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Maroc-Israël: Les manœuvres et le chantage de Rabat

par Ghania Oukazi

Le Maroc veut faire jouer à fond les accords d'Abraham et demande à l'entité sioniste de reconnaître sa «souveraineté» sur le Sahara Occidental en contrepartie de son ouverture d'une ambassade à Tel-Aviv.

La demande d'un tel «marché» est rapportée par un site d'information américain qui a été repris par de nombreux d'autres étrangers. La «reconnaissance» par l'administration américaine sous Donald Trump, de «la souveraineté» marocaine sur le Sahara Occidental donne à Rabat une confiance aveugle pour faire accepter cette situation de fait accompli par d'autres pays au grand dam des lois internationales, des Nations unies et des résolutions de son Conseil de sécurité qui, pourtant, tous qualifient ces territoires de «dernière colonisation en Afrique».

C'est certainement dans l'esprit de cette tutelle américaine assurée par Trump et non démentie ou annulée à ce jour, par Joe Biden, que ces médias s'avancent à partir de leur reprise du site d'information américain, à écrire à propos d'Israël que «le nouveau gouvernement n'aura aucun problème à reconnaître le Sahara Occidental comme faisant partie du Maroc». Plus loin, ils notent qu'une telle reconnaissance par l'entité sioniste sera «accompagnée» par «les espoirs de Benyamin Netanyahu de visiter le royaume dans les mois à venir». L'opinion internationale s'attend, cependant, à ce que cette «reconnaissance» ne sera pas accordée par Tel-Aviv aussi facilement ou sans autres contreparties. En effet, depuis que le Maroc a officialisé en 2020, ses relations avec l'entité sioniste, et ce, en paraphant les fameux accords d'Abraham, Tel-Aviv n'a pas arrêté de le pousser à lui accorder des avantages -qu'il a obtenus- dont l'importance et le caractère géostratégique risquent d'emporter jusqu'à son règne et en même temps de plonger la région dans une situation de conflits inextricables. es médias américains et étrangers rapportent que «quatre responsables israéliens directement impliqués dans le dossier ont indiqué que Rabat avait soulevé cette question à plusieurs reprises lors de réunions avec des responsables israéliens au cours des derniers mois». Et ils affirment en même temps, en reprenant des propos de ministres, que «jusqu'à présent, le gouvernement israélien a décidé de ne pas s'engager sur cette question». Ils appuient donc leurs affirmations sur des déclarations officielles, par exemple, celle «du ministère israélien des Affaires étrangères», qui, selon eux, «pense que les Marocains utilisent la question de la reconnaissance comme prétexte pour ne pas ouvrir une ambassade à Tel-Aviv en raison des critiques suscitées par la normalisation des relations dans leur pays». Autre rappel des ces médias, «lors d'une visite au Maroc en juin dernier, Ayelet Shaked, l'ex-ministre israélienne de l'Intérieur, avait déclaré aux médias locaux qu'Israël reconnaissait la souveraineté marocaine sur le Sahara Occidental.

Mais le ministère israélien des Affaires étrangères avait rapidement atténué la portée des propos de Shaked, indiquant que le plan d'autonomie du Maroc pour le Sahara était un développement positif». Ils ont, en outre, souligné que «quelques semaines plus tard, le ministre de la Justice de l'époque, Guideon Saar, en visite au Maroc, avait lui aussi publiquement affirmé que le Sahara faisait partie du Maroc, avant que le ministère des Affaires étrangères n'intervienne à nouveau, prenant ses distances avec cette déclaration et réitérant une position plus nuancée».