L'été reste par excellence le mois de tous les excès,
presque tout est permis, parfois, les autorités ferment les yeux sur certains
commerces qui, auparavant, étaient sévèrement réprimés. Ainsi, les deux grands
axes qui traversent la wilaya de Boumerdès, à savoir
la RN 5 vers l'est du pays et la RN 12 qui prend le relais vers Tizi Ouzou à partir de Si
Mustapha, se transforment en des marchés à ciel ouvert durant cette période
estivale. Des jeunes, des vieux et parfois de très jeunes filles ne dépassant
guère les douze-treize ans campent derrière un bidon ou deux de figues ou de
figues de Barbarie cueillies aux aurores dans les champs qui abondent dans
cette région montagneuse. A la sortie de Thenia, des
dizaines de bidons dans un ordre impeccable sont exposés de part et d'autre sur
la route à l'intention des automobilistes, lesquels ne se soucient nullement
des dangers de la route pour sauter sur ces fruits ?exotiques' pour les
Algérois, qui restent les plus prédisposés aux achats selon les jeunes
vendeurs. Après transaction, généralement, ils tombent souvent d'accord sur le
prix du bidon (10 l) aux environs de 200 DA où chacun trouve son compte.
Quelques kilomètres plus loin à la sortie de l'évitement de la localité de Si
Mustapha, ce sont des centaines de cagettes de raisins cueillis sur place qui
attirent les estivants de passage. Les prix restent très abordables, mais, là
aussi, on n'est pas à l'abri d'un accident surtout que les lieux restent très
fréquentés et les chauffeurs appuient plus sur le champignon. Un père de
famille à qui on a demandé le pourquoi de ces achats dans ces endroits
dangereux, sa réplique est sèche : ?'Nous sommes en vacances». Auparavant,
c'était la poterie : les jarres, couscoussiers et marmites s'entassaient sur le
tronçon Thenia-Lakhdaria (Palestro),
rappelait un sexagénaire, mais aujourd'hui, ces produits de l'artisanat local
et régional ont disparu devant le produit chinois. Alors, on se rabat sur la
consommation sans se soucier du danger du produit et/ou de la route du fait que
beaucoup d'accidents, relevés par les éléments de la gendarmerie, ont été
enregistrés près de ces endroits informels, car généralement, ce sont des
personnes étrangères à la région qui s'arrêtent dans ces endroits, ne
connaissant ou ne mesurant pas le danger. « Nous nous arrêtons pour faire
plaisir aux enfants », disent-ils. A la sortie de Naciria,
80 km à l'est de la capitale, c'est le melon qui attire et fait saliver ceux
qui empruntent la RN 12, à quelques encablures de Tizi
Ouzou. Jaune vif, le melon est dans sa région et il
dispute la palme au raisin. Un autre produit a fait son apparition sur les
bords de la route, le poulet de chair dont l'abattage se fait sur place.
Parquées non loin de la chaussée, les poules restent proches du visuel des
automobilistes et là, ce sont les femmes qui descendent pour faire l'achat qui
n'obéit à aucune norme sanitaire. Bref, les vacances tirent à leur fin; il ne restera que les souvenirs des arrêts sur les
bords de route et les achats de figues de Barbarie dans des régions qui
s'ouvrent aux Algériens après des années de peur. Vivement plus de prudence et
les enfants raconteront à leurs amis, à la rentrée, leurs vacances passées.