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Casse-tête

par El-Houari Dilmi

Le président a donné le tournis aux Algériens. En déclarant que la somme stratosphérique de 5000 milliards de centimes a été trouvée chez une seule famille, le chef de l'Etat a donné aux Algériens une autre occasion pour mesurer l'ampleur des méfaits causés par le régime prédateur déchu.

Même si l'on ne sait pas s'il s'agit d'une nouvelle saisie ou faisant partie des biens saisis précédemment par la justice algérienne, il y a de quoi perdre la tête dans un pays où la prédation a été érigée en système de gouvernance pendant deux décennies. C'est que le long et difficile combat contre les «mains baladeuses» est loin d'être terminé, la récupération de l'argent du peuple détourné restant l'une des grandes priorités de l'agenda présidentiel.

Les experts divergent sur le montant réel de la masse monétaire qui circule en dehors du circuit bancaire, même si les estimations avancées par la Banque d'Algérie parlent de l'équivalent de 44 milliards de dollars à fin 2020. Depuis un bon moment déjà, l'Etat algérien cherche par diverses mesures incitatives à capter l'argent de l'informel pour l'injecter dans le circuit bancaire officiel. Jusque-là, les résultats sont peu probants. Le dernier avertissement lancé par le président Tebboune aux détenteurs de « gros sacs d'argent » est interprété comme un possible changement des billets de banque, seul moyen pour l'Etat si la «méthode douce » ne donnait pas de résultats. Le premier responsable du pays a même lancé en direction des détenteurs de sommes d'argent importantes : « Investissez votre argent pour le développement du pays, et si la question de l'usure vous pose un problèmes, il y a désormais les banques islamiques et les guichets de la finance islamique », a-t-il déclaré lors de son allocution à l'ouverture de la réunion Gouvernement-Walis. L'idée de changer les billets de banque qui n'est pas nouvelle, puisqu'elle a, déjà, été usitée en Algérie. Mais l'opération n'est pas permise par la loi sur la monnaie et le crédit, selon des experts. La loi en question garantit aux billets de banque en circulation, une validité de dix ans à compter de la date de la décision de leur remplacement. À moins de réviser la loi en ayant le courage politique de prendre une mesure de sauvegarde extrême aux conséquences et autres effets pervers non encore mesurables. Il s'agit-là d'un autre saut périlleux, sans savoir si l'Etat est prêt à le franchir ou pas ?