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Peut-on camoufler la vérité ?

par Ali Brahimi

«La Vérité : c'est comme la clarté du Soleil. Personne ne pourrait la camoufler».

Akhenaton Pharaon d'Egypte, adorateur du Soleil, (v. 1350-1333 av. J.-C.).

Au Moyen-orient et notamment au Maghreb, le processus de l'alternance du pouvoir politique, dans la république, s'apparente curieusement à celui dynastique.

A l'exemple de la République Syrienne à la merci d'une succession de père en fils dissimulant, au début du chemin, leurs intentions et, au moindre pépin rencontré tout au long du parcours, dévoilent leurs véritables visages et agissent exactement comme un clan rustre sans foi ni loi. Le président Bachar (fils du défunt président Hafez El Assad) se retrouve précisément, nous semble-t-il, dans cette situation de l'après camouflage et, en conséquence, il est en train de rater lamentablement le rendez-vous de l'Histoire. A l'image de ses semblables, au Maghreb, vétérans en la matière.

DE PERE EN FILS

En effet, depuis le début de cette année, nous dénombrons : La déchéance de Ben Ali lequel a détrôné son père spirituel le défunt Bourguiba ne cédant le trône qu'après avoir été forcé sous la pression du clan Ben Ali lui-même démantelé et exilé, en Arabie Saoudite, par une révolution populaire flamboyante. Le défunt Sadate, (l'un des principaux pères des accords du camp David) assassiné et rapidement remplacé par Moubarak, le pharaon de la débâcle finale, souhaitant léguer la couronne à son fils non moins aveuglé par la folie des grandeurs. Heureusement, Oum Dounia et sa révolution ont détruit le rêve du père et celui du fils Ils sont en disgrâce et souffrent l'exil chez eux. Le président yéménite en place depuis 1°96, brûlé, se trouve exilé momentanément en Arabie Saoudite. Cette semaine, moins camouflé que la première fois, il exhorté publiquement la jeunesse Yéménite d'aller au vote et crier? vive la révolution menacée, d'après lui, par la contre-révolution consacrant les institutions en place d'avant la? révolution !

Celui en cours de dégringolade imminente, à savoir : le guide libyen, qui apprécie se camoufler tout le temps, aurait également souhaité confier la Jamahiriya à l'un de ses fils le plus agité. Pour ce faire, cela dure depuis plus de six mois et des milliers de morts et autant de blessés, déplacés, des combines et de retournements de vestes, sans que le guide ne soit ému encore moins qu'il accepte voir la clarté de la vérité. Lui, qui a donné 42 ans de sa vie à son pays, puis se conduire comme un éléphant dans un magasin de porcelaine, comment pourrait-il voiler le Soleil avec un tamis. La révolution a de ces clartés aveuglantes !

VIVE LA REVOLUTION, C'EST DU CAMOUFLAGE ?

Au vu de leurs prétentions catastrophiques affichées publiquement, ce genre de dirigeants ne reconnaissent nullement, nous semble-t-il, que le temps a changé et qu'il serait vain de dormir a l'ombre des lauriers d'un passé fut-il grandiose (sans qu'ils mentionnent qu'en vérité il appartient a toutes les générations précédentes) moins considérées, également, par des observateurs, du genre Samaritain, tentant de camoufler et au besoin glorifier ces dirigeants qui ont vendu leur âme au diable, et qu(ils rient quand ils observent la naïveté voire la flagornerie, parfois affichée perfidement, de ceux les encensant.

 Dorénavant, ce système de gouvernance de père en fils serait chargé d'immenses risques en notre temps et, subséquemment, a l'avenir qui, heureusement, appartiendrait immanquablement au seul libre choix des peuples éveillés puisque de plus en plus attirés par la lueur de la Démocratie acquise selon des véritables réformes initiées par la seule volonté des élites sincères et pertinentes voire persuasives, a tous les niveaux d'une société émancipée et apaisée, sinon la révolution s'imposerait d'elle-même. Avec l'ensemble de ses impacts heureux et douloureux A l'évidence, c'est celle-ci qui semble prendre le dessus sur les hésitations des élites impuissantes et les combines incessantes, du Golfe à l'Atlantique, afin de modifier le cours de l'Histoire.

De toutes les façons, depuis le début de cette année, tant de rêves autocrates se sont évaporés. Personne, des éventuels prétendants a la présidence a vie, ne regarde ses proches dans le fond des yeux désormais hébétés par la peur de subir le même sort voire pire que ceux décrits ci-dessus. Donc, malgré que la liste reste ouverte au cas où ce genre de transmission autocratique reste de mise, le jeune martyr de Sidi-Bouzid en Tunisie leur rappellerait tant de rêves tombés à l'eau. En vérité, cet événement tragique, n'est que la goutte d'eau qui a fait déborder le vase longtemps rempli d'injustices et de passe-droits.

A l'image de ceux utilisés par les trabendistes, en tous genres, côtoyant et corrompant les hauts responsables d'Etat qui, après leur déchéance, sont abandonnés voire incriminés publiquement par ces maraudeurs, versatiles et opportunistes de nature, qui, souvent, sont la cause de la décrépitude des dictateurs. En effet, au Maghreb notamment, c'est ce genre de maffiosi qui, à la moindre occasion, trahissent les gouvernants en place Déjà, en Tunisie, ils commencent à montrer leur véritable visage après avoir fait barboter dans la gadoue des hauts placés y compris Ben Ali.

