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Pas de compromis avec les putchistes burkinabés

par Kharroubi Habib

De nouveau des prétoriens africains ont usé de la force contre l'ordre constitutionnel de leur pays. Ce sont en l'occurrence des militaires burkinabés qui ont commis la forfaiture du coup d'Etat en procédant à l'arrestation du chef de l'Etat Michel Kafando et du Premier ministre de la transition Yacouba Issad Zida, et en décrétant la dissolution des institutions qui ont été mises en place dans le pays au lendemain de l'insurrection populaire qui a chassé du pouvoir l'ex-président Blaise Campaoré avec pour feuille de route le démantèlement du système qui a permis a ce dernier de conserver le pouvoir pendant 27 ans, pour lui substituer un régime démocratique respectueux de la volonté populaire.

Les Putchistes qui ont renversé les autorités de la transition en s'appuyant sur le régiment de sécurité présidentielle (RSP), l'ancienne garde prétorienne de l'ex-chef d'Etat burkinabé sont des fidèles de ce dernier qui n'ont digéré ni son éviction ni admis la perspective de l'instauration d'un régime n'étant pas sous leurs bottes.

Certes, la communauté internationale a réagi fermement en condamnant le coup d'Etat qui s'est produit au Burkina Faso et en exigeant la libération immédiate des responsables de la transition arrêtés et le retour à l'ordre constitutionnel qu'ils présidaient. Elle doit désormais veiller néanmoins à ce que les prétoriens burkinabés obtempèrent sans que ne leur soit consenti aucune concession. En leur en faisant, ils s'estimeront encouragés à dicter leur conditions qui ne visent ni plus ni moins qu'au retour du système Campaoré dont ils ont été les piliers et les bénéficiaires insatiables.

Il ne suffit plus à la communauté internationale, africaine en premier lieu, d'avoir décrété la non reconnaissance des changements anticonstitutionnels de gouvernement. Il lui faut ne plus composer avec ceux qui les provoquent. Ce qui s'est passé mercredi à Ouagadougou l'y invite sans appel. Les Putchistes qui ont agi n'en sont pas à leur premier méfait contre le peuple burkinabé qui s'est soulevé contre le régime auquel ils sont restés fidèles. Depuis l'instauration du pouvoir de transition, ils sont en effet intervenus à maintes reprises avec l'argument de la force pour dicter à ses autorités la marche à suivre et les changements par lesquels ils ont voulu dévier de son objectif l'insurrection citoyenne anti Campaoré et son régime. Ils ont récidivé au constat que les autorités de la transition contre lesquelles ils lançaient leur partisans armés n'avaient qu'un mou soutien international et ont été a chaque fois « conseillées » de trouver un terrain « d'entente » avec eux. Si les Putchistes burkinabés obtiennent gain de cause d'une façon ou d'une autre, l'ère des coups d'Etat militaire en Afrique ne sera nullement dépassée. Les galonnés du continent la perpétueront car sachant qu'ils ne s'exposeront qu'à des condamnations de pure forme qu'ils feront oublier en faisant de fallacieuses promesses d'un retour conditionné à l'ordre constitutionnel. Lequel est pour eux celui qui fait passer les intérêts de leur caste au détriment de ceux de leurs nations. La mise en échec du coup d'Etat perpétré au Burkina Faso est une absolue obligation pour la communauté africaine et internationale et cela ne souffre d'aucune considération qui viendrait à justifier qu'il faille « ménager » ses auteurs.