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Agression contre Ghaza: Massacres et impunité

par Mohamed Mehdi

Le ministère de la Santé à Ghaza a indiqué, hier, que le bilan des victimes au 166e jour de l'agression israélienne s'est élevé à 31.923 martyrs et 74.096 blessés. La veille, l'armée sioniste a commis 10 massacres, faisant au moins 104 martyrs et 162 blessés.

Hier, mercredi, l'armée israélienne continuait d'assiéger le complexe médical Al-Shifa, dans le centre de Ghaza, pour la troisième journée consécutif, indique un correspondant d'Al Jazeera. Alors le directeur du Bureau des médias du gouvernement à Ghaza a fait état de tirs de l'artillerie ciblant les bâtiments de l'hôpital Al-Shifa qui abritait plus de 7000 malades et personnes déplacées, avant la nouvelle attaque menée dès les premières heures de lundi.

Au 166e jour de l'agression sioniste, malgré le blocage depuis plus de deux mois des camions d'aide humanitaire, et les résultats d'enquêtes soutenues par l'ONU sur la famine à Ghaza, le Département d'Etat Américain affirme qu'Israël n'utilise pas la famine comme arme de guerre. Le porte-parole du département d'État américain, Vedant Patel, a déclaré, mardi, aux journalistes que les États-Unis n'avaient «pas encore vu de preuves concluantes indiquant qu'Israël utilise la famine comme arme dans la guerre de Ghaza».

Hier, 10e jour de Ramadhan, des dizaines de martyrs et autant de blessés sont tombés dans les bombardements de l'aviation et l'artillerie israéliennes sur de nombreuses régions de Ghaza, n'épargnant aucune zone du nord au sud de l'enclave assiégée.

Le correspondant d'Al Jazeera a rapporté, en début de matinée, que les corps de 15 martyrs ont été retirés, mercredi, des décombres d'une maison bombardée dans la nuit par l'avion sioniste dans le camp de Nuseirat, dans le centre de l'enclave de Ghaza, ajoutant que les recherches se poursuivaient pour retrouver les personnes disparues. Quelques heures plus tard, la même source indiquait que le bilan de ce bombardement s'est alourdi à 27 martyrs, «dont la plupart sont des déplacés».

Une vidéo d'un journaliste palestinien, diffusée par Al Jazeera, montre les corps des martyrs entassés à l'intérieur et à l'extérieur de la morgue de l'hôpital des martyrs d'Al-Aqsa suite au bombardement israélien des maisons d'habitation du camp de Nuseirat, dans le centre de la bande de Gaza, à l'aube de mercredi.

Le correspondant d'Al Jazeera a déclaré plus tôt dans la journée que le bilan des victimes du bombardement d'une maison du camp de Nuseirat s'élevait à 27 martyrs, dont la plupart étaient des déplacés.

Toujours à Nuseirat, l'armée israélienne a ciblé une voiture faisant 5 martyrs dont au moins un enfant, ainsi que des blessés. Un correspondant d'Al Jazeera a indiqué que l'attaque a eu lieu devant un bureau de l'agence des Nations Unies pour les réfugiés palestiniens (UNRWA) du camp de réfugiés de Nuseirat.

Concernant la même attaque, l'agence de presse palestinienne Shehab rapporte que la cible du raid était le directeur de la police de Nuseirat, Mahmoud Al-Bayoumi, tombé en martyr avec les autres occupants de la voiture.

On dénombre également plusieurs martyrs et blessés dans des raids israéliens visant des maisons dans les camps de réfugiés Al-Bureij, dans le centre de Ghaza.

Un correspondant d'Al Jazeera a aussi rapporté qu'un bombardement israélien contre un immeuble résidentiel dans le quartier d'Al-Zaytoun, au sud-est de la ville de Ghaza, a fait plusieurs martyrs et des blessés.

Dans le nord de l'enclave de Ghaza, d'intenses tirs de l'artillerie israélienne ont visé les zones occidentales de la ville de Beit Lahia et Jabalia. Selon un correspondant d'Al Jazeera, à Jabalia, au moins 3 martyrs sont tombés et 10 autres ont été blessés par le bombardement à partir d'un drone israélien qui a pris pour cible des civils au carrefour Hamouda, à l'est de la ville.

A Rafah, au sud de Ghaza, le bombardement d'une maison, à l'est de la ville, a fait 6 martyrs, dont 2 enfants et une femme, et des blessés.

Israël cible les comités de distribution des aides

Dans la nuit de mardi à mercredi, l'armée israélienne a ciblé un groupe de volontaires chargé de la distribution des aides humanitaires. L'attaque, qui a eu lieu au niveau du rond-point du Koweït, au sud de la ville de Ghaza, théâtre des précédents «massacres de la farine», a fait «au moins 23 martyrs et des blessés», a rapporté un journaliste d'Al Jazeera.

Selon la même source, l'attaque visait les membres d'un «comité populaire» formé par des notables, dont la mission est de coordonner la distribution de l'aide dans la ville de Ghaza, qui se trouvaient dans un lieu appartenant à l'UNRWA, considéré comme un endroit «sécurisé».

Pour rappel, ces comités ont été mis en place dans le cadre d'une coordination entre la police de Ghaza, des notables des villes de l'enclave et de l'agence UNRWA. Ils ont été mis en place pour éviter les scènes de chaos à l'approche des rares camions d'aide humanitaire qui arrivaient au nord de l'enclave.

L'armée israélienne a déjà assassiné deux officiers supérieurs de la police de Ghaza en lien avec la création de ces comités, le général brigadier Fayeq al-Mabhouh, ciblé lundi, et le directeur de la police de Nuseirat, Mahmoud Al-Bayoumi, assassiné mercredi.

Selon un correspondant d'Al Jazeera, le directeur du Comité d'urgence à l'ouest de la ville de Ghaza, Amjad Hataht, fait partie des 23 martyrs tombés hier au rond-point de Koweït.

De son côté, le directeur du Bureau des médias du gouvernement à Ghaza, Ismail Al-Thawabta, a affirmé que «plus de 100 travailleurs humanitaires sont tombés en martyrs dans les 8 massacres commis par l'occupation en une semaine contre les convois d'aide».

Le Mouvement Hamas a lui aussi réagit au ciblage par l'armée israélienne des comités populaires et tribaux qui assurent la distribution de l'aide, affirmant que «c'est la preuve que son objectif est de semer le chaos et l'insécurité», ainsi que de «mettre en œuvre son plan visant à chasser le peuple palestinien de ses terres». Dans un communiqué, Ismail Haniyeh, chef du bureau politique du Hamas, affirme que cette attaque est une «tentative de l'occupation de saboter les négociations en cours à Doha ». Ajoutant : «Tout cela ne permettra pas de réaliser ce plan criminel, et le mouvement restera attaché aux droits de notre peuple et à ses demandes claires de mettre fin à l'agression, d'exiger le retrait de l'armée et le retour des personnes déplacées».

Par ailleurs, un communiqué des notables et des familles de Ghaza a dénoncé «le massacre commis contre la police et les comités de protection du peuple».

«Nous affirmons que toutes les composantes de notre peuple sont unies pour protéger les arrières de la résistance et le front intérieur. Nous resterons solidaires de notre peuple, de notre gouvernement et de notre résistance face aux tentatives absurdes de l'occupation et de ses sbires», affirme le document rendu public mardi.