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La «chkara» a de beaux jours devant elle

par Abdelkrim Zerzouri

Le gouvernement va-t-il se montrer «doux», «compréhensif» et «tolérant» avec la «chkara» ? L'idée, pour ce faire, reste pour le moment au stade d'une simple proposition du ministère des Finances, qui a suggéré au gouvernement de prolonger la date de l'opération de bancarisation de l'argent de l'informel jusqu'au 31 décembre 2017. L'idée c'est de ne pas presser ces messieurs qui possèdent des fortunes dans leurs sous-sols, donner plus de temps aux détenteurs de l'argent informel pour qu'ils veuillent bien aller, gentiment, les déposer dans les circuits bancaires, contre une petite «amende» de 7%. Il ne manquerait plus que la tendresse pour amadouer ces grosses fortunes qui évoluent dans la sphère économique informelle et qui causent des dégâts immenses à l'économie nationale.

Lancée le 2 août 2015 par la direction générale des impôts (DGI), en application de l'article 43 de la LFC 2015, avec un délai fixé, lui, au 31 décembre 2016, l'opération dite de «mise en conformité fiscale volontaire», destinée à attirer l'argent liquide de l'économie informelle dans les circuits bancaires, a foiré selon toute vraisemblance. Et, l'on semble lorgner du côté de la nouvelle loi de finances 2017 pour proroger le délai en question jusqu'à fin 2017. Au-delà de cette date, on sévirait contre quiconque sera pris en possession d'argent d'origine douteuse. Il faudrait bien laisser la «chkara» passer cette année 2017 en toute quiétude. C'est une année charnière pour ses activités. Elle a deux rendez-vous très importants, l'organisation des élections locales et législatives, et les deux rendez-vous électoraux font appel à la «chkara».

Ce n'est pas du tout, donc, judicieux d'appeler les gens à bancariser leur argent à la veille de si importants mouvements de fonds. Des partis n'existent que pour cela, attendre les élections et monnayer les places, les premières sur leurs listes électorales. Les candidats qui veulent forcer le destin sont contraints, aussi, de dépenser sans regarder à l'ardoise. Et, cela n'est pas vraiment commode de passer par la banque pour retirer l'argent qui financera les campagnes. Le financement des campagnes électorales se fait au noir, c'est légendaire, même dans des pays réputés très méticuleux au sujet de l'argent «noir».

L'année 2017 sera, de toute évidence, celle du répit qu'on accorderait aux détenteurs de l'argent en circulation dans l'informel. Après, on verra. Qu'importe si la rigueur de la loi subira les bavures d'une gestion hasardeuse. La loi est bien (ou mal) faite par des hommes, et on peut toujours la tordre à raison ou à tort. Prolonger, donc, la date de bancarisation de l'argent informel n'est pas une si difficile entreprise. Ce n'est pas une mission impossible. Tant qu'on y est, la lenteur de l'opération bancarisation n'ayant en rien atteint son but, on ne perd rien à attendre la fin de 2017 et laisser saliver les caisses du gouvernement, encore une année, à attendre ces 40 milliards de dollars en circulation dans la sphère économique informelle.