Lorsqu'on fait un tour dans un quelconque pays de la riche Europe ou dans un autre territoire opulent du monde, l'une des premières choses que l'on remarque, ce sont moins les sourires francs ou de circonstance sur les visages des habitants que leurs dentitions parfaites (quand bien même elles seraient artificielles) ! Dans ces contrées nées avec une cuillère en argent dans la bouche, on ne plaisante pas avec les dents, malgré la crise ! Les cœurs peuvent se durcir, les valeurs tomber en désuétude, les âmes partir en lambeaux. Ce qui compte avant tout, c'est que les apparences soient sauves, que la vitrine collective soit préservée, que les aimables convenances soient sauvegardées. L'humanité se divise peut-être en deux camps : d'un côté, les nations argentées, leurs façades rutilantes, les armoires où elles cachent leurs cadavres et, bien sûr, les dentitions impeccables ! Et de l'autre côté, les nations besogneuses, leurs habitations précaires, leur malheur à ciel ouvert et leurs chicots ! Mais sourions en dépit de tout, et gardons le moral ! Et comme disait ce vieil écrivain français, «l'homme naît sans dents, sans cheveux et sans illusions, et il meurt de même, sans cheveux, sans dents et sans illusions».