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Walis ; l'un part, l'autre arrive

par El Yazid Dib

C'est le propre d'une rotation fonctionnelle. Si l'un part et l'autre arrive c'est à la nature congénitale de ces choses-là qu'il faudrait remonter tout argument. Un mouvement suppose physiquement une dynamique. Ça bouge, fait bouger et provoque par ricochets des vibrations dans les alentours. Contrairement à son absence qui demeure implacable pour conforter l'inertie et encourager la mise en otage. Les marges de manœuvre se réduisent et les ardeurs s'amenuisent.

Dans cette rotation périodique, toutefois banale et habituelle l'on tend vers la quête de l'exercice d'un fait d'Etat par la régénérescence de l'âme des entités institutionnelles. Booster l'élan provient d'un réflexe managérial.

C'est aux walis en premier chef que revient le mérite ou l'échec d'une politique de développement national. Ils en sont les garants. Animer et impulser les localités, redonner du souffle à intermittence aux cités s'inscrivent comme l'apanage de cette élite particulière destinée légalement à concevoir un bonheur et faire disparaître son contraire.

Le poste de wali serait le pivot le plus important sur lequel repose l'Etat, sinon la république. Son domaine brasse tous les secteurs. Des événements de droit ou de fait, il en est responsable. L'ordre public, le pain, l'eau, le toit, la quiétude civile sont autant d'espaces d'attributions que ses droits arrivent à peine d'être dissociés de ses obligations.

Ils sont à la devanture de tout l'étalage de la puissance publique. Ils sont la source de pouvoir la plus sollicitée au même moment où le pouvoir dans son sens de prérogatives semble parfois leur manquer.

Il se dessine donc de ce «mouvement» partiel, dans ses départs et arrivées, certaines ovations et d'autres déprimes. Pour ces derniers, c'est la monotonie des jours moins emplis qui s'érigera en une nostalgie terrifiante que ni un investissement de secours, ni un abri confortable n'arriveraient à combler cette privation de considération sociale, ce défaut d'office. Le sentiment de l'inutilité prendra sans doute le dessus. Face à la gloire subsiste la déchéance, face à la charge subsiste l'oubli et face à l'empire demeurent les ruines. Pour certains, la précaution paroxysmale leur était une cause vitale de maintien. Comme le doute et la défiance affichée face au monde deviennent des critères de gestion. Car, il est de ces walis qui commettent comme aussi de ceux qui s'omettent. La différence n'est pas de taille territoriale ni de toise, ni d'âge ; elle est tout simplement visionnelle. Certains sont une humeur d'autres ont une raison. Leur chef Noureddine Bedoui y met du cœur.

Ceux qui partent ont quand bien même fait leur preuve de bâtir et rebâtir qui des métropoles, qui des concepts d'avenir. Ils ont fait aux dépens de leur santé et famille redécouvrir par controverse le plaisir de vivre à leurs citoyens et servir à la relève de défis d'envergure. Ceux-ci ont encore à donner autrement du punch au pays.

Derrière chaque wali se cache un homme. Tout à fait ordinaire, avec ses déboires, ses penchants, ses peines et ses douleurs. Ainsi, l'homme est toujours et le restera à jamais homme, malgré le jeu de rôles précaire et révocable que l'on lui attribue jusqu'à nouvel ordre.