A titre d'illustration, un «fidèle allié», du président déchu, avait même hurlé la semaine passée devant la justice : vive la révolution ! A l'évidence, le début de la fin a commencé son compte a rebours pour l'ensemble des dictateurs endurcis voire aveuglés par les irrésistibles envoûtements liés a l'exercice du pouvoir politique et, donc, incapables de se recycler en des activités utiles. Normalement, ce serait dans l'ordre naturel des choses

DES MOTS D'ORDRE LUMINEUX DEVENUS DES REFERENCES DE COMBAT EN VUE D'ACCEDER A LA LIBERTE D'EXPRESSION ET D'AVOIR UNE JUSTICE SOCIALE

Dés le 18 mars (aujourd'hui cela fait exactement 4 mois) de cette année, la population syrienne, en révolution ininterrompue, avait commencé d'abord à crier des mots d'ordre tels que : «Liberté, c'est tout ce que nous voulons». La famille régnante en Syrie et ses sbires ont répondu avec les canons des chars et les tirs à balles réelles et, cette semaine, avec des frégates de guerre, tuant des dizaines de manifestants s'ajoutant à des milliers de victimes. Alors les slogans sont devenus virulents. Ils demandent le départ pur et simple du régime voire l'effacer de la terre Syrienne

Vendredi du début de ce mois, les manifestants ont lancé un appel pathétique, à l'adresse des pays arabes et l'ensemble de la communauté internationale, formulé comme suit : «vos mutismes nous assassinent». En vain. Vendredi d'après, le peuple Syrien se sentant abandonné, notamment par les pays frères, à vivement rehaussé le ton en disant : «Dieu est avec nous» Une prière qui, en cette première semaine du ramadhan mois de la nuit du destin, serait exaucée d'une façon ou d'une autre La première réponse est venue d'Egypte. En effet, au Caire, des centaines de jeunes (notamment d'Egypte, Yémen, Libye,?) profondément émus par la supplique, ont vivement réagit en témoignant avec force leur solidarité avec le peuple Syrien. Puis les chefs d'Etat : Arabie Saoudite, les émirats du golfe?, 24 heures après c'était au tour de l'Algérie, Maroc, Tunisie?, qui ont réagi chacun a sa façon et selon sa situation actuelle et, surtout, en adoptant un langage la plus banalement diplomatique. Il est vrai que les agissements du régime syrien sont en train de piper toutes les tentatives !

Le slogan, de vendredi passé, était : C'est A Dieu Seul qu'on se prosterne. Le même jour, une jeune femme enceinte est tuée Son enterrement est rehaussé d'une nombreuse assistance survoltée. Alors, dépités, les manifestants ont décidé d'ôter toutes les représentations leur rappelant le père et le fils Assad. Ils désirent les supprimer complètement de l'Histoire et surtout de leur mémoire collective. En face, quelques «chebiha», mêlés à l'armée, se sont prosternés devant la photo d'El Assad fils. Paradoxalement, souligne-t-on a l'évidence, ce sont ces agenouillés louangeurs invétérés qui vont précipiter la chute des dictateurs. A l'exemple des «khobzistes» en Tunisie; «baltaguia» Egyptiens ; «chebiha» Syriens, etc. A l'image de leurs prédécesseurs, qui se rallier aux maîtres du jour, détruisant les anciens royaumes et dynasties en Orient et l'Andalousie. C'était hier Demain, Vendredi, en Syrie, au fait quelle serait la Vérité (devise) du jour ?

MARE NOSTRUM, BERCEAU DE LA CIVILISATION ET DES MYTHES, STIMULANT TANT D'INVENTIONS DE DEVISES

Les anciens empires, Assyrien et Egyptien ainsi que celui Grec, forment les trois civilisations phares du pourtour méditerranéen. Après, d'autres peuples et dynasties sémites ont contribué à l'essor des croyances ainsi que les religions monothéistes. C'est aussi le creuset de la Démocratie et des débats d'idées lumineuses se faisant et se défaisant depuis la haute antiquité.

Aux temps actuels, les peuples de Mare Nostrumn vivent d'autres aventures humaines notamment dans sa partie sud profondément sillonnée par des révolutions existentielles, tandis qu'au nord les pays méditerranéens subissent les contrecoups de la rigueur de l'économie capitaliste internationale. Ainsi, du Maroc à la Syrie, c'est le tracas incessant qui prévaut. En face, du Portugal à la Turquie, c'est le frimas économique qui les assaille.

En vue de relancer les espoirs des uns et des autres, il serait opportun au vu de ce qui est train de se passer en rive sud en voie de métamorphose après des périodes apathiques et celle du nord a la recherche d'un second souffle dans une Europe frigide de tempérament voire rigoureuse notamment pour la monnaie de l'Euro, l'idée d'une union pour la méditerranée trouverait, a ce moment précis, toute sa plénitude et sa valeur.

C'est peut-être le moment d'essayer à relancer?l'utopie. Toutefois, cela nécessiterait l'assainissement de tant d'incompréhensions et susceptibilités, sans essayer à les camoufler, de part et d'autre, liées à l'Histoire et aux intérêts du présent. En attendant, chaque jour qui passe est un immense temps perdu. En effet, le temps passe tellement vite. Alors ce sera pour bientôt ?

 Pour l'instant, Vive la Révolution des têtes bien pensantes. Et, surtout, qui n'ont nullement peur de dire les quatre Vérités. Et sans nuire a quiconque.