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Quelques amis de l'ancienne icône du football local, Omar Sikki, nous ont
fait part de leur amertume après le dernier mémorial qui lui a été consacré
sous les auspices d'une association d'anciens amateurs de la balle ronde.
En fait, cette édition est la quatrième ou la cinquième organisée à la mémoire du talentueux international disparu un 17 février de l'an 1997. Pour nous qui l'avons connu dans les années 60-70 - votre serviteur était encore benjamin dans les rangs de l'USST drivé à l'époque par Sauveur Rodriguez -, Omar Sikki incarnait deux grandes vertus qui forgent la grandeur d'un sportif: la classe physique et le respect de l'adversaire. Un souffle impérissable doublé d'une impressionnante puissance de tir. Je me souviendrais toujours de ce fulgurant boulet de canon lâché du milieu du terrain à hauteur du tunnel grillagé du stade municipal en direction des bois de l'AS Bône gardés par le brillantissime Truglio dont le plongeon aérien n'a pu empêcher le but. L'exécuteur s'appelait Omar Sikki. Ceci pour dire que la «Perle noire» a incontestablement marqué son passage dans le monde du football à une époque où il fallait avoir un sacré talent pour figurer parmi les professionnels qui formaient l'équipe du FLN devenue au lendemain de l'indépendance l'équipe nationale. Il était le premier amateur algérien à connaître ce privilège. Sa disparition à l'âge de 57 ans après une courte maladie a laissé un vide immense au sein de la famille témouchentoise du sport-roi. Le quartier de Sidi Saïd d'où sont issus la plupart des joueurs du CRT, il faut préciser que le stade officiel est situé à proximité, a assisté aux premiers pas de l'enfant prodige aux côtés de Djems, Saïd Benaïssa, Berrichi, Driss, Yahiaoui et tant d'autres. Ses fidèles camarades se rappellent également des moments difficiles que Sikki a enduré au cours des dernières années de sa vie. Et ils étaient rares ceux qui lui ont témoigné leur soutien lors de cette pénible passe. Sur le lit d'hôpital ou chez lui, il souffrait davantage de ne pouvoir compter que sur un carré d'amis lui qui faisait vibrer les foules. Voilà qu'aujourd'hui une flopée de nouveaux fans de Sikki se réclamant dépositaires de son vécu sportif se sont appropriés outrageusement le droit d'utiliser la renommée du défunt pour s'éclater. Ce dernier n'ayant plus de parents en vie. Ce n'est pas tant l'initiative elle-même qui pose problème mais la manière avec laquelle ces pseudo maîtres de cérémonie se sont emparés de l'événement marquant l'anniversaire de la mort de Oucief Omar alias «Sikki» avec l'aide de surcroît d'une APC encline à verser dans le populisme de circonstance en cautionnant chichement des initiatives aux finalités douteuses. Car ce n'est pas la première du genre. Le mémorial élaboré sur la base d'un programme immuable se résume chaque année à un match gala pour vétérans en mal de retrouvailles, un gueuleton et des cadeaux distribués par-ci, par-là. En général, un mémorial auquel le sens commun attribue des vertus émotionnelles qui transcendent les contingences du moment nous rapproche des morts et à s'y méprendre celui organisé à l'intention de Sikki ressemble à une partie de plaisir. Décidément, même dans l'au-delà, la légendaire générosité de Omar n'a pas fini de gâter le monde des vivants. On sait que ce type d'événement prend souvent l'allure d'une «ouâada». Cette fête populaire où tout le monde s'invite sauf que dans le cas d'un mémorial c'est l'argent du citoyen qui est mis à contribution. Pour quel objectif diriez-vous? Penser à Sikki l'espace d'une journée, se défouler et faire ripaille? Ensuite attendre le prochain rendez-vous? Qu'est-ce qu'il reste une fois la table desservie? Non, franchement, il existe d'autres façons de perpétuer la mémoire d'un symbole sportif et permettre aux jeunes générations de s'identifier aux champions. Que sais-je? Pourquoi pas un prix «Omar Sikki» pour le meilleur jeune footballeur de la wilaya en présence de techniciens et d'anciens compagnons de Omar Sikki. D'autres formules plus intelligentes sont susceptibles d'honorer dignement les serviteurs du football actuellement dans le dénuement. Oucief Omar appartient désormais à la postérité dès lors que le grand stade olympique d'Aïn Témouchent porte son nom. Il est entré définitivement dans l'histoire. Laissons-le dormir en paix et ne mêlons pas son souvenir à de sordides histoires de cantine ou de présents usurpés. Cessons de faire commerce de sa mémoire. Un mémorial est synonyme de recueillement et de communion avec les êtres d'exception que nous avons aimés, admirés. Sikki était un gentleman des terrains et tous les referees de la génération des Benzellat, Kaïd, Settaoui, Benghanif, Mohamdi, Lakehal, Bendahmane le savent. Son élégance et sa personnalité forçaient le respect. Il nous faut enfin remercier les invités de ce mémorial qui ont pris de leur temps pour venir honorer un des leurs. Je pense notamment à mes amis Saïd Amara et Mohamed Hansal, ainsi qu'aux anciens internationaux qui ont tenu à exprimer leur solidarité envers ces sportifs de la ville. Quelques-uns d'entre eux étaient déjà là le jour de l'enterrement de Omar Sikki en compagnie de Fréha, Hadj Beddiar, Hansal, Bendahmane et plusieurs amis du défunt. De même qu'à son jubilé les grands noms du football national à l'image de Hassan Lalmas, Aouedj, Serridi, Achour, Ould Bey, Bouhizeb, Ounes, Bakhloufi et tant d'autres ont fait le déplacement pour participer à la fête. Les invités d'hier comme ceux d'aujourd'hui ont répondu à l'appel du cœur. Ni plus ni moins. Peut-on en dire autant de cette faune de profiteurs du cru qui n'ont pas connu Sikki et qui se mouchaient encore lorsque le flamboyant Omar galopait sur les terrains. D'où viennent-ils et que connaissent-ils de Sikki? Ont-ils pensé un seul instant d'inclure dans leur programme ce qui paraît le plus indiqué en pareille circonstance, à savoir une visite au cimetière où repose celui qui les a réunis et qui attendait d'eux une prière? Omar Sikki du fond de sa tombe aurait certainement apprécié. Mais l'essentiel était ailleurs. Sikki est mort, vive Omar Oucief. |
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