Une flopée de centres commerciaux s'érigent ici et là. Certains s'activent déjà, d'autres, nombreux, sont en construction. Tous ont pris naissance en emboitant le pas à la hardiesse et à la démultiplication du nombre des importateurs pas toujours réguliers qui ont investi les marchés turcs et chinois. Ce fut au temps du bakchich officialisé et des frontières poreuses quand les milliards de dinars étaient comptés avec d'approximatives pesées. Au moment où les yeux et les gros bras tendus sur un florissant commerce de bazar.

Le vent a aujourd'hui changé de direction. L'écume néfaste de la crise économique mondiale et ses épousailles avec les affres de la pandémie ont bouleversé l'ordre du marché n'accordant plus qu'un espace étroit à la débrouille commerciale. Le négoce a repris ses vieux habits et de nombreux commerçants, petits et grands ont dû baisser rideaux. Des centres, hier encore ragaillardis, ont vidé leurs étagères et ont fermé leurs portes. Le nouveau pouvoir politique en assainissant et en recadrant drastiquement les échanges commerciaux avec l'étranger a fait disparaître des milliers d'importateurs, certains ayant utilisé des sentiers contestables. Ne reste d'espaces libres aujourd'hui qu'à ceux qui disposeraient d'un génie dans l'art de commercer et de créer. Et ne sera plus importateur ou commerçant qui veut.

En soi et par de nombreux aspects, le raidissement du marché n'est pas négatif. Il frappe de plein fouet la culture de la facilité pour peu que les consommateurs soient prémunis des malhonnêtes marchands manœuvriers. Il oblige surtout les acteurs commerçants à mieux s'appliquer dans la voie de la recherche et de la création dans la panoplie du métier de commercer.

Lourd sujet que voici car il doit reposer sur une riche consistance humaine forte de compétences et de savoir-faire pour affronter la pénible situation actuelle où l'inflation et le coût de la vie dans un monde en ébullition ont la partie belle.

L'affrontement n'est pas aisé et de son issue dépend la force ou la faiblesse du pays.