Envoyer à un ami | Version à imprimer | Version en PDF

Conscience et connaissance: Le cerveau-machine, une interface pour la pensée humaine ?

par Medjdoub Hamed*

Il n'est pas question d'entrer dans les arcanes de la philosophie, mais seulement à rester soi dans les arcanes de notre être qui est bien plus complexe que ce qu'on enseigne en philosophie, qui est une vision, une méthode relevant d'une longue histoire de penseurs à travers les siècles et millénaires. Aussi, par soi, interrogeons-nous sur ce que nous entendons par conscience ; sommes-nous conscients par notre conscience ? D'emblée dirons-nous : « oui, nous sommes conscients par notre conscience. » En fait, sans même qu'on en prenne « conscience », on peut dire que c'est une façon de faire toute humaine, mais dans les faits proprement dits, c'est plus complexe ; le champ de conscience relève entièrement de nos pensées ; nous ne sommes conscients que par nos pensées ; nos pensées n'occupent pas notre conscience ; elles sont notre conscience.

Et ce point est très important la conscience dérive de nos pensées, ce sont elles qui organisent notre conscience ; sans pensées il n'y a pas de conscience. Ne dit-on pas de quelqu'un qui a perdu conscience suite à un accident et qui commence à bouger qu'il est en train de reprendre conscience ? Cela signifie que, par le choc de perte de conscience d'un être, son cerveau qui a été momentanément commotionné, il a perdu connaissance et donc ne pense plus à l'état conscient, la pensée en fait ne l'a pas quitté, il peut même penser à l'état inconscient de non-conscience, et pourtant il ne réagissait plus, vivait certes, son cœur battait, mais, pour ceux qui l'entourent et cherchent à le réanimer, il était inconscient et donc, inanimé et ne pensait pas comme lorsqu'il était vivant.

En recommençant à bouger, il commençait à reprendre ses esprits, à répondre aux questions qu'on lui posait, par exemple : « Voulez-vous qu'on vous emmène à l'hôpital ? Ou à votre domicile ? Appeler le SAMU si c'est grave. Et d'autres questions des gens pour venir à son aide. Sur le plan psychique de l'homme commotionné par l'accident, en fait, s'il commençait à reprendre conscience, à bouger, à reprendre donc vie, ce n'est pas lui qui bougeait de lui-même, ce n'est pas lui qui reprenait conscience, qui revenait à la vie, mais la pensée qui lui est revenue et le faisait bouger. C'est complètement différent, sa posture est complètement autre si on le regarde sous cet angle, qui est plus juste que ce qui est apparent pour ceux qui l'entourent.

Il existe des cas où des accidentés gravement commotionnés perdent même la mémoire, pourtant ils reviennent à la vie, mais ne savent plus où ils sont, ne reconnaissent plus leur entourage habituel. Et là c'est l'absence de la connaissance dans la pensée qui revient, et c'est un paradoxe de penser certes mais perdre la mémoire passée, et donc les souvenirs de la vie vécue par le passé jusqu'à ses parents, sa famille. Et cela rappelle la maladie d'Alzheimer.

Force de constater que toute conscience repose sur la pensée. Tout être vit que par la pensée et seulement par la pensée qui le fait penser qu'il existe et lui fait prendre conscience de ce qu'il est et du milieu où il se trouve, et tous ses souvenirs. Si son cerveau subit des dommages dans des régions de la mémoire que les médecins pourraient diagnostiquer, les dysfonctionnements cérébraux et du système de connexion entre les neurones, dès lors la pensée ne se transmet plus au cerveau dans ces lobes « mémoire » du cerveau et l'amnésie s'installe chez cet être. Il arrive que celui-ci recouvre la mémoire, mais cela relève des aléas thérapeutiques que ne commandent pas les êtres humains.

De même, pour une certaine classe d'êtres humains, et cela concerne surtout les personnes âgées, elles perdent de plus en plus de mémoire, ne se rappellent plus certaines choses dans leur quotidien et cela est certainement en rapport au vieillissement de leur corps et du système cérébral, i.e. l'état de leur cerveau qui a vieilli. On peut penser que c'est le même processus pour la personne commotionnée par un accident qui a perdu la mémoire que pour la personne âgée qui se souvient moins dans son quotidien et ce en lien avec l'état vieillissant de son système neuronal.

