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Dépolitiser l'enseignement du français: Enseigner le français en tant que langue vivante

par Sofia Ghezali

L'Enseignement du Français étant une portion du programme scolaire national, il doit au même titre que les autres disciplines animer le raisonnement logique et le jugement méthodique, ces composantes de la mentalité scientifique ce qui évitera à l'esprit d'être en proie à la perte de rationalité, à l'équivoque, à l'incertitude et à l'incohérence dans sa démarche intellectuelle qu'elle soit spéculative* ou conceptuelle* parce qu'il saura explorer, prospecter, sélectionner, abstraire, concevoir, élaborer, agréger, abroger. Il l'incitera par ailleurs à entretenir la culture opérationnelle* qu'il acquerra. Dès lors, nanti de connaissances linguistiques il saura intégrer ses aptitudes dans la dynamique de leur épanouissement. Il méprisera désormais, l'illusion du savoir et affrontera. Les situations-problèmes qui tenteront de l'assiéger.

*Démarche intellectuelle spéculative : c'est un démarche intellectuelle qui met à nu la vérité, quand bien même dans sa relativité, qui la rétablira dans sa légitimité et qui animera l'esprit pour qu'il démêle le vrai du faux, le légal de l'illicite, le réel du factice, l'essentiel du secondaire.

*Démarche intellectuelle conceptuelle : c'est une démarche intellectuelle qui organise une notion, une idée en concepts.

*Culture opérationnelle : c'est une culture qui acquise à l'esprit lui permet d'animer son savoir-faire et son savoir-être. (Le savoir-faire consiste à savoir observer, interpréter les données, procéder à des déductions, formuler des prévisions, émettre des hypothèses, classer, communiquer, planifier, combiner. Le savoir-être est le mode de penser, d'interpréter et d'agir de mieux en mieux élaboré).

Dans cette optique, l'Enseignant de la langue française doit être un Formateur entrepreneur. Il doit, au même titre que les enseignants des autres matières, occuper une place centrale dans la vie sociale.  Autrement dit, en enseignant cette langue étrangère en tant que langue vivante, c'est à dire dans tous ses modules, (vocabulaire, grammaire, syntaxe, conjugaison, lecture, écriture, étude de textes, productions orales et écrites), il y jouera un rôle majeur et autant irremplaçable. Contribuant lui aussi à façonner des générations d'Algériennes et d'Algériens, il recouvrera la considération sans laquelle il ne pourra accomplir dignement la haute mission dont il a la charge. L'évidence qu'il n'est pas inutile de rappeler est criarde : on ne peut faire avancer la réussite scolaire sans lui. Sa mission sera donc de fertiliser la prédisposition de l'esprit à aimer pour apprendre, à apprendre pour connaître, à connaître pour découvrir, à découvrir pour évoluer.

Pour ce faire, une politique qui réconforte les conditions socioprofessionnelles de son statut, s'impose. Elle en fera un manager en mesure de communiquer à son élève un savoir précis, de structurer en lui une culture opérationnelle sans cesse actualisée et de développer sa démarche intellectuelle spéculative. Il façonnera son intelligence en armant son esprit pour le rendre apte à faire avec la sévérité de la vérité, avec le rigorisme de la raison, avec les limites de la liberté individuelle, avec l'impartialité de la justice et la franchise de la justesse. Il l'aidera à acquérir graduellement l'autonomie de la pensée et de l'action réfléchies.

Cependant, la qualité de l'enseignement de Français à dispenser et le niveau de la formation escomptée dépendront de sa compétence, du sens de sa disponibilité, ainsi que de ses qualités humaines et pédagogiques. Cela signifie qu'une attention particulière devra être accordée aux critères de son recrutement, à sa formation initiale, (capital cognitif acquis) et à son perfectionnement professionnel continu, (savoir-faire pédagogique), ce qui implique une redéfinition des missions des structures des institutions de formation, (ITE et corps inspectoral).

Le rôle de ces structures de formation devra être en rapport avec le niveau de la charge pédagogique qui lui incombe et l'espérance dont il est porteur. Souscrivant au rôle de ces structures de formation, la première règle qu'il apprendra est que l'évolution de sa méthode éducative ne peut être fonction que de ses aptitudes professionnelles et donc, de son degré d'implication dans la mission qui lui est dévolue. Une réforme de l'enseignement du Français ne peut donc aboutir si la refondation de la formation de l'enseignant n'est pas envisagée.

L'enseignement du Français entendu, lato sensu, de qualité à animer, s'attellera à former l'esprit et non à le dresser. Il se centrera sur la formation de son habileté psycho-mentale et sur ses aptitudes intellectuelles structurantes pour lui apprendre à apprendre. Il tentera donc d'établir une communion entre l'esprit et le savoir, ce qui favorisera l'intégration des données nouvelles dans des schèmes antérieurement formés. Il dispensera une formation qui l'initiera à connaître son envergure intellectuelle, et cognitive.

Pour exercer le métier d'enseignant de Français, la première des aptitudes est la capacité de gérer son savoir didactique et d'actualiser son avoir cognitif. Etant communément admis que posséder l'avoir cognitif ne suffit pas pour le transmettre, devrions-nous alors, continuer à proposer des concours de recrutement d'enseignants fondés uniquement sur le niveau de connaissances comptabilisées et reléguer l'aptitude à les enseigner à un rôle accessoire ? Posséder le savoir n'implique pas automatiquement l'aptitude à le communiquer.     

Cela n'insinue pas qu'un bon niveau de savoir n'est pas nécessaire, mais une formation pédagogique est absolument indispensable.

