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Rebelles touareg et gouvernement malien: Alger pour un nouveau round des négociations

par Moncef Wafi

Le ministre malien des Affaires étrangères, Soumeylou Boubèye Maïga, était jeudi à Alger, selon l'AFP, pour entamer des discussions avec des délégués de l'Alliance du 23 mai, conduits par Hamada Ag Bibi, l'un des fondateurs et porte-parole du mouvement dont des membres combattent aux côtés du Mouvement national pour la libération de l'Azawad (MNLA) contre l'armée dans le Nord malien. Alger n'a ni confirmé ni démenti l'existence de tels pourparlers, souligne l'agence de presse.

Le gouvernement central malien et les rebelles touareg se retrouvent de nouveau à la table des négociations en vue de trouver une issue à la reprise des affrontements dans le Nord du Mali. En effet, depuis le 17 janvier, le MNLA et d'autres rebelles touareg mènent dans le Nord malien une offensive visant, selon un porte-parole du mouvement, à libérer « le peuple de l'Azawad de l'occupation du Mali », l'Azawad étant le fief naturel des Touareg. Cette offensive militaire remet en cause les Accords d'Alger signés le 4 juillet 2006 dans la capitale algérienne entre les représentants de Bamako et ceux de l'Alliance, qui reconnaissaient, entre autres, l'intégrité du territoire malien, répondant ainsi à la crainte d'un développement d'une forme de séparatisme. Le 17 février 2009, l'Alliance démocratique du 23 mai pour le changement, après d'âpres négociations avec l'Algérie comme médiateur, accepte de déposer les armes. Cette reprise des armes a sonné le glas à des accords fragiles remis en cause par la réalité du terrain, le peu d'empressement de Bamako à honorer ses engagements « sociaux » envers les Touareg et la situation sécuritaire pour le moins instable de la région. Sur le terrain des opérations, les rebelles ont attaqué plusieurs villes comme Ménaka et Aguelhoc, faisant plusieurs morts et blessés des deux côtés. Les batailles ont également provoqué l'exode de milliers de personnes (on parle de plus de 4.500 exilés vers des campements au Mali, mais aussi au Niger et en Mauritanie).

La présence du ministre malien des Affaires étrangères à Alger s'explique aussi par la crainte du gouvernement malien de la réaction des familles des militaires engagés dans le Nord. Ces dernières, sorties dans la rue depuis mardi, dénoncent le silence sur la situation de leurs proches et la « mollesse du pouvoir » face aux rebelles. La colère de la rue a pris pour cible des Touareg dont les propriétés ont été saccagées. Cette chasse au Targui a poussé plusieurs dizaines de Mauritaniens vivant au Mali à se réfugier jeudi dans leur ambassade à Bamako, craignant pour leur sécurité et affirmant avoir peur d'être pris pour des Touareg. Pourtant, la veille, le président malien Amadou Toumani Touré avait exhorté ses concitoyens à éviter «l'amalgame» entre rebelles et civils touareg, mais cette intervention présidentielle n'a pas pour autant empêché les représailles contre des familles targuies à Kati. Par ailleurs, et aux termes d'un décret du président Amadou Toumani Touré rendu public jeudi soir, les ministres de la Défense et de la Sécurité intérieure ont échangé leurs postes.

Le général Sadio Gassama, précédemment ministre de la Sécurité intérieure et de la Protection civile, a été nommé ministre de la Défense et des anciens Combattants. Natié Pléa, qui détenait ce portefeuille de la Défense, est quant à lui devenu ministre de la Sécurité intérieure.