Le cerveau en fait n'est que l'interface entre la pensée qui vient au cerveau lequel la transmet à l'être humain ; l'être ne sent pas ce processus dans son existence et n'a pas besoin de le sentir, il a besoin surtout de vivre.

Une autre question, comment expliquer que des scientifiques ont pu accomplir un prodige sur un homme qui a tous les membres paralysés ? En implantant des électrodes dans le cerveau d'un participant tétraplégique, ce dernier a pu prendre le contrôle de son bras robotisé, et de nouveau éprouver des sensations semblant provenir de son bras pourtant robotisé.

Ce sujet volontaire à accepter cette opération a dû s'entraîner plusieurs années et a pu parvenir à transmettre par la pensée via son cerveau un ordre à son membre robotisé. Cela a été un succès, et cela prouve que la pensée est capable via le cerveau et la volonté de l'homme inscrite aussi dans la pensée humaine peut commander un membre robotisé en relation avec le cerveau par ordinateur.

La médecine ne sait pas comment la pensée se transmet au cerveau humain ou plus simplement dit : « la médecine ne sait pas comment la pensée « parle » et « agit » sur le cerveau humain. » Cependant, la médecine cherche, utilise des implants dans le cerveau, des programmes au moyen d'ordinateur pour les transmettre aux organes des sens, de locomotion... Mais ce que l'on remarque, les progrès s'opère toujours au travers de la pensée humaine.

La connaissance directe, la connaissance proprement biologique qui lie la pensée au cerveau humain n'est pas et ne peut être du ressort de la médecine humaine du fait d'une vérité absolue venant de la médecine humaine même ; cette vérité est que la médecine humaine est elle-même le produit de la pensée depuis la venue de l'homme sur terre ; tout ce qui a fait de la médecine jusqu'à aujourd'hui jusqu'au scanner, l'échographie à l'IRM et tout ce qui fait la médecine moderne et les sciences modernes dans tous les domaines pensés par l'homme viennent de la pensée humaine.

Aussi revenons à notre interrogation sur la conscience et la pensée. Nous comprenons aisément que la conscience et la pensée sont une seule et même pensée et si elles nous sont différenciées, c'est la pensée en fait qui le fait pour nous, pour nous faire oublier qu'elle pense en nous, ou nous fait croire que nous pensons en elle, alors que c'est elle qui nous meut comme elle veut et selon ce qui en va de nous. Et c'est ce qui, en cherchant à creuser plus en notre conscience et notre pensée, nous apparaît en arrière-plan de la pensée. Du moins ce que notre pensée cherche « à nous expliquer ».

Bien entendu, cette approche est très complexe, on cherche à entrer dans l'insondable ; il faut pour cela que la pensée l'exprime ; il y a une sublimité que l'on rencontre dans la pensée qui nous fait rapprocher à cet insondable quand bien même si lointain à nous, qui est au-delà de la pensée, des questions qui restent sans réponse et même n'ont aucun sens tant notre pensée n'y a pas accès.

Sachons seulement que notre pensée sait ce qu'il y a derrière elle sinon elle n'est pas pensée. Mais quel est ce nous ? Quel est sa nature ? Aussi piochons dans notre pensée, cajolons-la dans notre sincère humilité peut-être nous répondra-t-elle. La pensée est toujours sublime, et c'est l'être qui ne comprend pas parce que le plus souvent il est ce qu'il est. Seul moyen d'aller au-delà de nous-mêmes, élevons-nous ; cherchons-nous, en elle la sublimité. Bannissons de notre langage la trivialité ! Si on veut réellement s'élever dans notre humanité !

Cherchons à parler à notre pensée ; je ne sais si c'est possible, cependant, laissons faire parce que nous sommes nos pensées ; sans elles nous n'existons pas. Souvent notre pensée par laquelle nous pensons ne nous parle pas, ne nous éclaire pas, souvent nous vivons une souffrance intérieure complexe que nous ne comprenions pas.

Voilà où en est l'être humain et il croit vivre ; il croit savoir, alors qu'il ne sait absolument rien ; il est un donné. Mais qui peut le comprendre ? Sinon ceux qui pensent réellement... Et surtout ceux (celles) qui sont pensés (ées) réellement par la pensée.

*Auteur et chercheur spécialisé en Economie mondiale, Relations internationales et Prospective