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Un périple pour contrer la diplomatie algérienne

par Kharroubi Habib

Le redéploiement de la diplomatie algérienne en direction du continent africain s'opère de façon spectaculaire et efficiente depuis que Ramtane Lamamra, fin connaisseur des réalités africaines, en assume la direction. Il vaut à l'Algérie un singulier retour en force de son influence sur la scène africaine. Ce qui se vérifie à travers l'unanimité de l'approbation continentale que suscitent ses positions sur les conflits et crises qui secouent l'Afrique et le rôle qu'elle joue dans la recherche de leurs solutions. Mais aussi par le défilé incessant dans sa capitale de chefs d'Etat et de gouvernement africains.

Ce regain d'influence a permis à l'Algérie d'engranger un succès diplomatique de taille sur le dossier du conflit du Sahara Occidental. Elle est en effet parvenue à obtenir de l'Union africaine qu'elle se fasse plus agissante et pugnace sur ce dossier qu'elle ne l'a été jusqu'alors. De fait, l'Union africaine a fait deux gestes qui confirment qu'elle est déterminée à être plus offensive dans la défense des droits du peuple sahraoui et de la RASD qui siège de plein droit en son sein. Le premier a consisté en la nomination pour son compte d'un monsieur «dossier du Sahara Occidental» en la personne de l'ex-président mozambicain Joaquim Chissano et le second en un appel lancé samedi dernier par son Conseil de paix et de sécurité demandant au Conseil de sécurité de l'ONU à hâter le processus de référendum au Sahara Occidental.

Ces signes de retour en force de l'influence de l'Algérie sur la scène africaine n'est pas sans inquiéter le Maroc. Pour tenter de la contrecarrer, le cabinet royal et le Makhzen préparent une prochaine tournée de Mohamed VI dans plusieurs pays subsahariens. Les ministres des Affaires étrangères (Salaheddine Mezouar) et des Finances se sont ainsi rendus en «visite de travail» en Guinée, au Sénégal, en Côte d'Ivoire et au Gabon et iront probablement ailleurs. A travers cette visite programmée de son monarque, le cabinet royal et la diplomatie marocaine espèrent qu'ils auront l'opportunité de conforter les liens existant entre ces pays et le Maroc et obtenir de leurs dirigeants qu'ils s'en tiennent sur la question sahraouie à l'équivoque position pour laquelle ils ont opté qui consiste à se satisfaire du statu quo qui prévaut en cette affaire.

L'offensive diplomatique algérienne ayant concerné et même en priorité ces pays que le roi a inscrits dans son agenda de visite, la réplique marocaine risque de se conclure par quelques déboires pour le royaume. Même en ces pays où le Maroc bénéficie de «sympathies» ayant été le plus souvent suscitées grâce à des largesses à effet douteux pour leur intérêt national, l'influence algérienne est de retour et avec elle une vision plus juste de la nature du conflit du Sahara Occidental et l'obligation morale pour l'Afrique de le solder en tant que dernier reste du colonialisme sur le continent. Elle s'impose d'autant à eux qu'ils constatent que la cause sahraouie a incontestablement enregistré des soutiens internationaux qui font efficacement bouger les lignes en sa faveur et ont dévoilé la fausseté de la thèse de la «marocanité» du Sahara Occidental et de la prétendue adhésion du peuple sahraoui à cette fiction dont il paye le maintien en sang et répression.