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Sahel : Abou Zeïd serait mort dans des bombardements français

par Yazid Alilat

La mort d'Abdelhamid Abou Zeïd, chef du groupe d'Aqmi que dirige Droukdel Abdelmalek, qui détient des otages français au Sahel, reste encore plausible, mais des sources militaires ne la confirment pas.

Vendredi, l'armée française, qui mène ces derniers jours une importante opération dans l'Adrar des Ifoghras contre des groupes terroristes d'Aqmi et du Mujao réfugiés dans les montagnes de la région, ne confirmait pas, la mort d'Abou Zeïd. L'information avait été recueillie auprès d'une source proche des opérations militaires en cours dans le nord du Mali : Abou Zeïd, l'un des chefs de katiba les plus puissants d'Al-Qaïda au Maghreb islamique (AQMI) et qui détient les quatre otages français enlevés à Arlit, au Niger, a-t-il été vraiment tué ? Les sources divergent, dans l'attente de la confirmation ou pas de l'information. La rumeur sur la mort d'Abou Zeïd, originaire de la wilaya d'Illizi, avait circulé déjà en Algérie avec cette information donnée par la chaîne TV d'Ennahar, mardi dernier, et ensuite reprise en chœur par les médias français qui citaient une source proche du renseignement français. Selon Paris-Match, ?'une source proche du renseignement français a confirmé, jeudi soir, le décès du chef terroriste, indiquant qu'au moins 43 autres personnes étaient mortes avec lui lors des frappes aériennes françaises appuyées par des drones américains et suivies par un raid des forces spéciales françaises avec des éléments touaregs». Cela s'est passé à Etagho, à quelques dizaines de kilomètres d'Aguelhoc (au nord de Kidal). L'opération combinée s'est déroulée avec une offensive terrestre de troupes françaises, tchadiennes et de quelques auxiliaires locaux. Certains de ces auxiliaires ont été employés pour poser des dispositifs de guidage des tirs. Quarante-trois hommes de la katiba d'Abou Zeïd seraient morts avec lui. La zone est connue des services de renseignements, des otages suisses y ayant été détenus à une époque, avant d'être libérés à la suite de négociations. C'est l'un des endroits les plus difficiles de la région de l'Adrar de Tigharghar, dont cette partie escarpée forme la porte d'entrée en venant de la ville voisine d'Aguelhoc. Mais, à l'état-major des armées à Paris, on disait dans la soirée du 28 «ne pas avoir d'éléments» qui permettraient de confirmer ou d'infirmer l'information. Le Monde a envoyé jeudi soir une alerte à ses abonnés, qui levait toute ambiguïté : «Abou Zeïd a été tué au Mali.» Le Président François Hollande, interrogé, ne confirme pas non plus. «Des informations circulent, je n'ai pas à les confirmer parce que nous devons aller jusqu'au bout de l'opération», a-t-il déclaré hier vendredi dans un discours à Paris consacré à l'aide au développement. Mais, un responsable américain a en revanche jugé «très crédibles» les informations sur la mort d'Abdelhamid Abou Zeïd. «Nous estimons que ces informations sont très crédibles», a déclaré ce responsable sous couvert de l'anonymat. «Si cela est vrai, ce serait un coup significatif porté à Aqmi», a-t-il ajouté. La seule certitude de sa mort serait des tests ADN, qui ont été pratiqués par les services de sécurité algériens sur deux membres de la famille d'Abou Zeïd, afin de tenter de confirmer son identité, rapporte de son côté le quotidien El Khabar. «Les services de sécurité sont en train de comparer l'ADN de deux proches parents d'Abou Zeïd avec des échantillons prélevés sur les restes d'un corps remis par les forces françaises» aux autorités algériennes, selon El Khabar.

OPERATION MILITAIRE DANS L'ADRAR

Sur le terrain, une importante opération militaire combinée, déclenchée depuis plusieurs jours, se poursuit dans une zone montagneuse de plus de 600 kilomètres carrés, dans l'Adrar de Tigharghar, à l'est des localités de Tessalit et Aguelhok, dans le nord-est du Mali. La résistance des groupes armés est très forte, selon des sources militaires françaises qui parlent de ?'défenseurs acharnés et ne cherchant nullement à s'échapper. Nous ne savons pas à ce stade ce qu'ils protègent, si c'est leurs chefs ou des otages, mais ils ne lâchent rien !» Le bilan est extrêmement lourd, puisque, selon Paris, 40 djihadistes auraient été tués par les Français, et 90 autres par les Tchadiens, qui auraient eux-mêmes subi de lourdes pertes : 25 tués dans leurs rangs. Par ailleurs, à Yamoussoukro, dans la capitale ivoirienne, le ministre délégué chargé des Affaires africaines et maghrébines, Abdelklader Messahel, a réaffirmé la position algérienne dans la résolution de la crise malienne. Outre la lutte contre le terrorisme, il est revenu dans son discours devant les responsables africains représentant les pays membres de la Cédéao, que pour l'Algérie, la solution à la crise au Mali reste toujours politique, avec la mise en place d'un dialogue inclusif de tous les Maliens. Ce dialogue inter-malien «doit impliquer les acteurs qualifiés et constitue, en définitive, un élément incontournable pour une sortie de crise durable», a-t-il dit.