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Contrats d'armement avec la Russie: Alger veut plus que les armes

par Moncef Wafi

Dans son édition du 18 août dernier, l'agence russe d'information internationale, RIA Novosti, a affirmé que l'Algérie souhaite que ses importations d'équipements militaires russes soient accompagnées d'un transfert des technologies. Viktor Komardine, vice-PDG de l'Agence russe d'exportation d'armements Rosoboronexport, a ainsi déclaré que « la partie algérienne veut produire des pièces de rechange pour les équipements déjà fournis ». Cette annonce vient confirmer, si besoin est, l'intérêt porté par Alger pour le volet armement, déjà perceptible dans sa volonté de diversifier ses fournisseurs en matériel de guerre. L'Algérie est le huitième acheteur d'armes au monde, sur la période 2006 2010 où elle a acquis 3 % des armes conventionnelles vendues dans le monde, à égalité avec les Etats-Unis et l'Australie, et est considérée, au même titre que l'Inde, la Chine, le Venezuela et le Vietnam, comme l'un des principaux importateurs d'armements russes. Ainsi, lors des cinq dernières années, les contrats d'armements conclus par l'Algérie avec Moscou ont avoisiné les 16 milliards de dollars, le plus grand marché étant celui conclu à l'occasion de la visite de l'ex-Président russe, Vladimir Poutine, avec l'achat d'une dizaine d'avions, notamment des Mig. A propos du transfert de technologies demandé par Alger, Moscou aurait proposé au gouvernement algérien des facilités de paiement en matière de transfert de technologies, lui promettant les systèmes les plus modernes d'armement marin et balistique, et une formation des ingénieurs algériens en maintenance et montage des systèmes d'armement compliqués, si Alger venait à choisir la Russie pour conclure le deuxième plus grand marché d'armement conclu par l'Algérie, au cours de ces dernières années.

Une proposition faite pour « court-circuiter » les négociations menées entre le ministère de la Défense algérien et les sociétés américaines d'armements pour une liste de commandes d'armes, où est incluse la nouvelle génération d'appareils de détection d'obus, d'explosifs et de mines, lesquels ont montré leur efficacité lors de la guerre d'Irak. Les négociations entre Alger et Washington autour de ce marché d'armes ont trébuché, au cours des trois dernières années, et l'Algérie avait informé les Etats-Unis que « tout retard dans la livraison de tels équipements influera sur les relations militaires entre les deux pays ».

 La coopération russo-algérienne tend à la création d'une usine de construction de véhicules blindés ainsi que d'une autre destinée à la maintenance d'avions bombardiers. Selon le responsable de Rosoboronexport, la Russie et l'Algérie ont créé un groupe de travail qui comprend, entre autres, des représentants de sociétés industrielles des deux pays, et a pour but de suivre la réalisation des contrats signés. Alger, qui tend à diversifier ses fournisseurs militaires, s'est déjà tourné vers l'Allemand ThyssenKrupp, un des leaders du secteur naval européen, dont les activités couvrent les navires de surface, les sous-marins et les services de soutien à la flotte, pour construire des frégates développées et sophistiquées, probablement de type Meko A-200, et former les personnels navals algériens. Par ailleurs, le géant italien de la construction navale, Fincantieri a annoncé, le 27 juin dernier, que l'Algérie avait choisi la société Orizzonte Sistemi Navali, une de ses joint-ventures, pour la réalisation d'un bâtiment de projection. Cette unité, présentée par l'industriel italien comme un « navire de débarquement et de support logistique », serait construite dans les chantiers navals en Italie, sans toutefois indiquer ni ses caractéristiques, ni sa date de livraison.

Outre ce navire de débarquement et de soutien logistique, l'Algérie envisagerait de commander deux grands navires amphibies afin de remplacer les deux bâtiments de débarquement de chars du type Kalaat, mis en service en 1984. Dernières emplettes sur le marché des armes, le contrat pour l'achat de deux corvettes de type Tigre avec la société Russia United Shipbuilding Corporation et l'exportateur d'armes russe Rosoboronexport.