Appelé à gérer, avec clairvoyance une mission éducative et un acte pédagogique progressistes, l'enseignant de Français rompra alors avec le fonctionnariat stérile qui tend à le phagocyter pour s'investir dans la recherche de méthodes et procédés qui assureront à ses élèves un plus dans la compréhension, la rétention, l'assimilation et l'exploitation des concepts. Appelé à structurer une conviction : mener le plus d'élèves possible vers la réussite, son souci sera de ne pas produire la faillite de l'esprit. Or il se trouve que beaucoup d'enseignants de Français, subissant les affres d'une formation professionnelle, (pédagogique), carencée, tronquée dispensée par les ITE, encore moins soutenue par les chefs des établissements scolaires en leur qualité de gestionnaires de la mission éducatives parce ignorants en la matière. Cependant et bien qu'ils comptabilisent un capital expérientiel certain, ils n'arrivent pas à juguler les insuffisances qui se manifestent au plan professionnel, la démotivation étant en tête d'affiche.

Moralité, la gestion du système de l'enseignement du Français doit faire l'objet d'une évaluation systémique confortée par une évaluation formative des méthodes et procédés en vigueur. Appelé à répondre aux attentes sociales qui s'expriment, les points faibles qu'il distille et qui s'y agencent en chaîne, devront être corrigées et ses points forts, consolidés.

Pour paraphraser Philippe Mérieux, le souci de la réforme de l'enseignement du Français serait donc de «modifier profondément la rapport enseignant /enseigné pour arriver de faire de l'enseigné un stratège et l' auto constructeur et de son propre savoir ».

Il est donc impératif de repenser les critères de la formation au niveau des ITE ainsi que ceux de celle dispensée par les Inspecteurs si on veut améliorer les niveaux de l'apprentissage de la langue Française dans nos établissements scolaires qu'ils soient du primaire, du moyen ou du secondaire. Cela dit, les enseignants qui l'animent doivent être nantis d'une formation da base, (cognitive) et d'une formation professionnelle sans cesse recyclées car ce qu'ils connaissent aujourd'hui aura demain l'allure d'ébauche. Vu l'accélération du progrès qu'il soit scientifique ou pédagogique, des remises à niveaux systématiques, devront faire partie de leurs engagements. Une formation continue devra être de mise car former autrui c'est d'abord se former soi même.

Former autrui c'est d'abord se former soi- même

De nombres définitions de « la formation » ont été données. Presque toutes admettent que former autrui, c'est le préparer le mieux possible pour lui permettre d'affronter la réalité future. C'est du coup le munir de connaissances instrumentales, mais surtout le rendre capable de s'adapter aisément aux nouveautés et aux imprévus. C'est donc le rendre disponible et réceptif et lui apprendre à s'orienter librement, à se déterminer de l'intérieur de lui et en fonct0ion de ses aptitudes exponentiellement utilisable et à définir la conduite à tenir en pleine connaissance de cause.

C'est en définitif le rendre « instruisable ». Cela suppose que celui à qui incombe la tâche de le l'instruire, de l'éduquer, de le former et de le qualifier ne doit pas être ignorant. Il appartient par conséquent à l'enseignant de Français au même titre que les enseignants des autres matières de compléter leur formation par une culture personnelle et de parfaire leur culture professionnelle.

Un enseignant de Français ou de toute autre matière routinier, prisonnier de ses procédés et méthodes empiriques, inséparable de ses manuels, figé dans ses habitudes, ne peut réellement former.

Pour qu'il ne pratique donc pas un dressage déguisé, il faut qu'il s'impose un perpétuel effort de ressourcement cognitif et culturel et fasse passer sur l'enseignement qu'il dispense le souffle vivifiant de l'actualité.

En ce qui concerne son élève. Il lui appartient de l'ouvrir au monde. Cependant, il ne le pourra pas s'il ferme lui-même les yeux sur ce monde mouvant et complexe qui l'entoure. Il lui appartient donc d'être toujours en quête d'informations nouvelles, « à la page ». Il doit se sentir toujours prêt à affronter le monde dans sa complexité changeante. Il doit s'intéresser à tout ce qui se passe autour de lui.

Combien même, il maîtrise un solide savoir de base, (avoir cognitif), il ne doit pas négliger de réfléchir à la façon de le transmettre.

Acquérir ce talent, suppose un long et vigilant apprentissage. Maitriser un avoir professionnel conséquent sans cesse amendé est autant indispensable. Il doit être formé à savoir provoquer l'éveil de l'intelligence de ses élèves, de prendre part à la construction de leurs personnalités et à la structuration de leurs champs aperceptifs et de leurs corps de pensée. Il doit à cet effet être initié à :

-respecter chacun d'eux dans son individualité intellectuelle, psychologique, mentale et sociologique. Le souci est de l'intéresser et de lui permettre de progresser à son propre rythme, avec ses différences et donc, en fonction de ses propres moyens ;

-leur proposer des situations pédagogiques à travers lesquelles ils pourront s'approprier le savoir, définir et mettre en place leurs propres schémas de pensée et devenir, progressivement, les artisans de leur propre progrès ;

-tenter de circonscrire les déterminants potentiels des difficultés qu'ils éprouveraient dans leur apprentissage. L'objectif est de leur permettre de les vaincre. (Il s'évertuera à améliorer ou même à corriger les situations pédagogiques proposées ou encore à apporter un soutien particulier à ceux qui en éprouvent le besoin).

-s'investir dans une évaluation sommative et formative systématique pour permettre à celui qui parmi ses élèves sera défaillant de reprendre à sa charge les éléments manquants à la construction de son progrès. L'objectif majeur attendu de cette évaluation est de faire du constat de l'échec comptabilisé un élément de synthèse, un élément de formation. Il s'agit alors de faire découvrir à ceux qui seront en situation d'échec les causes de leur faillite et de leur proposer une solution, un remède à celle-ci.

II s'agit de les amener à cerner leurs lacunes, à apprécier leurs conséquences et à les corriger. S'engager avec lucidité dans cette entreprise, c'est aider chacun de ses élèves à construire son apprentissage et à s'orienter peu à peu vers sa vocation d'apprenant.

