Envoyer à un ami | Version à imprimer | Version en PDF

Le directeur général d'Aigle Azur, Meziane Idjerouidene, au Le nuage de cendres, les prix des billets et le ciel algérien

par Djamel Belaifa

Leader français sur les destinations ensoleillées (Algérie, Mali, Maroc, Portugal et Tunisie), la compagnie aérienne Aigle Azur a réussi à se placer dans l'espace aéronautique hexagonal.

Un succès exceptionnel qui ne doit rien au hasard. Acteurs incontournables de ce succès les Idjerouidene. Le jeune directeur général de la compagnie M Meziane Idjerouidene, en visite au Quotidien d'Oran, a bien voulu répondre à nos questions. La dernière crise générée par le nuage de cendres, les perspectives de la compagnie, les tarifs, la formation sont entre autres sujets abordés lors de cet entretien.

Le quotidien d'Oran : L'évènement étant bien sûr, les perturbations enregistrées dans le ciel européen par les nuages dégagés par le volcan islandais, quelles ont été les retombées de cette «crise» sur votre compagnie ? Et quelles sont les mesures qui ont été prises pour vos clients bloqués au niveau des aéroports ?

Meziane Idjerouidene : « Effectivement et à l'instar de la majeure partie des compagnies aériennes Aigle Azur, a subi les retombées de l'éruption du volcan islandais, mais je préfère plutôt voire les choses sous un angle positif. Comme toute crise c'est un exercice grandeur nature et c'est toujours bon de tester nos capacités en pareilles circonstances.

 Nous sommes satisfaits des dispositions prises et des résultats de la mobilisation quasi totale du personnel navigant et celui au sol à partir de la France et au niveau de l'ensemble des aéroports desservis par la compagnie. Il faut préciser que nous avons subi une conjugaison d'évènements. La fermeture du ciel français coïncidait avec les vacances et avec la grève de la SNCF, c'est dire que l'afflux vers les compagnies aériennes était important, et notre compagnie était aussi concernée par cet afflux et donc appelée à prendre les mesures qui s'imposent pour prendre en charge ses clients.

Le Q. O.: Justement quelles sont ces mesures ?

M. I.: « A partir de dimanche, soit au troisième jour de l'éruption, la compagnie a décidé de mettre en branle ses dispositions. Nous avons organisé un vol test, à l'aide d'un avion neuf pour évaluer les risques. Nos informations conjuguées à celle des autres compagnies et des spécialistes ont révélé qu'il n'y avait pas de risque pour la reprise des vols. A partir de mardi il y a eu ouverture progressive des aéroports et le lendemain la quasi totalité des aéroports ont rouvert. Pour notre compagnie il y a eu quatre jours sans aucune activité. Durant ces quatre jours plus de 4.000 appels de clients, en quête d'informations, ont été reçus au niveau des comptoirs d'Aigle Azur. Pour parer à la situation, nous avons triplé notre effectif, avec la mobilisation de toutes nos équipes 24 heures sur 24 et les congés ont été annulés. Nous avons aussi renforcé les moyens de communication, car il fallait répondre à toutes les préoccupations de notre clientèle mais aussi et surtout à celles des agences de voyages qui représentent les trois quarts de nos ventes. Dans l'urgence il fallait transporter 15.000 personnes en majorité des vacanciers. Une proposition d'indemnisation a été faite aux clients, mais a été refusée par la plupart d'entre eux. Nous avons alors pris option pour le renforcement des vols de nuit, le transfert des passagers à partir d'autres aéroports ouverts au trafic ou par le biais d'autocars».

Le Q. O.: Sur le plan purement financier, quelles ont été les retombées de cette «crise» sur la compagnie ?

I. M.: «Comme je vous ai dit précédemment je préfère rester dans le positif. Notre priorité était d'acheminer tous nos clients dans les meilleures conditions possibles. Cela s'est fait grâce à une mobilisation totale de tout notre personnel. En fin de compte et en un temps record, tous nos voyageurs ont été pris en charge. Concernant l'aspect pécuniaire, pour le moment nos services sont en train de faire les comptes. Je saisis cette occasion pour rendre hommage aux autorités au niveau des aéroports algériens pour avoir facilité la tâche à la compagnie lors de l'acheminement des voyageurs.

Le Q.O.: A propos de relations, on a souvent tendance à parler de concurrence lorsqu'on évoque la compagnie nationale Air Algérie, qu'en est-il au juste ?

I. M.: «Sur ce point précis je tiens à affirmer que notre vision et notre discours n'ont pas changé. Nous sommes complémentaires avec Air Algérie qui est et qui reste un partenaire. Nous avons beaucoup de respect pour cette compagnie qui faut-il le rappeler a fait et continue de faire du bon travail. En termes de relation, les choses ne cessent d'évoluer dans le sens positif entre les deux compagnies.

