Envoyer à un ami | Version à imprimer | Version en PDF

Une réflexion s'impose

par Abdelkrim Zerzouri

L'affaire de l'enseignante poignardée, mercredi dernier, par son élève au sein de l'établissement scolaire a perturbé le cours tranquille d'une année scolaire, où l'on a pu venir à bout de différents problèmes qui pesaient sur sa sérénité. Surcharge des classes et tensions sur le front social ont été, en effet, aplanies grâce aux mesures initiées par les pouvoirs publics, avant que cette attaque violente contre une enseignante ne vienne frapper les esprits quant à la résurgence cyclique de ce dossier de la violence en milieu scolaire, qui n'est pas du genre à être traitée dans l'urgence. Le ministre de l'Education nationale, lors d'une visite effectuée à Batna pour s'enquérir de la santé de l'enseignante agressée, a classé cette affaire dans le cadre de l'acte isolé, soulignant dans une déclaration à la presse en marge de sa visite que « cette agression était un cas à part et isolé qui ne reflétait pas la situation des établissements de l'éducation ». Tout en rassurant quant à la stabilité de l'état de santé de l'enseignante.

Dans ce même sillage, le premier responsable du secteur de l'Education a annoncé « l'ouverture d'une enquête en vue de déterminer les circonstances exactes derrière ce drame et d'établir les responsabilités de tout un chacun » dans cette triste affaire. A cet effet, il n'a pas manqué d'assurer également « la prise des mesures nécessaires à l'encontre de toutes les personnes responsables de cet incident, ainsi que l'application stricte de la loi ». Affirmant, dans ce sillage, que l'Etat, à travers son département ministériel, déploie tous les efforts pour «assurer la sécurité nécessaire à l'ensemble des professionnels du secteur», le ministre a laissé entendre que «cet incident exige une réflexion sur les changements à apporter aux règlements internes des établissements scolaires».

Pourquoi ne pas engager par la même occasion une réflexion sur la violence en milieu scolaire ? L'agression violente de l'enseignante à Batna est réellement un acte isolé, mais pas un fait divers, et il devrait quand même inciter à prendre les devants pour prévenir ce genre de comportement violent des élèves. Certes, cette violence est un problème de société, pas spécialement de l'école, méconnu ou qu'on ne veut pas regarder en face, tel un tabou, mais les pouvoirs publics, pas uniquement au niveau hiérarchique, seront bien avisés de confier ce dossier à des experts et appliquer leurs recommandations. Les syndicalistes, pour leur part, appellent depuis quelque temps, déjà, à l'élaboration d'une loi qui criminalise les violences contre les enseignants, et les personnels de l'Education d'une manière générale, bien sûr quand cette violence est exercée par des personnes qui ne font pas partie du secteur, au même titre que pour les personnels de la Santé. Mais, en milieu scolaire, on ne peut empêcher la violence que par la pédagogie et l'éducation, où la responsabilité est partagée entre enseignants et parents d'élèves.