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Au grand dam des Occidentaux

par Abdelkrim Zerzouri

L'annonce, le 2 avril dernier, de coupes volontaires des volumes de production mondiale de pétrole décidée entre mai et la fin de l'année, par neuf États membres de l'OPEP+, ne passe pas. On croyait qu'on pouvait éviter les critiques et les accusations des pays importateurs de pétrole en procédant à ces coupes d'une manière volontaire, hors cadre du Comité ministériel de suivi OPEP et non OPEP (JMMC), où se prennent généralement ces décisions, mais rien n'y fit. Vraisemblablement, les Etats-Unis et les Occidentaux fulminent contre l'Arabie Saoudite, particulièrement, comme ce fut le cas lors de la réduction des 2 millions de barils/jour décidée, en octobre 2022. L'Arabie Saoudite est, ainsi, accusée par un média américain d'aider la Russie en réduisant sa production de pétrole de 500.000 bpj. Cette décision de l'Arabie Saoudite qui, avec huit autres pays producteurs de pétrole, dont l'Algérie, ayant procédé volontairement à des réductions des volumes de production de pétrole, qui a donné lieu à un retrait d'un total de plus de 1,6 million bpj du marché mondial, a conduit à la hausse du prix du baril, alors qu'il était en chute libre quelques jours auparavant, grâce à ce coup de pouce qui a surpris les observateurs. Dans la première quinzaine du mois de mars dernier, le baril atteignait son plus bas depuis 15 mois (autour de 72 dollars), et ces coupes « volontaires» des volumes de production de pétrole ont permis de renverser la vapeur, portant le baril à 84,73 dollars le 6 avril.

Soit un gain de plus de 10 dollars le baril en moins de trois semaines. Et, quand on sait, selon certains rapports d'experts dans le domaine, qu'une augmentation d'un seul dollar du prix du pétrole brut augmente les revenus de la Russie d'environ 2,7 milliards de dollars par an, les Etats-Unis et les Occidentaux ont de quoi s'inquiéter, eux qui tentent depuis le déclenchement de la guerre en Ukraine d'étouffer l'économie russe. En d'autres termes, c'est le président Poutine qui sort gagnant dans ses relations avec l'Arabie Saoudite. Comment se peut-il que l'Arabie Saoudite soutient la Russie en augmentant ses revenus et en même temps affaiblir l'Occident et son allié stratégique, en l'occurrence les Etats-Unis, en stimulant, chez eux, l'inflation dans le sillage de la hausse des prix du baril ? C'est ce qu'on n'arrive pas à digérer dans ces pays. L'Arabie Saoudite a-t-elle changé de camp ? C'est ce qu'on ne cesse également de se demander, dans les capitales occidentales, depuis plusieurs mois. Sans se donner la peine de comprendre que les pays producteurs de pétrole ont une responsabilité sur le plan de la protection de leurs économies, tout en veillant à assurer la stabilité du marché pétrolier.

Les Etats-Unis et les Occidentaux qui ont essayé de plafonner le prix du baril à 60 dollars ne vont pas rester les bras croisés face aux actions des pays producteurs de pétrole qui semblent avoir la main haute sur les prix du baril sur le marché mondial. Comment vont-ils s'y prendre ? En s'attaquant, certainement, à l'unité des rangs des pays producteurs de pétrole, qui a permis de stabiliser les prix du baril à des niveaux acceptables pour tout le monde, normalement, enfin sans cette guerre économique contre la Russie.