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La parlotte
semble avoir de beaux jours devant elle. Elle est pétarade allumée par un
certain nombrilisme d'intellectuels en mal de leurs peaux et de savants sans
opérants et efficaces savoirs pour parader par le verbe dans l'espace clos des
discours. Nombreux Algériens sont ainsi et ce n'est pas pour rien que l'on a
l'impression que deux anonymes concitoyens sont au cœur d'une sérieuse noise se
chamaillant, alors qu'ils discutent en toute amitié. On ne sait pas d'où vient
cette manie de changer et de grossir la voix pour parlementer et livrer ses
intimités. Serait-ce dû à cette culture de violence qui se généralise et qui
toucherait jusqu'à l'articulation les muscles de la gorge pour peu qu'elle en
eût ? Les écarts de voix, par la langue ou par la prétention, devenus première
nature, configurent un modèle national de pollution.
Le phénomène va plus loin que la pesée de la fanfaronnade. Par bien des aspects, il est signe d'un remords et de mauvaise conscience pour n'avoir pas trouvé un espace social où se caser. Il est aussi preuve d'un désarroi face à une existence contrariée. Qu'un quidam un peu ou trop déboussolé dans sa vie joue des coudes par sa voix pour justifier sa présence dans la société, cela peut se comprendre. Mais que des docteurs ès-quelque chose et que des «dacatira» autoproclamés s'introduisent dans les périmètres de la locution pour exposer leurs virtuels biceps ne rendent pas service à un peuple déjà assourdi par le trop-plein des connaissances aériennes. Tout le monde sait ce qu'il y a lieu de faire pour une vie meilleure et connaît les sources du mal sans avoir recours à des leçons ni aux expertises des bavards. Sauf que chacun évite de donner des leçons à lui-même convaincu de ses limites. Cette pesante tare n'empêche pas cependant que chacun ait la prétention d'être ministre ou président de la République. Le tarabusta des exigences empruntées des livres est à son comble et n'expose qu'une littérature derrière laquelle se cache de l'impuissance. |
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