Aider ses élèves à construire leur apprentissage c'est savoir :

1) Communiquer avec eux

Communiquer avec ses élèves, c'est collaborer avec eux, c'est créer une relation pédagogique où ils seront les partenaires privilégiés. La mission de l'Enseignant de Français étant d'aider ceux-ci, non seulement à se dépasser sur le plan linguistique mais aussi et surtout à s'élever de la connaissance confuse vers la connaissance distincte, de la connaissance distincte vers la connaissance déterminée, de la connaissance déterminée vers la connaissance claire, il lui appartient de les prendre au sérieux et de les traiter, dans leurs différences en interlocuteurs respectés. Il les prendra en charge dans une relation positive, optimiste, chaleureuse, exigeante. Il n'oubliera pas que le sentiment d'injustice manifesté à leur endroit est vif et déstructure indubitablement le climat de la classe, il lui importe alors de l'abjurer.

Tout en éprouvant du plaisir à vivre parmi ces élèves, il saura s'enrichir de leur fréquentation au quotidien. Cependant, il doit donner à cette situation pédagogique de communication et de collaboration son vrai sens. Il en fera une relation de tutelle, (de protection) et non d'autorité, une relation où chacun saura se situer sans angoisse, où chacun sera associé à l'évaluation de son travail.

La fonction de communication suppose donc une maitrise dans la gestion des relations interpersonnelles et dans l'animation du travail en équipe.

L'Enseignant de Français doit être en perpétuel éveil, en attente continue. En sachant communiquer, il saura écouter, diriger, transmettre, orienter, encourager, communier même avec ses élèves. Il ne doit pas se sentir mal à l'aise à la moindre question qui lui est posée. Il ne fera jamais dans le laxisme. Il prendra acte de certaines attitudes pour pouvoir corriger ses observations et adapter son enseignement aux différentes stratégies à adopter.

Il doit non seulement savoir écouter, mais également entendre, c'est-à-dire qu'il se refusera d'interférer dans une démarche personnelle d'apprentissage pour imposer la sienne. Il écoutera et entendra ce que lui dira son élève pour mieux comprendre ce qui, éventuellement, fait obstacle à la construction de son « savoir ». Cela dit, même si cette « écoute » dépasse parfois le sujet de son enseignement, l'Enseignant doit être là. Il doit montrer que dans la relation, enseignant-enseigné-enseignement, il y a tout compte fait, « l'humain ».

Moralité, pour construire son enseignement, l'Enseignant de Français ne perdra pas de vue les objectifs communs attendus par tous ses élèves comme il s'intéressera à leurs déviations, (leurs objectifs individuels). La communication qu'il développera sera donc individualisée.

2) Les accompagner dans leur scolarité :

Accompagner ses élèves dans leur scolarité, c'est partager avec eux les connaissances et la méthode de travail. C'est ouvrir leurs esprits à la curiosité de réflexion. C'est mettre un terme au rôle de l'enseignant prescriptif et dogmatique et au statut de l'élève qui, mis sous coupe réglée, se fera la voix de son maître. C'est les soutenir et les mener vers la réussite. C'est vivre avec eux une communication humaine, un échange véritable, un enrichissement réciproque.

La relation d'accompagnement que l'Enseignant de Français doit avoir avec ses élève, est une relation de vigilance, de sollicitations discrètes et de relances positives. Cependant, tout en accompagnant chacun d'eux dans sa scolarité, l'Enseignant ne renoncera pas à s'adresser au groupe. Il s'évertuera ainsi à faire jouer la relation entre élèves. Pour que sa mission aboutisse, il créera dans sa classe un climat où la rivalité n'aura pas droit de cité, où la coopération sera privilégiée.

Accompagner ses élèves en les éduquant et en instruisant c'est garnir leurs esprits et leurs intelligences, tremper leurs caractères, structurer leurs personnalités et construire la conscience soucieuse de sa propre destinée. Seulement n'enseigne pas le cours de Français qui veut. Pour bien enseigner ce cours, il ne suffit pas de posséder un savoir à transmettre. Il faut être formé pour le transmettre. C'est-à-dire qu'il faut porter en soi la vocation et l'affirmer. Il faut être investi du pouvoir d'agir sur les esprits pour les mener à apprivoiser, à aimer cette langue. Accompagner ses élèves dans leur apprentissage de la langue française, c'est être capable de consacrer à sa tâche toutes les ressources de son âme, avoir confiance en la destinée de sa mission, aimer ses élèves, respecter ce qu'ils portent en eux de spontané et d'ingénu, croire en eux, en leur vertu et en leurs projets. En somme, c'est apprendre « à mieux faire la classe, à savoir à chaque moment qu'on le fait, pourquoi on le fait et quelles raisons on a de le faire » -Paul Valéry.

3) organiser son travail

En prenant attentivement acte des préoccupations de ses élèves, (ambitions, aspirations, besoins et contraintes), de leurs acquis, de leurs points faibles et de leurs points forts, L'Enseignant de Français déterminera son action d'instruction, d'éducation, de formation et de qualification. Autrement dit, il aménagera une situation pédagogique appropriée.

La pédagogie à construire un capital cognitif en langue française devra être formative, dynamique et centrée sur le développement des capacités d'observation, de jugement méthodique, de raisonnement logique, du sens critique et de dialogue de l'élève. Aspirant à redonner à la pédagogie la place centrale qu'elle mérite, l'Enseignant de Français mettra à sa disposition les moyens nécessaires, (procédés), dont elle a besoin. Il réfléchira aux possibilités offertes par les nouvelles technologies de l'information et de la communication, les laboratoires de langues en l'occurrence, parce qu'ils modifient la portée des quatre temps de l'acte pédagogique, à savoir : la compréhension, la rétention, l'assimilation et l'exploitation des connaissances.

Il est, cependant, attendu que cette pédagogie, appelée à animer un enseignement de masse, (40 élèves / Classe en moyenne), assure une réussite scolaire sans pour autant sacrifier la qualité de la formation. Mais comment faire ? Un nouveau souffle pédagogique s'impose.

