En allant
au contact direct des citoyens, les walis de la république se rendent compte du
grand fossé qui séparait le discours officiel de l'austère nudité de la
réalité. Même s'il s'agit là d'une instruction venue d'en haut, des walis de la
république n'ont pas peur de descendre sur le terrain pour régler sur place les
problèmes de vie quotidienne dont pâtissent les Algériens. A l'image des
managers des grosses boîtes, ce contrat-objectif fixé aux walis de la
république est plutôt bien vu par le citoyen lambda. C'est que l'autre «
urgence» pour le pays est de laisser son peuple s'exprimer, crier sa colère,
respirer un peu... Fatigué, blasé, abusé, blousé, taxé, retaxé,
l'Algérien lambda a d'abord besoin de respirer, avant de manger, aller à
l'école, s'habiller, ou même voyager à l'étranger. L'autre priorité pour le
nouveau personnel politique aux manettes du pays serait aussi de « nettoyer »
le pays, devenu un repaire grandeur nature de toutes les « mains baladeuses »
et autres aigrefins en col blanc. Mais pourquoi a-t-on attendu soixante berges
pour enfin décider de nettoyer le bled, sur «décision politique» par-dessus le marché? Mais nettoyer tout le pays de quoi, de qui, quand,
comment, et pourquoi ?! Après avoir pris le mauvais
pli de nettoyer sa maison en cachant toute la poussière sous le grand tapis du
salon national, le pays fera-t-il comme celui qui
nettoie à grande eau sa demeure, en jetant tout avec, y compris ceux qui
l'occupent ? Parce que les Algériens sont un peuple-bouclier contre un pays
antichoc, l'heure est à savoir s'il faille nettoyer nos rues trop sales, nos
cités décrépies, nos villes polluées, et laisser nos mentalités en jachère ? Un
peu comme celui qui prend le soin de «laver» sa conscience avant de faire ses
ablutions, à quoi sert-il de prier si l'on prêche dans le désert ?!