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Initiative du FFS: entre lignes rouges et franches oppositions

par Kharroubi Habib

A ce jour, deux partis parmi ceux que la direction collégiale du Front des forces socialistes (FFS) a rencontrés dans le cadre des consultations qu'elle a entreprises autour de son initiative de conférence de consensus national lui ont exprimé sans équivoque leur accord et adhésion à sa démarche. Il s'agit du PLJ que préside l'ancien ministre de la Communication Mohamed Saïd et du TAJ d'Amar Ghoul, ministre des Transports dans l'exécutif gouvernemental. Tous les autres lui ont exprimé soit leur refus poli d'entrer dans sa démarche, soit fait des réponses sibyllines qui prêtent à des interprétations contradictoires.

Parmi les partis dans ce dernier cas, il y a le FLN dont l'ambiguïté de la position a été la plus marquée. Apparemment le parti de Saïdani soutiendrait à fond l'initiative de la direction du FFS sauf que contrairement à ce que ses promoteurs préconisent sur ce que les éventuels participants à la conférence du consensus national se doivent de s'abstenir à savoir ne pas fixer de lignes rouges à la rencontre, Saïdani a assorti la participation de son parti à la non discussion et remise en cause de la « légitimité » de Bouteflika dont la contestation est pourtant le liant des pôles d'opposition qui se sont constitués.

Il paraît de ce point de vue étrange que le TAJ qui est dans la mouvance présidentielle se soit démarqué du FLN tête de file de ce courant en n'exprimant pas le même préalable que lui. Est-ce à dire que les relais partisans du pouvoir ne partagent pas la même vision sur ce dont doit débattre la conférence que le FFS ambitionne de réunir et seraient en divergence sur les objectifs qu'elle devrait fixer ?

Il est clair que le FLN, s'il doit participer à l'éventuelle conférence pour laquelle plaide la direction du FFS, ce serait uniquement pour défendre le principe d'un consensus à construire autour du pouvoir dont il est le porte-voix partisan principal et non sur le départ négocié et ordonné de celui-ci. Prétention rejetée par avance par la majorité de l'opposition qui milite pour une tout autre conception du consensus national en débat. Laquelle fait apparaître chez les partis d'opposition qui l'ont formulée solidairement mais non sans quelques nuances dans leurs propositions respectives sur les éventuelles parties prenantes au consensus national et au processus qui permettrait d'y aboutir, qu'ils se refusent à parler autour de ces questions aux conditions du pouvoir.

Pour avoir tenté de faire bouger les lignes entre la position que défend le FLN de Saïdani et celle des oppositions qu'il a ou va approcher, le FFS se voit fustigé par d'irréductibles détracteurs qui l'accusent tout simplement d'en être réduit au rôle de supplétif, quémandeur du pouvoir. Le paradoxe autour de ce problème du consensus national est que tout le monde dans la classe politique admet que sa construction est un impératif national au vu de la situation interne et régionale dans laquelle évolue le pays, se déclare disposé à en débattre, mais s'en prend en même temps par l'anathème et la disqualification des propositions ou initiatives visant ne serait-ce qu'à instaurer un dialogue inclusif sur le sujet. L'initiative du FFS va avoir au moins le mérite de clarifier les stratégies des uns et des autres sur cette question du consensus.