Aménager une pédagogie appropriée à l'effet de dispenser un enseignement de Français qui assurera une réussite scolaire sans pour autant sacrifier la qualité de la formation, c'est aménager une situation pédagogique fonctionnelle, c'est-à-dire une pédagogie qui favorisera un apprentissage qui aura du sens pour celui qui le recevra, qui permettra à ce dernier :

-de mettre à profit ses investigations et ses recherches en s'investissant dans cette mentalité scientifique, (jugement méthodique et raisonnement logique), pour élaborer ce qu'il connait en vue de se rapprocher de plus en plus de ce qu'il ignore ;

-d'éprouver le besoin d'aller à l'avant des impressions qui tenteront de l'envahir ;

-de ne pas soumettre la résolution des situations-problèmes qui l'assiègeront à la discrétion du hasard mais au cribler de sa raison ;

-da savoir discerner entre le factice et le réel, entre l'accessoire et l'essentiel pour s'élever de l'expérience vers la conception de la formule, de l'intuition vers la vérité ;

-de s'astreindre à évaluer ses acquis, à repousser ses limites, à vectorialiser ses efforts de prospection, d'exploration, de sélection et d'élaboration afin qu'ils évoluent sans se contredire ;

-d'apprendre à faire de la recherche de la vérité la manifestation supérieure de son intelligence.

C'est, autrement dit, user d'une stratégie-tactique qui permettra à ce dernier de pénétrer à l'intérieur du savoir pour y organiser ce qu'il devra connaître. C'est, aussi, lui permettre de s'investir dans le développement d'une démarche intellectuelle exploratrice et prospectrice. (Une connaissance que l'esprit absorbe sans pour autant l'avoir construite par une activité de redécouverte, reste un savoir de surface, un savoir masque, un leurre).

Dès lors, celui-ci ne se laissera pas se prendre en laisse par l'équivoque et l'improvisation. Dès lors, il s'engagera activement dans la dynamique de l'épanouissement du rationnel afin qu'il prenne du pas.

Pourquoi un nouveau souffle pédagogique ?

Alors que les conditions de vivre et d'évoluer des citoyennes et des citoyens au seuil de ce troisième millénaire, interpellent l'école algérienne et lui recommandent de redéfinir les rapports qu'elle doit entretenir avec la population scolaire pour améliorer sa scolarité et partant, le rendement scolaire attendu du cours de Français ; alors que la manière dont ce cours est enseigné, est sans cesse remise en question, l'approche éducative jusque-là développée par celui-ci continue à traditionnaliser une option pédagogique aujourd'hui en total déphasage avec la tendance qui s'exprime en matière de performance orale et écrite de la langue française.

Cela dit, pour que l'option pédagogique adoptée par le cours de Français aujourd'hui en total déphasage avec la tendance qui s'exprime en matière de performance orale et écrite de la langue française n'ait plus droit de cité et que le renouveau pédagogique inhérent à ce cours s'impose avec prestance et soit porteur d'avenir, il faut que d'une part, la scolarisation de masse, menée tambours battants, ne sacrifiera plus la qualité de la formation. Pour ce faire, elle s'accompagnera désormais de la réduction des effectifs par classe et par niveau et supposera la réhabilitation des commodités pédagogiques de base tel que l'internet, la bibliothèque scolaire, et les laboratoires de langue et d'autre part que l'enseignant du cours de Français :

-recouvre les égards qui devraient lui être dus ainsi que l'amélioration de sa condition socioprofessionnelle ;

-abandonne la directivité dans laquelle il s'encoconne et le comportement fataliste dans lequel il s'enlise et s'investisse dans sa formation continue pour actualiser son avoir, (son savoir faire et son savoir être professionnels). Son souci devrait être l'accomplissement de l'autonomie intellectuelle des élèves qui lui sont confiés et leur réussite ;

-veille à ce que ces derniers apprennent à orienter leur curiosité de réflexion et redécouvrent par eux-mêmes des concepts en s'investissant dans la manipulation, (exercices) et l'expérience individuelle. « (Le concept n'étant pas une formule que l'on apprend, mais le résultat et le résumé d'une série d'expériences tâtonnantes pré conceptuelles que l'individu fait personnellement. Il ne peut être reçu tout fait) » -Lee S.Shulman et Evan R.Keistar. La pédagogie par la re découverte- ;

-s'évertue à mieux apprécier sa mission, à mieux connaître ses élèves et à mieux suivre et évaluer leurs démarches intellectuelles en abandonnant l'enseignement collectif, dévitalisé et essentiellement préoccupé par le seul sort des bons élèves. Il apprendra donc à s'investir dans l'enseignement différencié tout en proscrivant l'enseignement enseignemental* au profit de l'enseignement formationnel* .

*Enseignement enseignemental : enseignement fétiche de l'enseignant inapte, cet enseignement sans but, sans objectif, sans finalité et sans support risquant, par conséquent d'accabler l'esprit sous une masse d'informations inassimilables, cette illusion du savoir qui relativise la potentialité de raisonner logiquement et de juger avec méthode de ceux à qui il s'adressera

*Enseignement formationnel : Il s'agit d'un Enseignement que l'enseignant ne dispensera pas avec pour seul souci de « s'écouter parler », mais qui s'appréciera par la rigueur dans la formation de l'esprit critique, par son efficacité dans l'épanouissement de ses aptitudes et l'accomplissement de ses attitudes, par l'affermissement de la volonté et l'enrichissement de la personnalité, par l'orientation qu'il fera prendre au rapport attention / intérêt modulateur de la perfectibilité intellectuelle.

Fécondant le sentiment par la raison, cet enseignement apprendra à l'esprit à dompter les mystères de la nature. Il permettra de la sorte à celui qui le recevra, de réunir le maximum de conditions pour pouvoir s'investir dans l'actualisation de ses acquis et de son expertise. Il est non seulement une science mais aussi un art, une action pratique..

