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CAHUZAC, LE FASCISME ET LE BON DIEU

par M. Abdou BENABBOU

Le ministre du Budget français Jérôme Cahuzac, investi de la première mission de traquer la fraude fiscale et la fuite des capitaux, s'est avéré être le premier fraudeur. La colossale embrouille intervient en porte à faux de la première règle de son gouvernement, basée d'abord et avant tout sur la moralisation de la politique française. En apparence, le scandale politique qui vient d'ébranler la France est une affaire franco-française. En apparence seulement.

L'onde de choc est immense et elle intervient bien comme navrant mais aussi truculent révélateur du fonctionnement des hommes et de la marche du monde. Elle ne ternit pas uniquement l'image d'un gouvernement et d'un parti au pouvoir et elle rejoint bien évidemment d'autres salissures cuisinées par des officiels de très hauts rangs d'autres bords partisans. Mais parce que c'est de la puissante France qu'il s'agit, impliquée directement dans plusieurs conflits dans le monde, cette secousse particulière a la naturelle légitimité de tarauder les esprits pour nous renseigner sur la vraie couleur et la réelle dimension des faits divers des Etats prompts à donner des leçons de droiture humaine, de civilité et de bonne conduite à tenir.

Le Parti socialiste français n'est pas en cause. Le gouvernement dont il est issu non plus. C'est plutôt la vraie nature humaine en crise permanente qui est à montrer du doigt. Bien plus que le petit relief d'un grave chapardage d'un homme d'Etat, il est logique de suspecter les directives et les conseils que nous recommandent les prophètes politiques de tous les horizons du monde, quelles que soient leurs teintes et leurs couleurs, puisque nous voyons bien là que c'est une puissance mondiale qui tangue à cause de l'immoralité d'un de ses dirigeants.

L'histoire de l'humanité foisonne des cupidités des Etats et des dirigeants pour toujours avouer qu'au détour des recettes des bienséances suggérées parfois, imposées souvent, l'égoïsme humain reste toujours indéfectible. L'intérêt des Etats comme les raisons d'Etat ne seraient donc que de basses comptabilités de petits vendeurs à la sauvette. Le déploiement des stratégies ici et là grandiloquentes n'aurait donc que des assisses bassement humaines.

L'on comprend mieux alors l'impressionnante lassitude des peuples jusqu'à ne plus accorder aucun crédit à la recette politique usée des hommes et l'on comprend encore bien mieux leur adhésion aux mirages extrêmes. Ils ont aujourd'hui définitivement compris que des prophètes à la hauteur des Gandhi et des Mandela ne courent plus pieds nus les rues et que très loin de l'emphase des discours de bonne intention, ceux qui régulent leurs vies sont plus préoccupés à trouver les plus belles chaussures à leurs propres pieds.

 Alors les uns développent une sympathie pour le fascisme. Les autres s'en remettent à la bonté divine.