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Du scandale des prisons d'Abou Ghraib en Irak à l'horreur du camp de Sde Teiman des soldats israéliens en Palestine

par Nabil Mati

Depuis de nombreuses années, les violences perpétrées contre les Palestiniens se poursuivent, atteignant un niveau de cruauté sans précédent après le 7 octobre 2023.

Dans un monde hyperconnecté, cette tragédie se déroule sous les yeux du monde entier, touchant sans discrimination enfants, femmes, hommes et même animaux. Il s'agit d'une punition collective infligée au peuple palestinien, face à un silence assourdissant de la part des nations qui proclament pourtant l'universalité des droits de l'homme. Toutefois, des pays comme l'Algérie s'opposent à cette situation et appellent solennellement à l'arrêt de ces massacres.

La descente aux enfers du peuple palestinien ne s'est pas arrêtée là ; elle s'est intensifiée avec l'utilisation systématique de la torture par l'État sioniste contre de nombreux prisonniers palestiniens après le 7 octobre. À cet égard, les organisations internationales de défense des droits de l'homme dénoncent vigoureusement ces pratiques, prohibées par le droit international et inacceptables dans une société civilisée.

En 2003, le monde s'était ému et scandalisé par le scandale des prisons d'Abou Ghraib en Irak, où des soldats américains avaient infligé des actes de torture et de traitements inhumains aux prisonniers irakiens. Environ 600 militaires et officiers de renseignement avaient été soupçonnés d'implication dans la torture ou le meurtre de détenus. L'utilisation de la torture est intrinsèquement liée à une vision hiérarchisée de l'humanité. Bien que ce phénomène ne soit pas nouveau, la documentation photographique et vidéo des actes de torture à Abou Ghraib a marqué un tournant significatif. Ces enregistrements, motivés par le désir de créer un souvenir personnel, ont mis en lumière le degré d'atrocité et de violence inhérent à ces actes, faisant de ces documents une composante intégrante de l'humiliation et de la déshumanisation des victimes.

De nos jours, de nombreux Gazaouis subissent des tortures d'une intensité effroyable de la part des soldats de l'armée de l'occupation. Contrairement aux vidéos capturées par les Américains à Abou Ghraib, la massification de la barbarie par les moyens numériques est devenue un spectacle. Des vidéos sont publiées sur les réseaux sociaux par des soldats israéliens, banalisant ces actes inhumains et ajoutant une nouvelle dimension de cruauté à cette tragédie. L'objectif principal de la torture n'est généralement pas de soutirer des informations, mais de réduire au silence. Dans le contexte palestinien, l'armée israélienne utilise la torture de manière ostentatoire pour frapper non seulement l'individu, mais aussi le groupe auquel il appartient. Ces actes horribles évoluent dans l'opinion publique et deviennent progressivement plus acceptables selon ce qu'on appelle l'échelle de la fenêtre d'Overton.

La torture vise également à instiller la terreur à l'échelle collective. « Un seul torturé équivaut à cent ou dix mille torturés. » Cette stratégie cherche à instiller un climat de peur généralisée parmi tous les membres de la communauté cible, rendant les individus moins susceptibles de résister ou de s'opposer aux oppresseurs.

Le processus de désensibilisation à la violence omniprésente renforce l'autorité des tortionnaires et paralyse les communautés affectées, les réduisant au silence.

Quant à l'armée de l'occupation semble ne pas prendre de sanctions contre les bourreaux, la victime n'est pas seulement celui qui est torturé, mais la société tout entière. Récemment, une foule menée par des députés israéliens a fait irruption, lundi soir, dans le bâtiment du tribunal militaire israélien de la base militaire de Beit Lid, dans le centre d'Israël, pour protester contre l'arrestation de soldats accusés d'avoir agressé sexuellement un prisonnier palestinien. «Les réservistes sont soupçonnés d'avoir commis des sévices graves sur un Palestinien arrêté dans la bande de Gaza.» Suite à ces tensions, de nombreux militaires israéliens ont réussi à fuir le camp! En somme, dans un monde où la justice s'est transformée en injustice, où le colonisé est accusé de devenir colonisateur, où les indignations sont à géométrie variable et où règne le principe du deux poids, deux mesures, une population civile continue à être persécutée et terrorisée depuis plus de 75 ans. Malheureusement, le génie humain a, depuis les années 1944, démontré à nouveau sa créativité et sa capacité à défier toutes les frontières de l'inhumanité. Les tortionnaires, les commanditaires et leurs soutiens doivent être sévèrement condamnés sans équivoque afin de redonner un sens à notre coexistence sur cette planète.