Un renouveau pédagogique cerné dans l'optique d'une éducation/apprentissage conçue pour être la force motrice de la démarche intellectuelle autonome de l'esprit, s'impose. Cette démarche intellectuelle à promouvoir considère que les seules connaissances utiles sont celles que l'élève tire de sa propre expérience. Elle oblige, de ce fait, l'Enseignant de Français à s'extraire du simple fonctionnariat dans lequel il a tendance à se fossiliser pour se consacrer à la pédagogie et l'élève, à se défaire de ce tutorat qui a tendance à le garrotter pour se consacrer à son apprentissage. Dispense donc un cours de Français en mesure de forger cette démarche intellectuelle ne signifie pas « jeter » de la pédagogie mais en développer une qui se confond donc dans cette activité au moyen de laquelle, l'enseignant assiste ses élèves dans leur cheminement vers le progrès et la réussite, en :

-diagnostiquant leurs points forts et leurs points faibles. Etant communément admis que la rétention et l'assimilation de nouvelles connaissances sont fonction de la pertinence intellectuelle de chaque élève, la mission fondamentale de l'Enseignant de Français est donc d'amoindrir ses points faibles, (ses lacunes) et de développer ses points forts par la conquête de nouveaux acquis qui lui serviront d'ancrage aux nouvelles connaissances qui elles, actualiseront son champs aperceptif et développeront son avoirs cognitif et de fait, son savoir-faire. Le fondamental de l'acte pédagogique sera, par conséquent, la mise en place des accompagnements pédagogiques nécessaires à l'épanouissement de « la tête bien faite » et, par conséquent, à l'agencement sans hiatus et avec une meilleure fonctionnalité du savoir nouvellement conquis dans le champ aperceptif de chaque élève.

-en misant sur le besoin d'apprendre de chaque élève, de rechercher, de découvrir et d'innover. A ce propos, l'acte pédagogique devra impérativement se centrer sur l'éveil ou sur le réveil de ce besoin parce qu'il constitue le terreau le plus sûr pour une avancée certaine dans la conquête du savoir ;

-en l'orientant dans la construction de son savoir faire et de son savoir être face aux situations problèmes.

L'enseignant de Français devra à cet effet soutenir et assister son élève dans son cheminement vers le progrès et dans l'évolution de sa démarche intellectuelle. Il le conseillera, l'orientera et coopérera avec lui dans sa tâche de s'approprier le savoir et de se forger des compétences et des qualifications.

Elaborer des diagnostics, repérer les atouts de chaque élève, circonscrire ses faiblesses, galvaniser son besoin d'apprendre, orienter sa démarche intellectuelle pour une meilleure pertinence et instaurer entre lui et le savoir une médiation intime, telles devraient être les exigences de la mission de l'Enseignant de Français. L'acte pédagogique, s'axant alors sur l'initiation de l'individu à pénétrer à l'intérieur du savoir pour y organiser ce qu'il devra connaître et pour que se définisse progressivement ce « terreau » cognitif qui permettra aux investigations ultérieures de s'exprimer, favorisera :

-l'appropriation du savoir créatif de savoir faire en initiant l'esprit à prendre acte de ses erreurs, de leurs causes et de leurs conséquences et à aménager ses essais en vue de développer cette mentalité scientifique au moyen de laquelle il vaincra l'artificialisme que génère l'enseignement « enseignemental » qui risquerait d'interférer dans le cours. Il apprendra dès lors à voir dans les notions apprises, une invitation à aller au-delà de ce qu'il connaît pour affronter ce qu'il ignore encore ;

-l'association des connaissances, leur agencement dans le champ aperceptif et leur intégration dans la dynamique de leur épanouissement. (L'optimisation de leur rentabilité étant de mise) ;

Il permettra ainsi, (l'acte pédagogique), aux compétences générales et aux qualifications spécialisées acquises, de ne pas se figer dans un temps qui passe, mais de se poursuivre dans une perspective de formation continue. Pour ce faire, il s'investira en sus de sa mission susvisée dans l'initiation de l'esprit à les organiser, à les actualiser et à s'en servir.

Cet acte pédagogique et toujours pour une meilleure pertinence, évitera à l'esprit de se cantonner dans le superficiel de la vérité « aprioriste », cette vérité victime d'encombrement où le vrai et le faux s'hostilisent. Il privilégiera, dans cette perspective, son accès au formel en l'initiant à mesurer, au fur et à mesure de son évolution psychologique, (savoir-être) et cognitive, (savoir-faire), la pertinence de sa démarche intellectuelle, à en analyser la fonctionnalité et à en authentifier l'efficacité. Il l'incitera à vivre son apprentissage comme une expérience en entretenant la dimension de l'effort intellectuel authentique, (à l'aboutissement duquel collaborent le raisonnement logique et le jugement méthodique), en appréciant la portée et la faisabilité des résultats escomptés, en développant son sens de la responsabilité, en dynamisant ses efforts d'investigation pour concevoir la vérité, en vitalisant sa prédisposition à connaître pour connaître plus.

Ne perdant pas de vue que la relation élève / savoir, par souci d'une efficacité optimum, devra se déployer en avancées cycliques, en retour et en nouveaux départs, en (rappel de ce qui a été enseigné puis en embrayage sur de nouvelles connaissances) et devant être une authentique relation didactique entre l'enseignant et l'enseigné, l'acte pédagogique sera une perpétuelle recherche-action féconde en valeurs éducatives. Prospectif, il s'inscrira alors dans la recherche de solutions à un défi majeur, la réussite scolaire. Différencié et engagé, il évoluera selon trois phases essentielles :

-l'authentification des préoccupations de chaque élève, (ses ambitions, ses aspirations, ses besoins et ses contraintes) ;

-l'identification du niveau de développement de son capital cognitif et de la capacité d'influence de celui-ci sur la performance de l'intelligence pratique à développer ;

-l'autonomisation et l'auto orientation de sa démarche intellectuelle prospective afin qu'il subordonne le développement de son besoin d'apprendre à un enrichissement des connaissances conquises pour les actualiser.

