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Agression contre Ghaza: Vers un nouvel échange de prisonniers ?

par Mohamed Mehdi

Au 74e jour du génocide contre les civils à Ghaza, le bilan était de 19.667 martyrs dans les bombardements de l'armée sioniste. Le nombre de blessés s'est élevé à 52.586, selon les derniers chiffres du ministère de la Santé, annoncés mardi à 13h (GMT).

Après avoir mis hors service près d'une trentaine d'établissements de santé à Ghaza, l'armée sioniste continue ses assauts contre les rares hôpitaux partiellement fonctionnels. Dans la soirée de lundi, et après avoir encerclé, bombardé, commis un massacre au bulldozer en enterrant vivants des blessés dans la cour de l'hôpital Kamel Adwan, l'armée d'occupation s'est attaquée à l'hôpital al-Awda, dans le nord de Ghaza, où elle détient 240 personnes, dont 80 membres du personnel médical, 40 patients et 120 personnes déplacées, selon le ministère de la Santé de la bande assiégée.

A Ghaza on s'étonne du «silence international sur les massacres de l'occupation» contre les civils mais surtout contre les blessés, les malades, les nourrissons dans les hôpitaux et contre le personnel de santé. Le porte-parole du ministère de la Santé à Ghaza a exprimé, hier, son étonnement «face au silence international concernant les massacres commis par les forces israéliennes dans le nord de Ghaza» et l'insistance de l'armée d'occupation à «cibler les populations civiles» et à procéder à une «destruction des hôpitaux et de leur mise hors service», ce qui signifie «l'incapacité de soigner les blessés».

La journée d'hier a été marquée par d'intenses bombardements de l'aviation et de l'artillerie sionistes de plusieurs villes au nord, au centre et au sud de Ghaza. Des dizaines de martyrs et autant de blessés ont été recensés après les bombardements de Jabaliya, Beit Hanoun, Haï Rimal, Khan Younes, Rafah et bien d'autres régions.

Beit Hanoun, au nord de Ghaza, a été soumise à d'intenses bombardements, selon un correspondant d'Al Jazeera, notant que l'armée d'occupation avait pourtant annoncé lundi qu'elle avait «achevé le contrôle» de cette localité.

Toujours selon Al Jazeera, des bombardements successifs du camp de Jabaliya, dans le nord de Ghaza, depuis la matinée de mardi ont fait, jusqu'à 12h (GMT), 16 martyrs et plus de 70 blessés, citant un décompte effectué au centre médical de cette localité.

Le journaliste d'Al Jazeera a précisé que le bombardement «visait le bâtiment de l'association Al-Salamah à Jabalia Al-Balad». Cela fait suite à plusieurs bombardements ayant visé depuis la matinée plusieurs quartiers résidentiels dans le camp de Jabaliya.

Un correspondant d'Al Jazeera a également affirmé que «deux tours résidentielles du quartier d'Al-Rimal, dans la ville de Ghaza, ont été soumises à des bombardements israéliens, faisant des martyrs et des blessés». Rappelant aussi que ce quartier «a été soumis à de violents bombardements israéliens».

A Rafah, au sud de Ghaza, annoncée comme «région sécurisée» par l'entité sioniste pour y commettre davantage de massacres, le bilan des bombardements contre plusieurs maisons s'est élevé à au moins 30 martyrs, dont un journaliste, et des dizaines de blessés.

Le nombre de journalistes martyrs à Ghaza s'élève ainsi à 97 depuis le début de l'agression israélienne, selon un décompte du bureau des médias du gouvernement à Ghaza annoncé mardi dans un communiqué. Il s'agit, selon la même source, du journaliste Adel Zaorob, correspondant de plusieurs chaines de télévisions d'information et de sites Web. Le défunt avait perdu plusieurs membres de sa famille dans un précédent bombardement à Rafah.

