Le
patriotisme, au-delà de la définition lexicale du mot qui désigne le dévouement
et l'attachement sentimental d'un individu à sa patrie, son lieu de naissance,
où il y a également une volonté de le défendre militairement lorsque cela
s'avère nécessaire, il faut vraiment de nos jours aller lui chercher un sens
dans le tréfonds de l'histoire du pays. Car, présentement, l'amour de la patrie
est un sentiment très rare. Tout le monde en convient de cette défection chez
les Algériens, qui se rappellent leur patriotisme seulement lors de grands
rendez-vous footballistiques. Passé ces moments d'émotion où l'emblème national
est porté haut, avec fierté, par la population juvénile, on oublie trop vite la
patrie, si on ne la malmène pas de toutes parts. On fait du mal à sa patrie en
mettant en péril son économie nationale, sa souveraineté et parfois jusqu'à son
intégrité territoriale. C'est ce qu'on fait avec allégresse tous les jours, en
trichant avec le fisc, en privilégiant les circuits informels, jusqu'à mettre à
genoux la patrie en complotant des coups fourrés dans son dos. Cette partie
faite pour être aimée. La patrie, soyons sérieux, qui y pense vraiment
aujourd'hui ? Celui qui tire profit de sa générosité feint de l'aimer à fond la
caisse. Et gare à vous s'il vous arrive de parler de patriotisme à quelqu'un
d'autre, il vous rira au nez. Non, personne ne prendra pour argent comptant les
paroles d'un président américain (JFK), qui a dit à ses compatriotes : « Ne
demandez pas ce que votre patrie a fait pour vous, dites ce que vous, vous avez
fait pour votre patrie ». Cela résume grosso modo ce que doit être le
patriotisme, le vrai. Hélas ! il se fait rare de nos
jours. Et pour pallier cette défection, les pouvoirs publics n'ont pas trouvé
mieux que de soumettre prochainement au gouvernement un projet de décret visant
à inculquer le patriotisme aux élèves. Le décret en question propose d'ériger
les musées en un espace éducatif et scientifique autour de la mémoire
historique et d'inculquer aux enfants, écoliers et organisations de la jeunesse
l'amour et le dévouement pour leur patrie. Ce sont là des choses, des
procédures sociales et éducatives qu'on devrait faire sans avoir besoin d'un
décret. L'initiative laisse pantois. L'amour de la patrie, en règle générale,
ne se décrète pas. On l'a ou on ne l'a pas. C'est ailleurs qu'il faut aller
chercher les moyens qui peuvent ancrer ce sentiment chez les générations
montantes, surtout. Pour aimer sa patrie, un jeune doit se sentir libre et vivre
dans un climat d'égalité de chances. Il doit, surtout, voir ses aînés lui
donner l'exemple de cet amour de la patrie. Pas l'exemple des chouhada et des moudjahidine seulement, dont l'exemplarité
sur ce registre est unanime. Un décret du genre ne fera certainement qu'empirer
les choses. Le patriotisme se perd dans le brouhaha des intérêts politiques
étroits, et il est d'une urgence capitale de prendre des initiatives sur le
plan moral pour remédier à la situation. Pas en pondant un quelconque décret
mais en se sacrifiant, chaque jour, chacun dans son petit périmètre d'activité,
par le travail, pour donner notre amour à la patrie. Le patriotisme se mesure
en temps de guerre par la volonté de défendre le sol natal sur le plan
militaire, au prix de sa vie, en temps de paix, il faut faire en sorte de
hisser la patrie très haut dans le développement, sans attendre une quelconque
rétribution matérielle.