L'acte pédagogique qui sous tend le cours de Français générateur de performance devra être stratégique et inventif

Stratégique et inventif, l'acte pédagogique qui sous tend le cours de Français animera un enseignement qui initiera l'esprit, non seulement à construire un savoir mais aussi à apprécier la faisabilité de ses jugements et à contrôler la pertinence de ses décisions, à se forger en somme un comportement de scientifique. Il l'aidera de la sorte à réaliser progressivement sa maturité intellectuelle et à devenir l'artisan de sa propre formation.

Il en fera, pour que se définisse la plus éloquente expression de son élan créateur, un esprit ;

-capable de se défaire du marasme de l'inadaptation ;

-déterminé à autopsier les situations-problèmes auxquelles il s'affrontera ;

-apte à évaluer et à développer ses atouts intellectuels, (son capital cognitif et son intelligence pratique*) ;

*Intelligence pratique : ressort psychologique qui lui permet de s'adapter aux circonstances, nanti d'arguments à leur opposer et de s'en accommoder avec subtilité.

-en mesure de cerner les faiblesses qui risqueraient d'affecter son complexe psycho-intellectuel et de les évacuer ;

?disposé à ne plus se figer dans des attitudes confuses ou contradictoires et à promouvoir son capital culturel, (cognitif et comportemental), pour être en mesure de communier de façon franche avec le progrès.

Il devra être, aussi, différencié et engagé

Différencié et engagé, l'acte pédagogique incitera les élèves à conjuguer leurs efforts intellectuels pour satisfaire leurs objectifs communs. Il favorisera, à cet effet, l'apprentissage en coopération auquel chacun d'eux contribuera en fonction de ses potentialités psycho-intellectuelles et ses disponibilités cognitives et où chacun d'eux vivra son apprentissage comme une expérience.

Différencié, l'acte pédagogique sous tendant l'enseignement du Français permet d'assurer une répartition équilibrée entre élèves forts et élèves faibles, soit généralement (1/3 pour 2/3).

Engagé, il créera une dynamique interactive axée sur la coopération, (accordant ainsi la primauté au travail collectif) et non sur la compétition qui, elle, accorde la primauté au travail individuel. Cette dynamique sera génératrice de solidarité et d'entraide entre les uns et les autres. (Souvent, un élève en difficulté d'apprentissage comprendra mieux les explications que lui prodiguera un de ses pairs parce que ce dernier saura user de la pédagogie appropriée à la circonstance). Dès lors, personne ne sera favorisé au détriment de l'autre et tout un chacun se sentira foncièrement valorisé, (il ne faut pas perdre de vue que dans un groupe d'individus hétérogène, rares sont ceux qui peuvent être les meilleurs dans toutes les disciplines d'étude, mais chacun peut au moins en gérer une convenablement).

Désormais, le succès du groupe dépendra, conséquemment, du succès de chacun dans son apprentissage et chacun ne pourra atteindre son but personnel que si l'équipe réussisse sa mission. L'effet est évident, tous les élèves se complétant les uns les autres, s'investiront dans l'aboutissement d'une mission commune. Désormais, une éthique de la coopération prendra forme. D'obstacle qu'elle fut, où « le chacun pour soi » était la règle d'or, elle sera le moyen qui permettra à la conscience collective de s'exprimer au profit du succès pour tous.

Cependant et pour que le groupe n'évolue anarchiquement, il conviendra d'assurer à tout un chacun d'entre eux, un véritable accompagnement éducatif, (évaluation et orientation systématiques de la démarche intellectuelle développée). Cet accompagnement permettra d'opérer des corrections de parcours pour mieux soutenir la réussite scolaire de tous tout au long de leur cursus scolaire et de nourrir en tout un chacun le statut de partenaire du contrat éducatif préoccupé par l'aboutissement de son projet éducation / apprentissage pour tous.

Recherche-action, la pédagogie de l'acquisition des compétences générales et des qualifications spécialisées en langue française, devra initier l'élève à hiérarchiser ses intérêts, (la mobilité de ceux-ci devant par nature en tête d'affiche), et donc à les prioriser les uns par rapport aux autres tout en observant à l'endroit de cette hiérarchisation et de cette propriétarisation les restrictions d'une prudence soucieuse d'efficacité.

Elle, (la pédagogie de l'acquisition des compétences générales et des qualifications spécialisées en langue française), fera en sorte que la violence des intérêts épars laisse la place à ceux que l'élève aura ordonnés parce qu'ils lui permettront de se livrer, convaincu, à la conquête du succès, (l'accomplissement du savoir).

Se livrer convaincu à la conquête du succès et jouir de l'accomplissement du savoir est une entreprise du possible humain. Néanmoins l'individu ne pourra s'y engager que s'il est convenablement outillé pour ce faire. Il devra, dans cette perspective, apprendre d'une part à s'épanouir par le libre développement, (self gouvernement), c'est à dire à s'épanouir sans éprouver ni gêne ni complexe qui d'ailleurs amoindrissent l'intérêt et relativisent l'objectif et d'autre part, à explorer l'abstrait sans pour autant s'installer dans cet apriorisme qui dilue le formel. Il conjuguera, à cet effet, son effort de réflexion dans son effort de création en circonscrivant les hypothèses et en définissant les intérêts. Cela suppose que la pédagogie concomitante à cette préparation, doive requérir l'attention volontaire, l'orienter et la canaliser. Il s'agit d'encadrer efficacement l'évolution des activités de juger avec méthode et de raisonner logiquement. De la sorte, elle développera en l'esprit la capacité d'user avec lucidité, perspicacité et responsabilité de ce qu'il aura appris.

