Le
Parlement européen (PE) craint l'ingérence étrangère. Avec des résolutions qui
sont assez souvent dénoncées par d'autres pays, hors de l'Union européenne, à
cause des ingérences dans leurs affaires intérieures, le Parlement européen
affiche clairement, de son côté, ses appréhensions à propos de l'ingérence
étrangère dans l'ensemble des processus démocratiques de l'Union européenne, y
compris la désinformation, et ce, à la veille des élections européennes de
2024. Dans une résolution adoptée le 1er juin, le Parlement européen a
préconisé l'ajustement d'une stratégie coordonnée de lutte contre l'ingérence
étrangère, indiquant notamment qu'une telle stratégie existe déjà de fait sous
la forme de différentes formes de coordination interinstitutionnelle. Un train de mesures de défense de la démocratie serait présenté par
la Commission et devrait être adopté au cours du deuxième trimestre 2023,
relève le même texte, soulignant que ce train de mesures devrait comprendre une
proposition législative visant à protéger les démocraties contre les entités de
pays tiers exerçant dans l'Union des activités susceptibles d'influencer
l'opinion publique et la sphère démocratique, un examen des actions menées au
titre du plan d'action pour la démocratie européenne et des mesures visant à
assurer la tenue d'élections sécurisées et fiables, notamment des mesures de cybersécurité dans les processus électoraux. Ce
texte sur l'ingérence étrangère dans le processus démocratique de l'Union
européenne accorde une grande importance aux médias, dont l'intégrité peut être
compromise, souligne la résolution du PE, accusant ouvertement dans ce cadre la
Chine, qui a investi près de 3 milliards d'euros dans des entreprises de médias
européennes au cours des 10 dernières années, révèle la même source, ainsi que
la Russie et la Turquie. Alors que le Maroc et d'autres pays sont soupçonnés
d'ingérence dans l'Union en amplifiant leurs mesures répressives aux
territoires de l'Union afin de réduire au silence les journalistes qui
souhaitent signaler et dénoncer des agissements criminels, à l'exemple,
cite-t-on, la stratégie de harcèlement judiciaire appliquée par le Royaume du
Maroc à l'encontre du journaliste espagnol Ignacio Cembrero.
Considérant que seuls certains États membres de l'Union ont mis en place des
mécanismes de filtrage des investissements étrangers dans les médias, le PE
estime qu'il est dans l'intérêt du public de connaître les structures de
propriété effectives des médias. Pourtant, ce même procédé appliqué par des
pays hors de l'Union européenne est dénoncé comme une restriction à la liberté
de la presse ! En tout cas, cette résolution du PE devrait inspirer tous les
Parlements à travers la planète. Le PE cherche également à travers ce texte à
criminaliser l'ingérence étrangère, qui ne fait actuellement l'objet d'aucune
interdiction générale dans l'Union, souligne-t-on, afin de cibler et
stigmatiser ce comportement malveillant. Bien évidemment, le PE n'a pas omis de
rappeler le scandale de la corruption qui a donné lieu à l'ouverture d'une
enquête, et qui a débouché sur plusieurs arrestations et perquisitions qui ont
eu lieu depuis le 9 décembre 2022. Prônant dans ce sens la prise de mesures
efficaces afin de combler les lacunes qui favorisent l'ingérence étrangère.