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Après lecture du texte du Dr Boudjemaâ
Haïchour ex-ministre, chercheur universitaire, que nous félicitons pour les recherches
entreprises sur les évènements historiques de la Révolution qui sont presque
oubliés, comme l'affaire Si Zoubir, parue dans le journal le Quotidien d'Oran
du mardi 17 février 2015, je me permets, en tant que chef de la zone II, wilaya
V : colonel Abid Mostefa dit Si Redouane, qui a combattu l'armée française à
l'intérieur de l'Algérie pour la libération de la patrie, du début de la
Révolution jusqu'à la fin, d'ajouter quelques précisions :
La Zone I et la Zone II sont voisines : elles ont une frontière commune : Maghnia ? Hammam Boughrara ? Remchi nord et Bensekrane. Maghnia était notre point de rencontre, c'est là que Si Zoubir, chef de la zone I me demanda de nous rencontrer. C'était vers la fin de l'année 1958. Cette réunion, tenue secrète, se fit à Maghnia, au quartier Matmar, en présence de Ahmed Boudjnane, dit colonel Abbès, qui fut commandant de l'Académie militaire Inter-armes de Cherchell et décéda dans un accident de voiture survenu au croisement de la route Cherchell- Kolea-Alger, en janvier 1968. Cette réunion eut lieu chez Fatima El Djazaria, une grande militante qui a habité auparavant à la commune de Djebala (Zone II), Daïra de Nedroma. La maison fut démolie et son mari fusillé par l'armée française, car sa maison contenait une cache. Elle s'enfuit à Maghnia. Lors de notre rencontre à Maghnia, nous avons passé en revue la situation de la wilaya, à l'intérieur, à l'extérieur, du commandement de la wilaya V qui se tenait à Oujda / Maroc. A l'intérieur, nous manquions de tout. Nous passions des moments très difficiles. Nos maquisards manquaient d'armes, de munitions, d'habillements et de médicaments. Les moudjahidine, qui étaient cantonnés à la frontière malgré leur volonté de rentrer au pays combattre l'ennemi au côté de leurs frères, étaient groupés en plusieurs compagnies. Or, après le congrès de la Soummam, le commandement des wilayas devait se tenir en Algérie. Les négociations avec la France devaient aussi être entreprises en consultation avec les moudjahiddine qui se trouvaient à l'intérieur du pays. Or rien de tout cela n'était réalisé. Nous m'avions même plus de liaison avec le commandement de la wilaya V. Les radios étaient en panne par manque de pièces et de personnels. Pour le bien de l'Algérie et des moudjahiddines, Si Zoubir nous dit qu'on devait aller au Maroc afin de convaincre le commandement de la wilaya V de rentrer en Algérie, en cas de refus nous élirions un nouveau commandement de la wilaya V parmi les chefs de zone et qui serait installé en Algérie. Nous étions d'accord sur ces points avec lui. Si Zoubir était un ancien élève des sous-officiers et qui fit la guerre d'Indochine : la bataille de Dien Bien Phu en 1954. Nous avons essayé de lui expliquer que c'était dangereux d'aller au Maroc car beaucoup sont partis et ne sont plus revenus, tous étaient des chefs de zone comme Ogbellil. Le capitaine Yamani, Si Bouaf de son vrai nom, Arfaoui Mohamed né à Azzaba, Wilaya Skikda, qui était venu d'Egypte par bateau « Dina » avec Boumediene Houari. Si Zoubir était sûr de réussir sa mission. Il avait tout planifié. Il nous a dit qu'il avait des contacts avec des chefs de compagnie et des moudjahiddine du Maroc et qui ne demandaient qu'à rentrer combattre au pays. Finalement, nous ne sommes pas partis avec lui car nous savions que le commandement de la wilaya V ne rentrera pas en Algérie. La vie des maquisards à l'intérieur du pays était dure et difficile par rapport à celle qu'il menait à l'extérieur et puis, si le commandement avait voulu rentrer au pays, il serait venu bien plus tôt avant que les mines, les barbelés et les fils électriques Challe et Maurice ne soient placés. Le lendemain, Si Zoubir est parti au Maroc avec l'agent de liaison militaire « Tantano », originaire de Béni Ouassine, daïra de Maghnia. Si Abbès et moi sommes rentrés dans notre zone. Par manque de munitions, après des accrochages avec l'armée française, nous allions chercher, après leur départ, des cartouches tombées par terre, parfois aussi après les grandes batailles dans les Djebels, nous récupérions les armes des soldats morts que l'armée française n'a pas réussi à retrouver. Donc, avec les mines, les fils barbelés, les lignes Challe et Morice, pas de coordination, pas de liaison avec le commandement de la wilaya V, même les moudjahiddine qu'on a envoyé au Maroc en mission afin d'apporter des armes sont partis sans retour, parmi eux des agents spéciaux qui coupaient les fils barbelés comme le Slt Haddouche qui, après l'indépendance, fut président de l'APC de Nedroma, le moudjahid Louiza, etc? Devant cet état de chose, il fallait coûte que coûte trouver une solution. La voie terrestre étant fermée, je pris la décision d'acheter un chalutier. Grâce à la bonne coordination avec le peuple, je me mis en rapport avec des militants de Béni-Saf, début de l'armée 1961, afin de conclure l'achat du chalutier : « Les 2 jumeaux » qui a eu lieu en avril 1961 aux noms de Benyekhlef Kaddour et mokhtari Mokhtar. L'équipage était composé de dix marins pêcheurs : Rachedi Kouider : mécanicien, Ghorzi Benamar, marin pêcheur, Belghomari Boucif, Si Abdelkader. Benmoussa Ahmed, Zenasni Ahmed, Kribi Abdelkader, Belabbad Benamar, Beghnanèche Kouider et Serghini Ahmed. L'achat de ce chalutier a eu lieu grâce au président de l'assemblée nationale algérienne en France, Abdelrahmane Farès, qui nous a fait parvenir l'argent par l'intermédiaire de Merabet Ahmed, la sœur de celui-ci nous l'a remis. Donc, nous avons acheté le chalutier « Les 2 jumeaux » à la famille Ruiz. L'équipage est parti à Nador / Maroc avec un ordre de mission ainsi qu'un rapport détaillé afin de nous apporter des armes, des munitions et surtout des pistolets automatiques. Après 1 mois d'attente, ils sont revenus bredouilles : ni armes, ni munitions. Ils ont été renvoyés par un membre du commandement dont je ne citerai pas le nom, qui leur a dit que cela ne les concernait pas. Durant sept ans et demi de lutte pour la libération de notre pays, beaucoup de choses sont arrivées, ceci n'est qu'un résumé, car il y a des choses que j'ai écrites, d'autres non, par respect à la Révolution (voir mémoire de Abid Mostefa dit Si Redouane, chef de la Zone II Wilaya V). Voilà les véritables raisons de l'affaire Si Zoubir, chef de la Zone I. Il y a eu beaucoup de cas similaires. Madame Leila Ettayeb, épouse de Si Zoubir, actuellement sénatrice et président de commission au sénat, doit peut-être avoir des renseignements sur cette affaire, sans oublier que la Révolution avait ses secrets. Pendant la Guerre de libération, ce sont les chefs de zone de la wilaya V qui ont mené le combat dans leur wilaya contre l'occupation française, avec l'aide du peuple, jusqu'au cessez-le-feu, le 19 mars 1962. |
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