Envoyer à un ami | Version à imprimer | Version en PDF

Aveu d'échec

par Moncef Wafi

Les unités de montage de voitures à la sauce algérienne, présentées comme le porte-drapeau d'une nouvelle ère d'industrialisation, sont déjà dans le viseur gouvernemental. Le Premier ministre en appelant à recadrer ces projets, lancés ou programmés, fait l'aveu d'un échec d'une démarche économique que les experts qualifient de hasardeuse et revient sur les fameux cahiers des charges du ministère de l'Industrie et des Mines concoctés en l'occasion.

L'affaire Tahkout, même s'il a été blanchi par la commission d'inspection envoyée par Alger, trahit tout ce brouillard levé autour de projets censés faire de l'Algérie un sérieux partenaire dans le monde fermé de l'automobile. Selon les économistes, ces unités de montage telles que conçues et réfléchies par la stratégie ministérielle sont vouées à l'échec. Les projets en eux-mêmes, en total décalage avec les réalités économiques mondiales, ne sont tolérés que pour permettre à certains opérateurs de renforcer leur fortune personnelle.

Sellal, en évoquant le taux d'intégration algérienne de ces voitures importées à travers les formules du SKD et CKD, donne l'impression de vouloir rattraper le coup et mettre des garde-fous à un secteur offert sur un plateau d'or aux marques étrangères. Les facilitations fiscales, le foncier industriel et le peu de droit de regard sur ces unités illustrent l'image d'un gouvernement aux abois, prêt à toutes les concessions pour un semblant de renouveau industriel. Le message à faire passer est cette urgence à trouver une alternative à la dépendance des hydrocarbures. De n'importe quelle manière. Le Premier ministre débordé sur son flanc par l'activité d'un ministre, placé sous surveillance à travers le comité de suivi des investissements et, face aux interrogations légitimes soulevées par ces projets, n'avait d'autres choix que d'imposer un droit de regard de l'Etat et justifier cette intrusion par le besoin de réajuster ces projets en fonction du marché algérien, mais aussi du marché africain.

Belle utopie que celle-là ou simple annonce populiste qui bute sur l'intransigeance d'un marché international qui ne laisse aucune place à l'improvisation ? En effet, croire que ces petites unités pourraient trouver des débouchés africains est bien naïf en présence des marques françaises usinées au Maroc avec des productions annuelles à six chiffres, loin de nos prévisions fantaisistes alors que tout le monde est responsable de cet échec.