Nous pensions affronter une quatrième vague, or nous en sommes à la cinquième. L'ironique et perfide virus, narquois et insaisissable s'est joué de nous dans un tour du monde nous ayant indiqué l'étape de départ en gardant secrète celle de l'arrivée finale. L'intelligence humaine pour peu qu'elle soit encore présente devrait nous inciter à nous résoudre à comprendre l'énorme supercherie dont il ne cesse de nous nourrir pour accepter que nos plis et nos habitudes doivent être définitivement momifiés pour que nous adoptions un nouveau profil. Sans doute gardons-nous en mémoire le fléau de 1918 avec sa grippe espagnole et les 50 millions de morts pour nous convaincre que le malheur à défaut d'une fin a toujours une halte durable. Les masques et les bavettes ne datent pas d'aujourd'hui et il fut un temps pas si lointain où on s'était armés faute de moyens suffisants de serviettes et de foulards pour se prémunir de la succession des virus.

En attendant, nous sommes collés à la cadence qu'il nous impose en litant les vaccinations et leurs lignées sans grande conviction car il faut bien s'avouer que la médecine a montré ses limites.

Les commerces ferment et rouvrent, actes empreints de désespérances et farandoles existentielles tâtonnantes pour sauver ce que l'ordinaire a de plus élémentaire. Après avoir respiré momentanément un peu d'air, la plupart des pays reviennent à la case départ soumis à l'obligation de bouleverser leurs modes de vie et à apprendre à respirer autrement. Comme un malheur n'arrive jamais seul, crises pandémique, économique et sociale enflées, tous les gouvernements tentent dans un immense inconfort d'assumer leurs responsabilités, partagés entre le sauvetage des vies et le contentement des bouches à nourrir. Il est presque à croire que tous sont nés sous une mauvaise étoile pour s'être laissés engager dans un véritable foutoir.

Pour le moment, l'homo sapiens n'a que sa peine et sa détresse à afficher pour se soulager à ce qui s'apparente à une descente aux enfers.