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Les limites de l'Otan

par Abdelkrim Zerzouri

La question de l'adhésion de l'Ukraine à l'Otan revient au devant de la scène à l'occasion de la réunion à Oslo, jeudi 1er juin, des ministres des Affaires étrangères des pays membres de l'organisation. C'est le président ukrainien Zelensky qui met la pression pour que son pays intègre l'Otan. Demandant dans ce contexte que lors du prochain sommet de l'Alliance atlantique mi-juillet à Vilnius (la réunion du jeudi 1er jeudi prépare ce rendez-vous), «il faudra des invitations claires à l'adhésion à l'Otan et des garanties de sécurité tout au long du processus d'adhésion». Mais, incontestablement, il sait que cette adhésion n'est pas du tout assurée. Car, lui-même parle de doute, qui sera comme une tranchée que la Russie essaiera d'occuper, a-t-il relevé.

«Tous les pays européens qui ont une frontière avec la Russie et qui ne veulent pas que la Russie leur arrache une partie de leur territoire doivent être membres à part entière de l'Otan et de l'UE», a-t-il réclamé lors d'une réunion de la Communauté politique européenne à Bulboaca, en Moldavie, tenue en parallèle à celle de l'Otan. De son côté, le secrétaire général de l'organisation, Jens Stoltenberg, a annoncé à partir d'Oslo que les Alliés allaient préparer le sommet de Vilnius et que leurs échanges porteraient notamment sur «l'accroissement de l'aide à l'Ukraine et les moyens d'inscrire cette aide dans la durée ». Quant à son adhésion à l'organisation, M. Stoltenberg a souligné que tous les Alliés s'accordaient sur le fait que l'Ukraine deviendrait membre de l'Alliance. Laissant ouvert le moment de son adhésion à l'Otan. Est-ce une manière de dire que le moment n'est pas encore venu pour activer cette option ?

Considérant que le plus urgent et le plus important, dans l'immédiat, est que l'Ukraine, Etat souverain et indépendant, gagne la guerre, le SG de l'Otan a préconisé que la mise en place des cadres «pour fournir à l'Ukraine des garanties de sécurité après la fin de la guerre». Et, c'est déjà la limite de ce que peut faire l'Otan pour un pays qui n'est pas membre de l'Alliance. Dans ce sillage, si le président français Emmanuel Macron est d'accord pour que des «garanties de sécurité tangibles et crédibles» soient accordées à l'Ukraine, les Etats-Unis refusent que l'Otan accorde de telles garanties de sécurité à ce pays. Au fond, il faut se poser la question si on veut réellement que ce pays intègre l'Alliance ? Pour un pays en guerre, il est impossible d'envisager son adhésion à l'Otan, car cela impliquerait une entrée en guerre de l'Otan contre la Russie, chose qu'on veut éviter à tout prix, notamment à cause de la force de dissuasion nucléaire. D'un autre côté, on doit se demander pourquoi la demande d'adhésion de l'Ukraine à l'Otan traîne-t-elle depuis juin 2017, date à laquelle le Parlement ukrainien a adopté une loi en vertu de laquelle l'adhésion à l'OTAN est redevenue un objectif stratégique de la politique étrangère et de sécurité du pays ?