«Pas d'échange de détenus sans un cessez-le-feu»

Au moment où la résistance palestinienne répète depuis plusieurs semaines qu'aucun échange de prisonniers n'est envisageable sans un accord sur un cessez-le-feu total et sur d'autres conditions liées aux positions de l'armée d'occupation et à la reconstruction de Ghaza, les Etats-Unis commencent à exercer des «pressions» sur leurs protégés sionistes pour «conclure un accord d'échange».

Il faut rappeler que la «nouvelle» attitude des Etats-Unis, qui n'est pas exprimée solennellement, intervient après plus de deux mois de soutien sans réserve aux bombardements israéliens qui ont fait près de 20.000 martyrs dont 70% d'enfants et de femmes. Elle est aussi le résultat d'une fronde de plus en plus importante des Américains qui désapprouvent la gestion de la guerre à Ghaza par Biden.

Car, selon un sondage réalisé par The New York Times, «57 % des Américains désapprouvent la façon dont le président Joe Biden gère le conflit israélo-palestinien» et que les jeunes Américains «sont plus critiques à l'égard du comportement d'Israël et de la réponse de l'administration Biden à la guerre contre la bande de Ghaza».

Par ailleurs, selon le journal israélien Yedioth Ahronoth, cité par Al Jazeera, des responsables américains affirment que le président Joe Biden «estime que le moment est venu de conclure un accord d'échange». Le journal a également cité un «responsable israélien» faisant état de la possibilité de «libération de prisonniers palestiniens «importants»», «même ceux ayant été reconnus coupables de meurtres», ajoute Yedioth Ahronoth.

La même source indique qu'Israël est prêt à un «nouvel accord» avec le Mouvement de la Résistance Islamique (Hamas) après que l'armée israélienne a tué 3 détenus dans le quartier de Shujaiya, vendredi dernier. De son côté, le représentant du Hamas au Liban, Oussama Hamdan, a réitéré lors d'une conférence de presse organisée lundi «qu'aucun accord sur les prisonniers ne sera négocié tant que l'agression contre notre peuple ne cessera pas».

Hamdan a également rappelé que l'occupation, qui «poursuit ses massacres néonazis contre Ghaza depuis plus de 70 jours», faisant «plus de 19.000 martyrs», «n'a pas réussi à atteindre ses objectifs», à savoir anéantir la résistance qui continue à lancer ses missiles de plusieurs points de la bande assiégée et de faire enregistrer à l'ennemi un nombre important de pertes en soldats entre tués et blessés.

Le même responsable du Hamas a rappelé aussi que «l'administration américaine est un partenaire majeur dans l'effusion du sang du peuple palestinien».

Haaretz : «Plus de 2.800 soldats soignés dans le département de réadaptation»

Les combats au sol ont une tout autre configuration que celle des bombardements de l'aviation et de l'artillerie sionistes. Si les bombes et les missiles de l'armée israélienne font des dizaines de milliers de martyrs et de blessés, sur le terrain ses soldats subissent.

Le journal israélien Haaretz a rapporté hier que «plus de 2.800 soldats ont été soignés dans le département de réadaptation du ministère de la Défense depuis le début de la guerre contre Ghaza». Selon la même source, citée par Al Jazeera, «le chef du département de réadaptation du ministère israélien de la Défense a déclaré que 18% des soldats israéliens blessés souffrent de symptômes psychologiques». Mardi, l'armée sioniste a reconnu la mort d'un officier et d'un soldat de l'unité des opérations spéciales «Yahlom» du corps du génie, spécialisée dans la «guerre des tunnels», lors de combats dans le nord de la bande de Ghaza. Hier aussi, l'armée d'occupation a confirmé que 29 de ses soldats «ont été blessés au cours des dernières 24 heures dans des affrontement avec des combattants de la résistance palestinienne dans diverses zones de Ghaza». Des médias israéliens ont également annoncé hier que «4 membres des forces d'élite figuraient parmi les 9 soldats tués au cours des dernières 24 heures».

Ces annonces interviennent après que l'armée d'occupation ait annoncé lundi la mort de 7 de ses soldats, portant à 137 le nombre de ses morts depuis le début de l'opération terrestre et 463 morts, entre soldats et officiers, depuis le 7 octobre.