Du point de vue réformiste, la pédagogie qui animera le cours de Français s'organisera de manière à ce qu'elle forme une « tête bien faite » et proscrive l'idée de la « tête bien pleine ». S'inscrivant dans cette perspective, elle apprendra à l'esprit à faire appel à la fois au jugement, au raisonnement et à la mémoire, à mettre de l'ordre dans ses réflexions, à se situer au centre des idées novatrices et réformatrices et à s'élever de l'inquiétude vers la prise de conscience. Inspirée par une méfiance délibérée à l'égard des positions théoriques et des idées générales parce qu'elles éloignent des faits, elle promouvra cette éducation de la mentalité scientifique au moyen de laquelle, l'esprit saura se démarquer de l'intellectualisme, du stérile et du contingenté pour s'amarrer au «pragmatique» et faire dans le savoir directement utilisable. Désormais et parce qu'il saura consentir l'effort intellectuel authentique, (sous tendu par le jugement méthodique et le raisonnement logique), dans la sélection des intérêts que suscite le cours de Français et dans l'orientation de sa démarche intellectuelle, il ne sombrera plus dans la dispersion vers laquelle risqueraient de l'orienter les investigations qu'il entreprendra.

L'effort intellectuel librement consenti et l'intérêt bien pensé et bien compris appelés à définir une coexistence avec des frontières ouvertes, ne peuvent être que l'expression de cette performance intellectuelle qui permet à l'esprit à développer l'effort intellectuel et à sélectionner les intérêts. L'aboutissement de cette performance intellectuelle ne pourra être que le produit d'une pédagogie qui, en sus de la formation de l'attention volontaire, s'investira dans la culture de la curiosité de réflexion et dans celle de la motivation, qui saura en faire son outil didactique de navigation.

En apprenant à sélectionner les intérêts que suscite le cours en question en consentant l'effort intellectuel approprié à cet effet, l'esprit apprendra à condamner la fausse certitude et intronisera la certitude confirmée. Dès lors, se galvanisera son aptitude à rechercher le vrai et le juste, à dompter et à domestiquer le réel. Dès lors, il se refusera de traîner au pas de la passivité. En apprenant à ne plus traîner au pas de la passivité, il apprendra à apprécier la valeur de ses investigations et de ses recherches. Désormais, il valorisera sa démarche intellectuelle, il conscientisera la nécessité d'établir entre l'école et la vie un contact permanent. Désormais, il sera un esprit constamment en quête d'une démarche intellectuelle perspicace, évolutive et qui lui permettra de dominer tout ce qui l'entoure à mesure que ses intérêts se précisent et que son effort intellectuel prenne de l'épaisseur. Désormais, et à mesure qu'il pénètre les secrets du savoir qui lui est proposé par souci de les domestiquer, ses intérêts et son effort intellectuel se précisent et finissent par devenir l'expression représentative de ses moyens intellectuels, (l'exploration, la prospection, la sélection, l'abstraction, la conception, l'élaboration, l'agrégation, l'abrogation), et dont il usera pour s'intégrer, nanti de ce coefficient de confort qu'est la performance dans un univers ou la rigueur est de rigueur.

Contribuant à l'accomplissement de son entreprise de bien connaître pour connaître plus, l'intérêt bien pensé et l'effort intellectuel bien compris entretiendront la persévérance de l'esprit dans la réflexion et dans sa volonté d'agir, susciteront son enthousiasme pour la conquête du vrai et encourageront la sagacité de son élan créateur. Ils deviendront des valeurs fonctionnelles au moyen desquelles il s'affranchira de la servitude parce qu'ils lui éviteront de s'accommoder d'approches précaires dans ses opérations d'analyse ou de synthèse.

L'activité pédagogique ainsi développée nantissant l'esprit d'une disponibilité croissante à l'effort intellectuel librement consenti et animant, par conséquent, sa motivation, elle subjuguera sa curiosité contentive de la réflexion ce facteur fonctionnel de l'intelligence pratique qui se manifeste par un appétit à comprendre pour agir, à agir pour connaître et à connaitre pour pouvoir maîtriser et contrôler ce qui risquerait de ne pas être favorable à son expression intellectuelle. Elle lui permettra ainsi de cerner et de s'approprier des champs d'informations de mieux en mieux actualisées et de les exploiter dans leurs moindres recoins.

Subjuguant la curiosité de réflexion, (cette dynamique de l'attention volontaire), en quête de performance à atteindre, l'activité pédagogique encadrant le cours de Français :

-s'évitera de la discipliner pour ne pas l'engourdir et partant, l'amoindrir ;

-se gardera de l'étouffer pour ne pas provoquer cette paresse intellectuelle qui finira par laminer l'élan créateur de l'esprit ;

-s'évitera de la bousculer par un apprentissage trop précoce, trop complet. (Chaque âge a ses capacités intellectuelles propres qui, si elles sont contrariées, elles amoindriront et relativiseront son effort intellectuel) ;

-s'empêchera d'animer un enseignement trop riche en détails, entaché d'érudition où s'entremêleront des notions, des informations et des concepts qui n'auront aucun rapport avec le sujet à traiter.

Susciter la nécessité de sélectionner l'intérêt, inciter à l'effort intellectuel continu, subjuguer la curiosité de réflexion et développer et entretenir l'attention volontaire et la motivation convaincue, ce sont là, les quatre objectifs de l'acte pédagogique qui assouplissent l'intelligence pratique qui elle, organise le raisonnement logique et le jugement méthodique ces composants de la mentalité scientifique. Rappelons-le, la mentalité scientifique ce ressort psychologique, permet à l'esprit de s'adapter aux circonstances nanti d'arguments à leur opposer et de s'en servir avec subtilité, en l'initiant à :

-mettre de l'ordre dans sa démarche intellectuelle afin qu'elle s'assure une authentique évolution ;

-faire preuve, à chaque instant, de disponibilité à vouloir aller à l'avant des impressions qui tenteront de l'envahir ;

-réagir contre sa crédulité naturelle à vouloir prendre pour vraie la première idée qui se présentera à lui ;

-discipliner ses facultés intellectuelles en charpentant et en balisant, par des arguments clairs et convaincants, ses investigations et ses recherches.

