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Curieux

par Bouchan Hadj-Chikh

Elle est tout de même curieuse cette saga Ebola. Voilà un virus que l'on nous disait difficile à neutraliser, contre lequel aucune médication ne peut le circonscrire et nous nous trouvons, quelques mois après, et après avoir constaté sur le terrain, au Libéria, en Guinée et au Congo notamment, la mort de plus de 3.500 malheureuses victime, une infirmière, de l'ONG " Médecins sans Frontières ", déclarée atteinte de ce mal, évacuée, dans les heures qui suivirent, en France où, grâce à un traitement non encore homologué - ou homologué provisoirement par les instances compétentes en toute urgence - elle est déclarée guérie le samedi 4 octobre 2014.

A l'annonce d'une telle nouvelle, tout à fait inattendue - chacun craignant le pire pour cette jeune femme dévouée - toute personne préoccupée par les dégâts causés par ce virus s'est sentie pleine d'espoir, espérant que ce traitement, quand il sera mis à la disposition des victimes qui croupissent dans un isolement total - n'oublions pas que la moitié des 301 personnes traitant ces malades ont péries ces derniers mois - permettra l'éradication de ce mal.

Agréable surprise, en effet. Sauf que, quelques jours avant de prendre connaissance des résultats positifs de ce traitement, un médecin général, Gilbert Rafter, de Cabriès dans les Bouches du Rhône, rappelait, lors d'un entretien télévisé, qu' en 1976, à Salisbury, un chercheur britannique fut contaminé par le virus à la suite de la brisure du flacon qui contenait le dit virus. A ce médecin, toujours selon la même source, fut injecté un sérum, fruit de la recherche de médecin français et belge, la même année, qui lui permit de guérir totalement.

Surprenant, en effet, quand, autour de la ville de Goma, à l'est de la République Démocratique du Congo, frontalière du Rwanda, 300 personnes périrent de cette maladie que les prisonniers congolais, à qui on promit pourtant la liberté après les avoir enterré, refusèrent de toucher de les manipuler.Et puis ?

Surprenant encore. Le virus et ses ravages cessèrent soudainement, indiqua le médecin-général. Pourquoi et comment, lui demanda-t-on. " Je ne sais pas fut sa réponse ".

Tout à fait curieux

Ce qui l'est davantage, c'est la décision du président américain, Barak Obama, alors que rien ne l'y obligeait, sauf l'humanisme qu'on ne lui reconnaît plus, décida d'envoyer sur le terrain du malheur, 3.000 soldats pour " prêter assistance " aux peuples du Libéria, de Guinée et de Sierra Léone, sans compterla RD Congo. Pas des spécialistes, des virologues ou autres experts. Non, des soldats. Avec armes et bagages sans doute. Pour longtemps, évidemment. Ils côtoierontles experts cubains, déjà sur place, des nationaux de la petite Cuba qui, avec un budget dérisoire comparé à son géant et gênant voisin, dépêcha, dès l'urgence annoncée, 165 personnes très spécialisées en matière médicale et de virus !

Je ne suis pas un partisan des complots internationaux mais là, franchement, des questions m'ont assaillies.

Pourquoi le sérum, appliqué au chercheur britannique, il y a 38 ans, n'a pas été exhumé pour servir dans le cas de ce que la directrice de l'Organisation Mondiale de la Santé, le Dr Margaret Chan appela " pandémie " ? Pourquoi le sérum dont on se servit, aux Etats Unis, sur un médecin américain, il y a quelques jours, n'a pas été distribué aux malheureux africains ? Pourquoi le sérum, utilisé pour guérir l'infirmière française, ne fut pas mis à la disposition des volontaires et médecins sur le terrain ? Précautions élémentaires, avancerait-on.

Les théoriciens du complots, comme on les appelle, rappellent que la directrice de l'Organisation Mondiale de la Santé, qui déclara, au cours d'une conférence de presse le 13 Septembre, la pandémie, est la même quimis en garde contre le risque de " pandémie " - sans doute une appellation qu'elle affectionne - quand la grippe se déclara en Europe en 2009, grippe appelée H1N1.Et dont les laboratoires tirèrent des profits énormes. Bien entendu.

On raconte, mais qui dit vrai dans ce cas, que la présence du virus dans la région - dont on allume et éteint l'incendie sans annonce - est lié à une course effrénée pour le contrôle de la région et une bonne excuse d'une présence militaire renforcée dont le dessein serait le contrôle des ressources dans la région, notamment le pétrole dans le golfe de Guinée. Ressource qui intéresserait la Chine, toujours à la recherche de nouvelles sources d'énergie, déjà sur place dans la région, et les Etats-Unis qui, à travers US military Africa Command ou AFRICOM, créée en 2009 par le président George W. Bush pour " contenir " les avancées de la Chine dans le continent africain, entend bien être de la fête. Comme le président Obama le rappela aux chefs d'états africains qu'il a réuni à Washington le lundi 4 Aout de cette année, réunion au terme de laquelle il proposa une aide de 33 milliards de dollars esquivant, dans ses propos, toute relation à la mal gouvernance qui fut le cheval de bataille des Etats Unis pour justifier le tarissement de ses " aides ", ouvrant, pour l'occasion, la porte à la Banque Mondiale qui avancera 200 millions de dollars - toutes aides confondues représentant une goute d'eau dans l'océan des besoins du continent - pour contrer l'expansion du virus.

De quel virus parle-t-il ?

F. William Engdahl, consultant international en matière de risques stratégiques, expert en pétrole pour la revue en ligne " New Eastern Outlook "a construit un scénario sur la tentative US de reprendre pied en Afrique sur cette évaluation générale.Précisant qu'à l'horizon année 50, près de 91 pour cent de la production mondiale d'hydrocarbures proviendra du continent africain.

Scénario plausible ?

Peut-être bien. Dans l'intervalle, c'est la perte de la vie pour 2400 personnes sur les 4784 cas signalés, mais non certifiés par des analyses, selon le Washington Post qui nous préoccupent tandis que les sommets Franco-Africains, du Commonwealth, les dialogues Japon-Afrique et Chine ou Europe-Afrique, (il y a trop de monologues, abusivement appelés dialogues), se succèdent sans que l'horizon africain de s'éclaircisse avec ses Boko Haram au Nigéria et les pays riverains, Aqmi au Magreb, Djihadistes en Libye, rébellion au Mali, en centre Afrique et intervention française au Mali et au Tchad conjuguée avec la surveillance accrue du Niger et de son uranium etc.

Sans parler de la Somalie, oubliée de tous depuis des lustres.