Il n'y a certainement pas lieu de s'attarder sur la pesée réelle d'une organisation continentale comme l'Union africaine. Dans une situation alambiquée qui n'a que le loisir de tirer à blanc, la vérité démontre que son inefficacité est d'une flagrance telle que tous les sommets des chefs d'Etats africains s'assimilent à des réunions de salons pour l'étalage de recommandations à saupoudrer au nom de simples et aléatoires principes. Si sa raison d'être ne doit pas être mise en cause, il convient de reconnaître que la réalité de la marche du monde érige un mur entre les intentions et les actions. Or tout démontre que les problèmes africains marqués par un incessant renouvellement obéissent toujours à des intérêts autrement larges que ceux des peuples africains. Les démêlés internationaux ne font grand cas du sort des populations que quand les ondes de choc mettent en péril l'ordre établi par la contrainte et la force.

Les idéaux et les principes ne font plus vivre et on a vu des Etats africains tourner casaque à des engagements nobles pris par un formalisme de façade car l'état des lieux catastrophique de leurs pays exigeait d'eux de s'adapter à un réalisme imparable. De fait, on sait malheureusement que le drame libyen et du Sahel ont des dimensions et des prolongements internationaux tels qu'il est illusoire de croire que leur prise en charge soit du seul ressort des Africains.

La grande tare africaine est que la majorité des Etats sont dans l'incapacité de balayer chacun devant sa porte. Les failles politiques, économiques et sociales, souvent monstrueuses, les ligotent au point de ne pas mettre à leur disposition une carrure conséquente pour s'inscrire avec efficacité dans les grandes manœuvres géopolitiques de ce siècle.

Il est vrai cependant que l'heure est au réveil des peuples. Sa prise en charge et sa canalisation positive doit constituer, dans un souci de progrès et d'unité, le principal ressort d'une union africaine.