Initié dans ses limites, l'esprit apprendra à affronter intelligemment la complexité de l'inconnu et à aborder l'avenir avec le sentiment d'y être présent. Dès lors, il sera un esprit averti, un esprit convaincu de ses propres vertus. Evolutif, cet acte pédagogique l'incitera à acquérir progressivement cette maturité intellectuelle qui, expression de la pertinence du jugement et du raisonnement, le nantira d'une logique d'approche scientifique dans la résolution des situations-problèmes qui tenteront de l'assiéger.

Dépositaire d'un savoir de plus en plus précis, il cernera dorénavant, sans grande peine, et dénouera aisément les complexités afin de mieux les penser.

Le raisonnement logique et le jugement méthodique, une préoccupation pédagogique à satisfaire par le cours de Français

Le raisonnement logique et le jugement méthodique étant, par essence, les moyens intellectuels appropriés pour l'acquisition de l'aptitude à évoluer dans une société de savoir et d'action, ils sont donc une préoccupation pédagogique à satisfaire par le cours de Français, une nécessité professionnelle à accomplir par l'enseignant.

L'un des paradoxes qui stigmatise notre société est l'existence d'un profond hiatus caractérisé par la confusion des idées, la faiblesse du jugement et l'incohérence dans le raisonnement chez des individus qui aspirent à composer avec un monde hautement mécanisé, strictement organisé et où règnent la rigueur et la précision.

Pallier cette carence, nécessite une pédagogie en mesure de former l'esprit en lubrifiant les mécanismes de ses pensées logique et pratique afin de lui permettre d'appréhender et de résoudre les rapports qui animent la problématique qu'il affrontera et ne pas se contenter de la subir passivement. On en vient donc à admettre qu'elle devra l'initier à discerner entre le vrai et le faux, le réel et le factice, l'essentiel et le secondaire. Ce discernement ne sera plus, désormais, l'expression d'un instinct naturel débridé, mais celle d'une synthèse qui procèdera de la raison, d'un instinct libre mais piloté par le jugement méthodique.

Associés, le raisonnement logique et le jugement méthodique permettent à l'esprit se voulant compétent et qualifié, de mettre en œuvre un plan d'investigation objectif en vue d'approcher la vérité dans toute sa complexité et d'édifier la décision appropriée à prendre. Se combinant en un système prospectif, ils ne se soumettront à aucune coercition de quel que ordre que ce soit. Ils appelleront au seul pouvoir de discernement.

Développés, ils amoindriront le relativisme, ils renforceront la rigueur, ils obligeront l'esprit à évaluer ses pouvoirs d'analyse et de synthèses, ils fertiliseront son imagination et l'inciteront à capitaliser des compétences et des qualifications.

Entretenir ce système, (raisonnement logique et jugement méthodique), suppose que la pédagogie à mettre en œuvre par le cours de Français soit en mesure d'écarter les éléments renforçateurs de la routine et le risque de le comprimer. Le jugement méthodique ne pouvant être le produit de purs caprices du hasard. (L'une des préoccupations de la politique de l'échec à l'échec scolaire est d'initier l'esprit à s'éloigner de tout ce qui favorise l'émergence du raisonnement aprioriste parce qu'il génère la dispersion de l'intelligence et par voie de conséquence, l'étroitesse de son expression). Développant et entretenant ce système, elle en fera le générateur d'une dynamique qui annihilera le risque de l'atrophie intellectuelle.

Nanti de compétences générales et de qualifications spécialisées et investi de la capacité de raisonner logiquement et de juger avec méthode, l'individu saura penser et agir librement. Il se fera le conquérant de son savoir et l'organisateur de sa pensée juste. Il acquerra ainsi le pouvoir de :

-faire l'autopsie de son imagination en s'insérant dans le cheminement qui satisfera aux exigences du rationnel ;

-refuser les accommodements et les formules transitoires, les compromissions et les arrangements intermédiaires ;

-conjuguer les événements dans les circonstances au sein desquelles ils se produisent.

Susciter l'intérêt et inciter à l'effort intellectuel, animer la motivation et entretenir la curiosité de réflexion, structurer le raisonnement logique et développer le jugement méthodique, c'est apprendre à l'esprit à se positionner face à l'accélération du progrès et à cautionner l'actualité scientifique. Cet objectif ne pourra être atteint que par une formation qui lui permettra d'évoluer en participant à son apprentissage et en se sentant libre de devenir et de s'affirmer.

Appelé à transmettre le savoir, l'Enseignant de Français, doit connaître et maitriser les programmes qui s'y rattachent. Il doit être apte à élaborer des progressions, à définir leur rythme, à concevoir les actions pédagogiques appropriées.

Appelé, par ailleurs, à constater, à observer et à mesurer le degré d'appropriation du savoir par ses élèves, il doit être capable de construire des situations d'apprentissage, d'en définir les objectifs, de cerner le savoir accessible aux différents niveaux de ses élèves, de circonscrire et de traiter les obstacles à cet apprentissage au fur et à mesure de la progression du cours, d'utiliser les outils de l'évaluation formative pour pouvoir réguler et adapter son enseignement.

Notons cependant que la fonction d'évaluation est tout particulièrement importante. L'Enseignant de Français ne doit pas oublier qu'il joue un rôle important et non accessoire comme de rigueur dans l'orientation de ses élèves. Cela suppose que sa formation professionnelle tout en étant imbibée de pédagogie générale et de pédagogie pratique doive être particulièrement accompagnée de la connaissance de ses élèves aux plans psychologique, mentale, intellectuelle et sociologique.