du savoir et érudits théologiens en leur qualité de remarquables références en la matière, lesquels en plus sont dotés de cette sagesse qui impose à son monde alentour grande considération et véritable noblesse.

Plus connu sous le qualificatif de Taleb, l'homme de la religion-l'homme pieux par vocation et par référence à son excellence- hérite tout naturellement de ce savoir divin qui lui confère ce rôle moteur très important de réelle locomotive pour tout son peuple ou une grande nation.

De fait donc, il est cette destination si sûre, haranguant les foules et accrochant les fidèles à ses bonnes paroles, à l'image d'une Mecque qui les hypnotise.

Il les stigmatise au sujet de leurs péchés et autres méfaits, dans cette initiative de les repêcher et -à jamais- les réhabiliter.

Ses belles paroles montrent ou démontrent à son monde son unique voie et lui permettent de faire le bon choix qui le mènera plus tard au bon endroit, la conscience tranquille et la conviction bien arrêtée au sujet du monde qui l'entoure et des comportements de ceux qui le composent.

A lui seul, tout ce beau monde lui soumet ses problèmes, lui fait part de ses confidences, et le convie ou s'en remet à son impartial arbitrage. Et c'est tout naturellement vers lui seul qu'il se retourne, en quête d'une quelconque sagesse, bonne adresse ou le vrai et salutaire repentir.

Le théologien est donc manifestement élevé au sein de son milieu social au rang d'un authentique Seigneur. A l'exemple d'un remarquable chef spirituel et d'un véritable guide religieux très respecté et énormément considéré en rapport avec son statut et toutes les grandes vertus propres à la religion dont il est le parfait gardien et le vrai souverain juste de par son rôle quotidien. Le Taleb est donc au-delà de l'homme qu'il est ce sage qui voit juste. Par conséquent, il dispose de ce statut de choix qui prône la justice divine comme voie à suivre et montre à son monde le droit chemin. Ses paroles ont valeur de messages divins lesquels nous interpellent sur nos attitudes-les orienter vers cette autre rectitude- afin de corriger nos erreurs, évitant au passage nos errements ou errances pour sensiblement améliorer nos contributions à la vie en société, dans la piété et ce respect dû au Grand Seigneur et à autrui.

Dans le monde des êtres humains, le Taleb occupe le haut du podium et inspire énormément son monde parmi les nombreux fidèles qui lui resteront toujours fidèles dans ce bas-monde afin de mériter meilleur statut dans celui de l'au-delà. Là est donc le mérite à accorder à cet émérite homme du savoir théologien, débordant de sagesse et de probité intellectuelle et religieuse. Lucide inspiration de ses pairs parmi ces hommes en quête permanente du Savoir, le Taleb constitue donc ce vrai repère sociétal qui imprime à la vie ce cachet spirituel exceptionnel, fort de ses remarquables convictions et très attaché à ses considérations mouvantes et bien émouvantes, lesquelles façonnent nos esprits et déterminent notre appartenance et grande fidélité à cette sommité religieuse.

Oui, côté humain, il est cette référence même. Il est donc cette sommité qui chatouille les consciences et remet de l'ordre dans leurs jugements et autres actions. Il est donc ce leader absolu, bien résolu à leur servir de vraie locomotive qui les mènera vers ce terminus et à cette gare finale : le Paradis ou l'Eden, l'amour de Dieu et de ses prophètes, à l'exemple même de ses érudits penseurs et autres remarquables exégètes. Sans avoir à faire la comparaison entre les races et les espèces, les animaux, eux aussi, sont stratifiés et classés dans cet ordre qui place parmi «ses domestiques» le chien au premier rang, au regard de sa grande fidélité à son maitre : l'homme en l'occurrence !

Et dans cette catégorie très proche du quotidien de l'être humain, le lévrier occupe déjà le devant de la scène, gardant bien la maison et se gardant d'aboyer afin de ne pas éveiller les soupçons du chacal.

Il est donc placé à ce tout premier rang, trônant de tout son poids et course rapide, en tète de cette meute de chiens qui ameute, formée essentiellement de celui appelé doberman, bouledogue, berger, caniche et celui tout simplement roux et bien naturellement errant.

Chez le nomade, le sloughi est «l'autre berger algérien», parcourant la steppe et gardant bien son troupeau de moutons et ses distances «conventionnelles» avec le chacal, dont la chasse constitue son principal cheval de bataille.

Au fait, quel est donc ce paramètre bien commun à la fois au Taleb et au Sloughi ? Et pourquoi donc cette comparaison faite à distance avec respectivement le meddah et le chien bel et bien aboyeur ?

Les deux premiers-cités sont gardiens de la bonne morale et surtout quiétude et tranquillité de cette population humaine ou de bêtes domestiques. Ils ne versent pas dans ce bruit lequel bien qu'il éveille, parfois nuit. Leur travail se fait en sagesse et dans les coulisses d'une société qui leur accorde toutes les faveurs et autres privilèges et largesses dues aux grands Seigneurs de ce bas-monde.

Ils en disposeront le temps de disposer de toutes leurs forces et grande sagesse. Mais à mesure que le temps les érode, les écule et les rend ridicules, ils doivent impérativement abandonner la scène, le perchoir et le pouvoir afin de se retirer en grands maitres. En parfaits Grands Seigneurs !

Là est donc cette autre sagesse qui les concerne tout particulièrement. Sinon ils détruiront tout ce qu'ils auront mis des années à le construire en commettant des erreurs impardonnables lesquelles conduiront le Taleb à se conduire tel un meddah, et le Sloughi à l'image de ce chien errant lequel aboie face au moindre danger et au contact du simple bruit du vent soufflant sa colère hivernale!

Plus sage que ce message, il n'y a que ce retrait stratégique à opérer dans la vie de l'un et de l'autre : celui de l'être humain comme celui de l'animal domestique. Sans quitter leur monde, ils quittent la scène, laissant la place aux jeunes.     C'est aussi cela l'alternance toute naturelle ! Celle dictée par la seule force de l'âge ! De la vieillesse, tout simplement !

(*) Conteur populaire



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