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Yémen: double menace sur le régime d'Ali Abdallah Salah
par Kharroubi Habib
Le Yémen, où sévit déjà la violence terroriste exercée par
des groupes islamistes extrémistes agissant sous la bannière d'El-Qaïda, est de
plus le théâtre d'affrontements dans le nord du territoire entre les forces
armées fidèles au régime républicain du président Ali Abdallah Salah et des
rebelles zaydistes, luttant pour le rétablissement du régime monarchiste sous
la forme de l'imamat. La confrontation entre les deux camps remonte au coup
d'Etat qui renversa en 1962 l'imamat zaydite, alors forme de pouvoir yéménite,
pour lui substituer la république. Après des années d'une guerre fratricide,
les deux courants antagonistes étaient parvenus à conclure un accord de paix,
grâce à l'entremise de pays voisins pour qui, dans le contexte de l'époque, la
guerre civile sévissant au Yémen représentait un danger de déstabilisation
régionale dont ils craignaient l'extension à leurs pays respectifs. La
résurgence de cette guerre yéméno-yéménite est à décrypter à l'aune de celle
feutrée que se livrent l'Iran et les Etats arabes dits modérés de la région
avec pour toile de fond des oppositions de l'ordre du religieux, attisées par
l'ambition du premier nommé de s'imposer en tant que première puissance régionale.
D'où le paradoxe que si dans les années 60 les insurgés monarchistes, de
confession chiite de surcroît, ont bénéficié du soutien multiforme massif de
l'Arabie Saoudite, voisine wahhabite, dont la stratégie à l'époque était de
faire pièce à l'influence du régime nassérien républicain et antimonarchiste,
qui avait pris fait et cause pour leurs adversaires, ils bénéficient cette
fois, selon des sources concordantes, de l'appui de Téhéran alors que Ryadh
accorde le sien au président Ali Abdallah Salah et ses partisans. Cette
configuration des alliances étrangères dont bénéficient les belligérants
confirme que le Yémen est un nouveau terrain où les Etats régionaux en conflit
ont décidé d'élargir leur confrontation. Il en résulte que le régime d'Ali
Abdallah Salah doit faire face désormais à deux menaces: celle représentée par
la violence terroriste pratiquée par les affidés de la nébuleuse d'El-Qaïda,
bien implantée dans le pays, qui est à majorité sunnite précisons-le, et par
l'insurrection animée par les zaydistes islamistes chiites. A bien des égards
la situation qui prévaut au Yémen renvoie à celle que vit l'Irak, ce qui fait
planer le même risque d'explosion de son unité nationale pour le premier nommé
que celui qui menace le second. Ali Abdallah Salah est réputé pour son
intelligence manoeuvrière qui lui a permis de maintenir à flot son régime en
des circonstances qui furent périlleuses pour sa survie. Sauf que cette fois la
conjugaison des périls auxquels il fait face se produit alors que son régime a
perdu du soutien dont il a bénéficié en ces occasions au sein de la majorité de
la société yéménite. Celui que lui prodiguent les Etats-Unis au nom de la lutte
contre le terrorisme international à laquelle il s'est rangé et celui que lui
accordent Ryadh et les pays arabes «modérés», motivés par leur détermination à
contrecarrer «l'expansionnisme iranien» dans la région, ne seront pas de trop
pour l'aider à ne pas perdre pied sous les coups de boutoir des deux offensives
auxquelles son pays et son régime sont soumis.
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