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Un cartable toxique

par Moncef Wafi

Le 4 septembre prochain, c'est la rentrée des potaches et avec elle son lot de dépenses qui coïncident depuis ces dernières années avec la facture de l'Aïd El Adha. Une rentrée scolaire sur fond de crise sociale mais aussi d'une récession économique, la première depuis les augmentations décidées par la loi de finances 2016. L'équation est difficile voire impossible à résoudre pour nombre de ménages dont les enfants, souvent trois à quatre, sont scolarisés.

Les prix des articles scolaires frisent souvent le ridicule et ne sont destinés qu'à une classe sociale relativement aisée. Le reste doit composer avec la dérisoire prime de scolarité, 3000 DA par tête de pipe, pour satisfaire les interminables et coûteuses listes de fournitures scolaires exigées par des enseignants qui seront plus inspirés en les réduisant au strict minimum. Mais, voilà, les habitudes de l'école algérienne ont la peau dure. Cette rentrée ne va pas déroger à la règle même si on a promis «officiellement» que le dos de l'élève au primaire souffrira moins que les années passées. Le peuple a alors deux choix lors de ses achats: des articles dits haut de gamme avec des prix prohibitifs ou des produits «made in louche» à des tarifs abordables mais de qualité médiocre. Parfois le choix n'est même pas posé et la nécessité du moment fait force de loi.

Pour l'Association de protection et orientation du consommateur et son environnement de la wilaya d'Alger (APOCE), le danger guette les enfants scolarisés à travers des produits ne répondant pas, mais pas du tout, aux normes de sécurité. Des articles scolaires de différentes marques et provenances ont fait leur apparition ces derniers jours à des prix défiant toute concurrence pour certains d'entre eux, selon l'article de notre consœur. L'éventail des risques est grand et concerne des tabliers inflammables, des protège-cahiers plombés, des gommes, des pâtes à modeler et des tubes de colle toxiques ou composés de métaux lourds et des effaceurs allergènes. L'appât du prix et la primeur de l'offre peuvent pousser nombre de familles à céder à la tentation, par ignorance ou par souci d'économie.

Si l'APOCE rappelant les normes internationales en vigueur à respecter et qui doivent être appliquées en Algérie, s'interroge sur les mécanismes d'attribution des autorisations de commercialisation de ces produits. Les Algériens sont censés faire confiance aux services de contrôle au niveau des points d'entrée en Algérie et présumer que tout produit importé est soigneusement vérifié, contrôlé et analysé. Apparemment ce n'est pas souvent le cas.