Envoyer à un ami | Version à imprimer | Version en PDF

LE SUICIDE COLLECTIF, GAGE ET ATOUT

par M. Abdou BENABBOU

Des faits immédiats et instantanés en vrac. Phénoménale pagaille dans les aéroports algériens et étrangers suite à une grève. Trois accidents du tramway d'Oran après un arrêt de travail. L'association des transporteurs exigeant l'effacement de leurs dettes et un nouveau crédit financier sans intérêts dont le remboursement ne débuterait que dans dix ans ! Pas moins avec la fausse pudeur de ne pas exiger plus pour éviter que l'on se demande s'il faille en pleurer ou en rire. Ce chef-d'œuvre au coloriage particulier ne concerne que le seul secteur des transports. A lui seul il suffit pour taire le reste. Sinon d'ajouter pour contenter l'impressionnant grabuge, l'accompagnement d'une déclaration d'un chef du gouvernement qui se dit décidé à donner un coup de pied dans le mongolisme d'une ruche ne produisant que des fétidités à défaut de miel. Cette volonté ne pouvait mieux tomber pour donner au désordre une harmonie.

Les travailleurs de l'aviation comme les transporteurs ne sont pas du tout en cause. Toute la population active comme le monde du travail non plus. Pour leur survie, ils estiment être dans l'obligation de s'adapter à une culture généralisée prenante où la philosophie du suicide collectif est devenue un atout et un gage. Bien évidemment la responsabilité incombe à la majorité de la classe politique. Elle est entière pour celle désignée sur la base de sa maîtrise de l'art de l'apparat et de la compromission. On ne peut rien attendre non plus de forces censées être vives mais éduquées dans les interminables chaînes devant les Souks El Fellah et auxquelles on n'a pas appris à fructifier des intelligences pour les achalander dans les rayonnages et auxquelles sans crier gare le père de la nation a exigé d'elles de relever la tête.

Le drame a été qu'elles ont relevé la tête, le non-sens et le reste avec. Le président de la République pour des considérations politiciennes et trop approximatives ne se rendait pas compte qu'il invitait avec une forte emphase et véhémence le serpent à se mordre la queue.

Le chef du gouvernement et un large pan de la société algérienne donnent l'impression de vouloir rester figés dans le même esprit.