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«Les voix off des Législatives» Les indépendants... dépendants

par Ziad Salah

On l'a déjà signalé sur ces mêmes colonnes : le mouvement des redresseurs du FLN prendra part aux prochaines législatives avec des listes indépendantes. Mieux, ce mouvement a choisi un slogan à ses listes pour se démarquer des autres : «Redressement et authentification». Pourquoi ce mouvement ne s'est pas constitué en parti politique ? Pourtant, l'idée et même le nom de la formation avaient circulé un moment donné. Selon certains, le feu vert pour passer à ce niveau d'épanouissement par rapport au parti-père n'a pas été donné par «les décideurs» tapis dans l'ombre. Mais Kara Mohamed Seghir, porte-parole de ce mouvement, a clarifié les choses la semaine dernière en expliquant que son mouvement envisage bel et bien de récupérer le FLN, accaparé par Belkhadem et consorts, quand ce dernier ramassera une déconvenue dans les élections. En attendant, d'autres militants du FLN à Oran travaillent d'arrache-pied pour monter une liste dite elle aussi indépendante. L'entreprise est initiée par des jeunes cadres de ce parti. Ces jeunes ne se sont pas «positionnés» dans le différend opposant Belkhadem aux redresseurs, ou disons qu'ils sont restés inscrits dans la légalité. En principe, et eu égard au parcours de certains d'entre eux au sein du parti, ils doivent figurer en bonne position sur la liste de leur formation. Mais sachant que les choses se passent autrement, et refusant visiblement le statut de meubles-liste, ils ont décidé de «forcer le destin», nous dit-on. S'agit-il d'une fronde ou d'une stratégie du parti lui-même ? On le saura dans les semaines à venir?

Le RND, parti apparemment épargné des secousses que vit son alter égo le FLN, vit lui aussi au rythme des projets des listes indépendantes. Jusqu'ici, au moins trois listes de ce genre sont en gestation. L'une d'entre elles est initiée par un jeune ex-député de ce parti, nous signale-t-on, une autre par un entrepreneur de la commune d'Arzew, ajoute-t-on. Mieux, on n'écarte pas que ceux qui avaient la mainmise sur le parti au niveau local ne se lancent pas dans pareille aventure. «Que mille listes fleurissent ! Puisque l'électorat demeurera introuvable», ironise un observateur un peu dépité.

D'autres parlent eux aussi de participer aux prochaines joutes électorales avec une liste dite indépendante. Certes, ceux qui portent ce projet ne sont pas partisans, du moins depuis la décision de Ben Bella de ne pas reconduire son défunt parti le MDA. Mais il leur est difficile de prouver leur indépendance vis-à-vis de certains cercles du pouvoir ou de sa périphérie, nous affirme-t-on. Remarquons que du côté du pôle islamiste, le black-out le plus total est observé de ce côté-là. Les échos qui nous parviennent se rapportent aux contacts avec un tel ou un tel pour figurer parmi leurs représentants.

Ce soudain engouement pour la liste indépendante soulève plus d'une interrogation. S'agit-il d'une stratégie élaborée par think thank pour émietter l'électorat et du coup aboutir à une Assemblée totalement éclatée, donc docile et malléable à souhait ? C'est une des lectures avancées. Mais, ne court-on pas le risque de favoriser les islamistes qui jusqu'ici font preuve de discipline partisane ? Ou s'agit-il tout bonnement d'ambitions personnelles ? Dans ce cadre, signalons qu'une idée fait son chemin et se trouve de plus en plus socialisée dans les milieux des prétendants. «L'opportunité qu'offrent les prochaines élections ne risque pas de se renouveler une seconde fois», répète-t-on çà et là. A part qu'on ne précise pas de quelle «opportunité» il s'agit. Celle d'accéder à la rente, sans doute.