Envoyer à un ami | Version à imprimer | Version en PDF

Pas de fumée blanche au sommet de Kigali

par Kharroubi Habib

Les chefs d'Etat et de gouvernement ayant participé à Kigali aux travaux du 27e sommet ordinaire de l'Union africaine ne sont pas parvenus à désigner un successeur à la présidente sortante de la Commission de l'UA, la Sud-Africaine Nkosazana Dlamini-Zuma qui n'a pas souhaité sa reconduction au poste. Ils ont convenu de reporter l'élection à janvier prochain. Trois prétendants étaient en course à Kigali: une ex-vice présidente ougandaise, le chef de la diplomatie du Botswana et son homologue de Guinée équatoriale. Nul d'entre eux n'a obtenu la majorité des deux tiers requise.

La raison en serait selon les observateurs que de nombreux Etats jugeant que les trois candidats à la succession « manquent d'envergure » se sont abstenus de voter au dernier tour du scrutin. De fait, c'est bien cet argument que la Communauté économique des Etats de l'Afrique de l'Ouest (CEDEAO) a mis en avant quelques semaines avant la tenue du sommet de Kigali pour demander le report de l'élection du remplaçant de la présidente de commission sortante afin de permettre à de nouvelles candidatures plus convaincantes de se déclarer.

Il n'y a pas pourtant que cette considération qui a joué dans le scrutin de Kigali. Il y a celle plus déterminante à coup sûr ayant pour origine la rivalité jamais ouvertement déclarée qui oppose les Etats membres de l'Union africaine et dont les protagonistes se déterminent en fonction de leur appartenance aux deux principales zones que sont l'Afrique francophone et l'Afrique anglophone. Les chefs d'Etat et de gouvernement africains qui se sont abstenus de voter ont moins tenu compter du « manque d'envergure » des trois candidats qui ont sollicité le suffrage du sommet que du fait que l'élection de l'un d'entre eux ne contribuerait en rien à élargir l'influence au sein de la Commission et autres rouages de l'UA des zones géopolitiques auxquelles leurs Etats appartiennent. Le report de l'élection procure aux deux blocs le temps de mener des tractations en vue d'aboutir à une désignation qui se dégagerait une fois que les uns et les autres se seront fait de réciproques concessions.

La présidence de la Commission de l'Union africaine, la plupart des Etats du continent rêvent de la voir assumée par une de leurs personnalités nationales. L'Algérie n'aurait eu aucun mal à l'obtenir pour l'un des siens. Le nom de Ramtane Lamamra a été pendant longtemps cité parmi les possibles prétendants à la succession de la présidente sud-africaine sortante. Il a été unanimement admis que sa candidature et son élection assurée contribueraient à dynamiser le rôle de l'Union africaine et à en faire un acteur respecté et écouté au sein du concert international. Pourquoi le président Bouteflika n'a pas jugé utile pour le pays et pour l'Afrique que l'Algérie déclare la candidature de Lamamra ? Mystère et boule de gomme.

L'Algérie qui est respectée tant par les Etats francophones qu'anglophones du continent pourrait toutefois être sollicitée de faire une déclaration de candidature pour l'un de ses représentants, cela dans le cas où le consensus serait impossible à forger par les deux blocs.