Le Q.O.: Beaucoup de clients reprochent à Aigle Azur, ses tarifs élevés de et vers l'Algérie. Quelles explications pouvez vous donner à ce sujet ?

I. M.: Je tiens tout d'abord à préciser qu'il ne faut pas comparer ces tarifs avec ceux pratiqués vers des pays où le tourisme est un secteur clé de l'économie à l'instar par exemple de la Tunisie. Pour la destination Algérie, cette différence peut être justifiée durant certaines périodes de l'année notamment durant la saison estivale. Il faut souligner que l'Algérie n'est pas une destination touristique fréquentée à longueur d'année. Ce sont surtout des familles qui se déplacent durant la saison estivale. Le reste de l'année nos avions décollent et reviennent presque vide ou au meilleur des cas à 50% de remplissage. Pour mieux expliquer les choses je dirais tout simplement que les tarifs élevés de l'été, compensent en quelque sorte les pertes de l'hiver. Sur les autres destinations touristiques, il y a un flux régulier à longueur d'année et les tarifs appliqués différent complètement.

Le Q.O.: Mais il y a toujours moyen d'y remédier. Une baisse des tarifs pourrait attirer davantage de clients, et partant augmenter ces flux.

I. M.: «Justement si la compagnie a décidé de faire des promotions en euros ou en dinars, c'est justement pour inciter les familles qui aspirent à se déplacer vers l'Algérie à le faire durant les autres périodes de l'année et pas uniquement l'été. D'autres mesures ont été prises pour faire découvrir aux touristes la destination Algérie. Sur le Sud nous avons cassé les prix depuis 2002 notamment sur Tamanrasset et Djanet. C'est aussi une alternative pour la promotion du tourisme, mais le constat est là : en volume de personnes transportées ce n'est toujours pas suffisant. Cela est dû bien sûr à plusieurs facteurs liés surtout à l'infrastructure hôtelière, aux capacités d'accueil, au nombre de guides etc? mais nous avons espoir que les choses vont évoluer vers le positif.

Le Q.O.: Quelles sont les perspectives de la compagnie pour les années à venir ?

I.M.: « Pour le moment la priorité est accordée à la consolidation du réseau existant.

Il s'agit pour nous de mettre en confiance nos voyageurs en leur assurant un bon accueil au sein des structures commerciales ou par une prise en charge à l'arrivée des 13 aéroports du pays par un personnel qualifié. Sur ce point, je tiens tout de même à signaler que nous sommes la seule compagnie à avoir enregistré une augmentation de 10% du nombre de voyageurs transportés.

Le Q. O.: Ce chiffre peut être revu à la hausse, si la compagnie investit le créneau des dessertes domestiques ou le long courrier. Y avez vous pensé ?

I. M.: Effectivement nous sommes prêts à investir ce créneau, mais pour le moment les dessertes domestiques ne sont toujours pas ouvertes au privé. Le jour où elles s'ouvriront nous serons là. C'est dans nos perspectives d'autant plus que les choses ne cessent d'évoluer dans le bon sens entre les autorités algériennes et la compagnie. Nous venons de lancer à partir d'Oran, une nouvelle desserte sur Mulhouse chaque jeudi. Nous assurons aujourd'hui 21 vols à partir de 13 aéroports français avec deux navettes quotidiennes sur les aéroports d'Orly-Sud et Roissy. Notre flotte ne cesse de s'agrandir, aujourd'hui nous sommes à 12 avions et dans une dizaine de jours un 13eme avion viendra renforcer cette flotte composée à 100% d'avions Airbus.

Le créneau du long courrier, n'est pas envisagé par notre compagnie, à la fois pour des raisons liées au coût des investissements mais aussi pour les perspectives de la compagnie qui donne priorité à la consolidation de son réseau actuel.

Le Q. O.: Volet important dans l'attrait de la clientèle et l'image de la compagnie, la formation du personnel occupe une place importante dans les plus grandes compagnies aériennes, qu'en est-il à Aigle Azur ?

I. M.: Avec les derniers changements en matière de réglementation, la formation des hôtesses et stewards incombe désormais aux compagnies aériennes. Nos équipages sont maintenant pris en charge et formés au niveau de notre propre centre de formation. Notre spécificité c'est la prestation de service. Pour cela nous avons opté pour une formation profonde spécifique à chaque région. Notre personnel, durant son passage au centre, acquiert une formation qui touche à tous les aspects (langue, tradition, culture etc?) des pays que nous desservons.

Le Q.O.: Que pensez vous de la destination Algérie ?

I. M.: L'Algérie étant une destination phare de la compagnie, nous nous efforcerons à assurer un maximum de dessertes vers ce pays, avec les meilleures prestations possibles. C'est dans nos perspectives.