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La bataille d'In Amenas, les batailles de l'Algérie

par Bachir Ben Nadji

«Accusé» par certaines parties de mutisme, de ne pas s'être prononcé au moment et après ce qui s'est passé à Tiguentourine, et même au-delà des audiences accordées aux personnalités politiques étrangères qui se sont succédé à Alger juste après le dénouement de la prise d'otages, le Président de la République, M. Abdelaziz Bouteflika, a réagi au moment opportun à l'occasion de la commémoration de la Journée du Chahid, et ce en rendant un hommage appuyé à ceux qui se sont distingués par leur bravoure lors de la dernière bataille d'In Amenas.

Le Chef de l'Etat a parlé de la bataille d'In Amenas. Il a rendu un hommage aux soldats qui ont annihilés et battu à plat de couture les plans machiavéliques ourdis contre l'Algérie.

En fait, à In Amenas, il n'y a pas eu seulement une bataille militaire mais plusieurs ? et sur plusieurs fronts, et le Président de la République est le premier à ne pas l'ignorer.

Une bataille militaire, une bataille économique, une bataille diplomatique, une bataille médiatique et d'autres, c'est ce qui s'est passé en un laps de temps à In Amenas.

La bataille militaire, les terroristes voulaient en découdre avec les hommes de l'Armée Nationale Populaire (ANP) et démontrer au monde sa vulnérabilité, chose qu'ils n'ont pas pu ni prouver ni réaliser, puisque les héritiers de la glorieuse Armée de Libération Nationale (ALN) ressemblent à leurs aînés qui ont mis hors des frontières une grande armée française soutenue par les forces de l'OTAN. Et voici qu'en quelques heures ils ont réduit à néant des plans élaborés et concoctés dans des laboratoires que le temps réussira à dévoiler et à mettre à nu. Ces laboratoires mettront du temps à relever la tête s'ils ne s'autodétruiront pas par eux-mêmes. Et là, ils ne se frotteront plus à l'Algérie sinon ils s'y piqueront gravement et subiront une lourde défaite, comme celle d'In Amenas ou pire !

La bataille économique. Elle est réelle. Les hydrocarbures sont le nerf de la guerre. L'Algérie y puise une grande partie de ses ressources pour nourrir les algériens, construire, éduquer, développer, etc.?

Ceux qui savent tout cela voudraient bien priver les algériens de ces ressources afin de les réduire à la mendicité, à la dépendance totale, mais leurs plans ont été mis à nu et ils n'ont pas réussi à les mettre en application.

Les pays de l'OPEP, les clients de l'Algérie et les autres savent que notre pays milite pour un alignement du prix du gaz sur celui du pétrole et Tiguentourine est une région et un important champ gazier. Sa mise hors d'état de production réduirait à une certaine marge les revendications de l'Algérie et affaiblirait sa bataille pour un monde plus juste, pour un nouvel ordre économique mondial, laissé aux pans de l'histoire du temps ou les équilibres mondiaux se jouaient entre les deux blocs. La bataille diplomatique, In Amenas y était en plein dans le mille et de quelle manière. En l'espace de quelques heures, le monde entier et les capitales mondiales ont eu les yeux braqués sur Alger, devenue en ce mois de Février 2013 un centre «nerveux» ou se sont relayés des Premiers ministres, des ministres des Affaires étrangères et d'autres départements aussi importants les uns que les autres, de plusieurs pays du monde.

Pendant la bataille d'In Amenas plusieurs «armes» diplomatiques ont été testées par plusieurs de nos partenaires.

Certains ont voulu «la jouer». Ils voulaient dicter leurs politiques en matière de conduite à tenir avec les preneurs d'otages, mettant en cela la vie de quelques individus, soient-ils les meilleurs des mortels, au même niveau que la souveraineté nationale et de la dignité de tout un peuple. Certains ont voulu envoyer leurs experts militaires, leurs troupes d'élite, leurs conseillers et je ne sais quoi encore. D'autres ont voulu négocier à la place des algériens et certains ont voulu nous humilier. Enfin, ils en ont eu pour leur argent, rendu au comptant par l'Algérie et ses hommes fiers.

La bataille diplomatique a été la plus rude et la plus âpre à mener, et elle a, en dépit de tout ce qui a été dit ou même pensé, été GAGNEE. Il n'y a qu'à voir les revirements de positions de plusieurs capitales quant aux résultats de cette bataille. Faisons un petit récapitulatif de tout ce qui a été dit sur la réponse algérienne aux terroristes et aussi sur le nombre limité de victimes par rapport au nombre de personnes sauvées.

La bataille médiatique, même si elle n'a pas eu le même poids que celles que l'on vient d'énumérer, l'on pourrait affirmer qu'elle a bien eu lieu et mérite de figurer dans le palmarès des algériens.

Des agences de presse, des télévisions du monde et des titres de la presse mondiale voulaient bien être au cœur de cette bataille, mais ils ont été dépassés par le temps et la rapidité d'exécution et de réaction de ceux qui ont mené la bataille militaire contre l'internationale terroriste. N'étant pas au centre des intérêts de la presse, même nationale, In Amenas, daira (sous préfecture) de la wilaya d'Illizi, éloignée d'Alger de 1300 kilomètres, de 800 kilomètres de Ouargla, d'environ 200 kilomètres d'Illizi, ne compte peut être même pas un correspondant de presse.

A Illizi, il y a des journalistes correspondants de la presse nationale, à Ouargla également, mais l'information sécuritaire dans son essence, n'est pas gérée sur le plan médiatique comme n'importe quel fait, et pour y accéder il en faut?

La gravité de l'évènement a fait que se qui se passait ce jour-là à In Amenas le soit par communiqué à diffuser par l'agence de presse algérienne, Algérie Presse Service (APS). Les heures qui ont suivi l'attaque terroriste l'ont été à coups de communiqués et d'informations officielles transmis par le canal de l'APS. Sur les écrans des télévisions du monde entier, il n'y avait que la carte de l'Algérie avec la localisation des lieux de l'évènement en lui-même, et la plaque d'entrée de la ville d'In Amenas.

Des images ou des photos n'ont pu être diffusées qu'après coup, après le premier assaut, mais pas de photos ou d'images du site ou se déroulait la prise d'otages. Seules quelques photos du dispositif militaire sécurisant la région ont été diffusées. Ce n'est qu'après que tout soit terminé et le bon travail des soldats de l'ANP soit achevé que les téléspectateurs et lecteurs eurent droit à certaines images et photos. La presse algérienne a été celle qui a le plus écrit sur cet évènement et relaté la réalité de la chose, mettant dans leur cadre les faits, une attaque de l'internationale terroriste contre l'Algérie.

Mes autres n'ont fait que spéculer ou nous insulter via des pseudo-experts spécialistes en relations internationales et des questions militaires et stratégiques.

Ce n'était que du vent et l'Algérie n'avait point le temps de sentir le vent et de l'entendre.

C'était ça la bataille d'In Amenas, et le Président Bouteflika a tenu à rendre hommage à ceux qui l'ont menée.

Dans sa position de Premier Magistrat, de Chef d'Etat, il a su choisir le moment pour se prononcer, et ce 18 Février l'était pour toutes les raisons du monde. C'est l'hommage des algériens à ceux qui ont donné et offert leurs vies pour l'Indépendance de l'Algérie, pour la Liberté, pour l'Honneur d'un peuple qui n'a vécu pendant toute son histoire que des conquêtes étrangères que des batailles imposées par autrui. Il a quand même toujours su leur rendre la balle et la pareille et se libérer. Il l'est maintenant et définitivement, le monde a changé.