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Tlemcen- Entrepreneuriat : comment éviter l'effet de mode ?

par Khaled Boumediene

Animant une conférence lors d'une journée d'étude consacrée à «l'entrepreneuriat et sa contribution dans la sécurité alimentaire» à l'école supérieure du management de Tlemcen, Abdelatif Kerzabi a précisé que «l'intervention de l'université dans ce domaine qui ne se faisait pas malheureusement avant aura aujourd'hui beaucoup de répercussions et de biens sur les conditions de réussite de l'entrepreneur et par ricochet sur la croissance économique. L'université ne doit plus se suffire de transmettre des connaissances, mais de faire apprendre aux étudiants comment par un effort personnel, ils peuvent développer leur esprit d'initiative et entrepreneurial. Cela consiste aussi à rendre les jeunes capables de gérer leur intelligence pour qu'ils ne soient pas de simples demandeurs d'emploi mais des créateurs d'emplois et de véritables agents de développement».

Par ailleurs, Abdelatif Kerzabi pense que «les relations sociales sont archaïques dans la société algérienne et il est difficile de définir l'entrepreneur par rapport à ce qui se passe dans ce qui est la modernité et donc, l'innovation, le risque, etc. En Algérie, l'entrepreneur ne peut pas réussir s'il ne fait pas appel à son réseau social, à savoir, sa famille, ses amis et ses voisins, pour l'aider justement à tisser des relations avec ceux qui détiennent les ressources. Car dans chaque phase, l'entrepreneur cherche de nouvelles ressources afin de concrétiser son projet et le faire évoluer et cela par l'accumulation des nouveaux liens sociaux. Donc, les contacts multiples jouent un grand rôle dans la facilitation des affaires de l'entrepreneur». L'orateur a ajouté que «la problématique de l'entrepreneur en Algérie, c'est comme si c'était une mode, comme ce fût le cas avant pour la restructuration, l'autonomie des entreprises, la petite et moyenne entreprise et à chaque fois qu'on parle de ces concepts, certains se prenaient pour de vrais sauveurs en utilisant la petite et moyenne entreprise et invoquant le transfert technologique. Mais, ces concepts vont justement donner un mauvais coup à la croissance économique. Il faut donc éviter cet effet de mode et de bien réfléchir à ce que c'est l'entrepreneur». Dans ce cadre, M. Kerzabi considère que «le concept de l'entrepreneur est venu parce que le néolibéralisme est arrivé à un stade où il est en crise». «Comment donc sortir de cette crise où le néolibéralisme cherche à interpeller l'entrepreneur comme issue du manque de la croissance économique dans les pays du Nord. Pourquoi il y a ce manque de croissance économique dans les pays du Nord, parce que tout simplement il y a un ensemble de facteurs et le retour des actionnaires qui a fait que l'ensemble des entreprises se sont délestées d'une grande partie de leur personnel et beaucoup d'entreprises se sont délocalisées et beaucoup d'entreprises ont fermé. Devant cette situation, on ne peut donc que constater l'accroissement important du chômage. Étant donné qu'il n'y a plus d'entreprises, il y a beaucoup de chômage, et n'ayant plus de moyens, l'Etat va faire appel à ce concept d'auto entrepreneuriat. On va demander aux gens qui sont au chômage de se prendre en charge en créant leur propre entreprise», explique le même intervenant.

Cette rencontre à laquelle ont participé de nombreuses universités algériennes et de l'étranger a été organisée, selon, le responsable de la pédagogie, Mohamed Benbouziane, par l'école supérieure du management et ce, en partenariat avec le laboratoire de recherche en management des hommes et des organisations «LARMHO», qui vise des travaux dans le domaine du management, de la GRH, la gouvernance, l'entrepreneuriat, l'audit et la qualité.