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Le phénomène prend des proportions inquiétantes : 30 suicides et plus de 500 tentatives en 2012

par J. Boukraâ

Ces dernières années, le nombre des personnes qui choisissent de se donner la mort enregistre une augmentation inquiétante dans notre pays. La wilaya d'Oran n'échappe pas à ce phénomène. Les chiffres sont effarants et les causes demeurent, toutefois, mystérieuses alors que les méthodes de suicide s'avèrent multiples. Les services des urgences médico-chirurgicales du centre hospitalo-universitaire d'Oran ont recensé en 2012, quelque 30 suicides et 546 tentatives. Parmi les suicidaires, 355 femmes, 126 hommes et 65 mineurs ont été recensés. Pour les trois premiers mois de cette année, quatre personnes se sont donné la mort à Oran. Le dernier suicide remonte à quelque jours lorsqu'une adolescente de 17 ans s'est jetée du 3ème étage d'un immeuble au quartier Miramar au centre-ville. Ce phénomène ne cesse de prendre de l'ampleur. Le sentiment de solitude, les conditions sociales et l'incompréhension de l'entourage ont poussé ces personnes à commettre l'irréparable. Les spécialistes mettent en cause l'évolution sévère de la famille algérienne, due essentiellement aux facteurs socioéconomiques, qui a laissé des séquelles apparentes sur la structure de la société. D'autres problèmes sociaux, tels que la crise du logement, le chômage, le vide culturel, les problèmes relationnels, les échecs scolaires, la drogue et l'oisiveté, sont parmi les raisons. Environ 10.000 personnes tentent de se suicider chaque année en Algérie, dont un millier environ réussissent leurs actes. Selon une récente étude, les tentatives de suicide sont plus fréquentes chez les sujets célibataires. Les tentatives de suicide sont d'une fréquence supérieure chez les chômeurs, soit avec 39,93% de l'ensemble des sujets. Par ailleurs, une fréquence non négligeable des tentatives de suicide est retrouvée dans la communauté estudiantine avec un taux de19,91%, mais elles sont aussi plus fréquentes chez les personnes ayant un niveau socioéconomique moyen au nombre de 515, soit 57,93% de l'ensemble des cas. Le lieu le plus fréquent de la tentative de suicide est le domicile, et la pendaison est le moyen le plus usité. Les hommes recourent à la pendaison par contre les femmes à l'absorption des médicaments. Par ailleurs, le nouveau phénomène de suicide par immolation par le feu ne cesse de faire des victimes. L'année écoulée, le service des brûlés du CHUO d'Oran a reçu une quarantaine de personnes victimes d'immolation par le feu. Parmi les victimes, une quinzaine sont originaire de la wilaya d'Oran. Les autres ont été évacués des autres wilayas de la région ouest. Pour un psychologue, « le phénomène de l'immolation par le feu auquel ont eu recours nombre de citoyens pour exprimer leur sentiment d'exclusion et leur mal-vie n'est pas un fait nouveau dans notre société. Car le fait de s'immoler par le feu, de se jeter d'un bâtiment ou se pendre avec une corde, constitue une réaction psychologique purement individuelle par rapport à une situation donnée et à laquelle l'individu n'arrive pas à s'adapter. Et puis, il convient également de dire que chaque individu a ses propres mécanismes de défense psychologiques et sa propre façon de réagir devant de nouvelles situations auxquelles il est confronté. Conclusion: la seule différence réside dans la manière avec laquelle agit l'individu ». Pour y remédier, il est impératif de placer les gens qu'il faut là où il faut pour mettre de l'ordre dans notre société et l'orienter vers des horizons meilleurs.

Notons qu'en dépit de la mise en garde des spécialistes qui ont tiré maintes fois la sonnette d'alarme, aucune campagne de prévention ou d'information sur le phénomène de suicide n'a été initiée.